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Rigoletto Circus

Geneva
Grand Théâtre
09/03/2014 -  et 6, 8*, 9, 10, 12, 14, 16 septembre 2014
Giuseppe Verdi : Rigoletto
Arnold Rutkowski*/Georgy Vasiliev (Le Duc de Mantoue), Franco Vassallo*/Andrzej Dobber (Rigoletto), Lisette Oropesa*/Sophie Gordeladze (Gilda), Sami Luttinen (Sparafucile), Ahlima Mhamdi (Maddalena), Varduhi Khachatryan (Giovanna), Maxim Kuzmin-Karavaev (Le Comte de Monterone), Michel de Souza (Marullo), Fabrice Farina (Matteo Borsa), Daniel Mauerhofer (Le Comte de Ceprano), Marina Lodygenski (La Comtesse de Ceprano, Un page), Wolfgang Barta (Un huissier)
Chœur du Grand Théâtre, Alan Woodbridge (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Alexander Joel (direction musicale)
Robert Carsen (mise en scène et lumières), Olivier Fredj (reprise de la mise en scène), Radu Boruzescu (décors), Miruna Boruzescu (costumes), Peter Van Praet (lumières), Philippe Giraudeau (chorégraphie), Ian Burton (dramaturgie)


(© GTG/Carole Parodi)


La production de Rigoletto qui ouvre la saison 2014-2015 du Grand Théâtre de Genève arrive tout droit d’Aix-en-Provence, où elle a été présentée pour la première fois l’été dernier, sous la baguette enflammée de Gianandrea Noseda. L’absence du chef italien pour cette reprise genevoise se fait d’autant plus cruellement sentir que ce dernier vient de donner un magnifique concert au Victoria Hall avec l’Orchestre de la Suisse romande, une soirée qui a fait très forte impression. Face à ce « maestro » d’exception, qui sait exactement ce qu’il veut, les musiciens ont semblé comme transfigurés, en état de grâce. Or, ces mêmes musiciens dans la fosse du Grand Théâtre, sous la direction cette fois d’Alexander Joel, ont paru excessivement circonspects et ont donné une lecture du chef-d’œuvre de Verdi manquant d’envergure et de relief dramatique.


De relief dramatique, cette production de Rigoletto signée Robert Carsen, elle, n’en manque pas, fort heureusement. Comme déjà relaté dans ces colonnes lors des représentations bruxelloises (le spectacle est une coproduction entre Aix, Strasbourg, Bruxelles, Moscou et Genève), le metteur en scène canadien a transposé l’action sous le chapiteau d’un cirque, le bouffon difforme Rigoletto devenant pour l’occasion un clown. Dans une atmosphère sinistre et délétère, Robert Carsen excelle à montrer les vices d’une société décadente et la cruauté des relations humaines, une cruauté d’autant plus exacerbée qu’elle s’exerce dans un univers de paillettes et de projecteurs. La métaphore du cirque induit ironie et distanciation. Le spectacle contient de nombreuses images fortes et ne souffre d’aucun temps mort, une troupe d’acrobates évoluant en permanence dans l'arène.


La distribution vocale est dominée par la splendide Gilda de Lisette Oropesa. Sa silhouette fragile et juvénile rend encore plus intense son chant clair et léger, à la technique parfaite, superbement maîtrisé sur toute la tessiture, avec des vocalises qui font fi de toutes les difficultés. Son « Caro nome » est très certainement le moment le plus émouvant du spectacle, un air qu’elle interprète assise sur un trapèze à plusieurs mètres du sol, sous un chapiteau étoilé. Frissons garantis. Le Rigoletto de Franco Vassallo est solide, à défaut d’être particulièrement inspiré et nuancé. Excellent dans la première partie du spectacle, le baryton italien donne des signes de fatigue en seconde partie : si les imprécations du « Cortigiani, vil razza dannata » sont lancées avec aplomb, l’artiste demeure par trop unidimensionnel dans la suite de son air et aucune tristesse n’apparaît dans sa voix à partir de « Io piango ». De même, il ne montre aucune émotion dans la scène finale qu’il partage avec sa fille agonisante, uniquement soucieux de chanter fort, au détriment de la justesse de l’intonation. Le jeune ténor Arnold Rutkowski a le physique de l’emploi en Duc de Mantoue joueur et séducteur. Le timbre est plaisant, mais la voix est petite et serrée, et les aigus paraissent forcés. Parmi les rôles secondaires, il faut citer notamment le Monterone noble et racé de Maxim Kuzmin-Karavaev, le Sparafucile lugubre de Sami Luttinen et la sulfureuse Maddalena d’Ahlima Mhamdi. Globalement, ce Rigoletto d’ouverture, malgré une fosse assoupie, tient ses promesses et augure bien de la suite de la saison lyrique genevoise.



Claudio Poloni

 

 

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