About us / Contact

The Classical Music Network

Dordogne

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Regards croisés entre baroque et contemporain

Dordogne
Chancelade (Abbaye)
08/27/2014 -  
Johann Bach : Unser Leben ist ein Schatten
Heinrich Schütz : Davids Psalmen: «Ach Herr straf mich nicht», SWV 24, «Aus tiefer Not», SWV 25, & «Lobet den Herren», SWV 38 – Ich beschwöre euch, ihr Töchter aus Jerusalem, SWV 339 – Deutsches Magnificat, SWV 494
Johann Christoph Bach : Herr nin lässest du
Johann Hermann Schein : Opera Nova: Psaume CXXX («Aus tiefer Not»)
Philippe Hersant : Le Chemin de Jérusalem – Psaume CXXX («Aus tiefer Not»)

Ronald Martin Alonso (viole de gambe), Emmanuel Mandrin (orgue)
Ensemble Sagittarius, Michel Laplénie (direction musicale)




Fondé par Michel Théodorides au début des années 1990, Sinfonia en Périgord s’est affirmé au fil des ans comme un des événements majeurs de la vie musicale aquitaine – et au-delà. Après que le relais a été passé à son fils David, le festival s’est recentré sur le baroque, sans s’y enfermer cependant, ainsi qu’en témoigne avec éclat le concert donné en l’abbaye de Chancelade par l’ensemble Sagittarius, fidèle partenaire de Sinfonia depuis ses débuts. Ce n’est d’ailleurs que depuis quelques mois que deux nouveaux ensembles viennent de rejoindre le cercle très fermé – à la différence d’autres contrées plus généreuses qui mélangent parfois le bon grain et l’ivraie – de ceux qui sont soutenus par la région Aquitaine, celui de Michel Laplénie étant l’un des deux heureux élus.


Douée d’une acoustique équilibrée, favorable aux consorts vocaux, l’abbatiale de Chancelade accueille ainsi en ce mercredi 27 août un programme construit autour du Psaume CXXX, dont une version a été commandée à Philippe Hersant, ici présent ce soir. Le motet Unser Leben ist ein Schatten de Johann Bach, cousin de Johann Sebastian, offre d’emblée un exemple de l’homogénéité et du sens des couleurs dont fait preuve Sagittarius, et que l’on retrouve dans les trois Psaumes de David de Schütz. Le premier, «Ach Herr straf mich nicht», déploie une spiritualité approfondie dans le «Aus tiefer Not» – premier avatar du Psaume CXXX – avant de laisser le «Lobet den Herren» exalter son lumineux contrepoint. Le dialogue Ich beschwöre euch ne s’abandonne pas à l’austérité et révèle un bel équilibre entre poésie et narrativité. Quant au cantique de Siméon, Herr nun lässest du, harmonisé par Johann Christoph Bach, il fait vibrer une émouvante résignation.



Sagittarius (© Gaëlle Hamalian-Testud)


La seconde partie de soirée s’ouvre par un saut chronologique, avec une remarquable pièce pour viole seule de Philippe Hersant, Le Chemin de Jérusalem. Si l’on a pu apprécier jusqu’alors son travail de continuo, le gambiste Ronald Martin Alonso dévoile ici une admirable sensibilité et met en valeur l’écriture aussi habile qu’inspirée de l’ouvrage. Celui-ci synthétise les différentes manières de l’ère baroque d’une manière originale et contemporaine qui ne sonne jamais pastiche: un véritable pont entre les âges, celui de l’Esprit. Après la version de Schein du Psaume CXXX, d’une belle économie, c’est celle d’Hersant que livrent magnifiquement Michel Laplénie et son ensemble. Le compositeur français développe significativement le propos, en octroyant à la viole de larges parties solistes, d’une intense intériorité, tandis que l’orgue, brillamment tenu par Emmanuel Mandrin, déploie un fascinant canevas de motifs. Nul besoin de s’inféoder à quelques querelles partisanes et obsolètes sommant de choisir entre l’avant-garde et la tradition: en renouvelant les formes héritées du passé, à l’instar d’un Bach, Hersant se mesure à l’aune de l’intemporalité, sinon de l’éternité de l’art musical. Le public de Chancelade l’a bien compris et réserve à son auteur un accueil digne des œuvres qui s’inscrivent d’emblée au répertoire. A l’issue d’un tel recueillement, le jubilant Deutsches Magnificat de Schütz serait presque de trop.


Mentionnons enfin le voyage au fil de la Renaissance, à l’enseigne d’Autant en emporte le vent, chanson très en vogue alors qui connut moult moutures, que les très doctes membres du Concert des Planètes, à l’enthousiasme un peu séminariste, proposent l’après-midi au Théâtre le Palace à Périgueux. La voix est à l’honneur à Sinfonia, et elle ne connaît pas les frontières du temps.


Le site du festival Sinfonia en Périgord
Le site de l’ensemble Sagittarius



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com