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Sous le signe de la jeunesse

Aix-en-Provence
Grand Théâtre
08/20/2014 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Maurerische Trauermusik, KV477
Richard Strauss : Also sprach Zarathustra, opus 30
Thierry Escaich : Claude: Suite
Camille Saint-Saëns : Symphonie n° 3 en ut mineur, opus 78

Thierry Escaich (orgue)
Orchestre français des jeunes, Dennis Russell Davies (direction musicale)


D. Russell Davies (© Benno Hunziker)


Rendez-vous incontournable de l’été à côté des grandes messes festivalières, auxquelles elle ne s’avère d’ailleurs pas étrangère puisque d’aucunes accueille sa tournée, la résidence de l’Orchestre français des jeunes au Grand Théâtre de Provence constitue une expérience unique pour des étudiants en cycle supérieur de Conservatoire – et une opportunité qui ne l’est pas moindre de voir ces jeunes musiciens apprendre le métier de pupitre d’orchestre, pour lequel la nouvelle génération manifeste une authentique appétence.


Sous la baguette de son directeur musical, Dennis Russell Davies, la promotion 2014 de la phalange en herbe offre en primeur au public aixois le résultat de deux semaines de stage intensif. Filant avec efficacité, à défaut d’authenticité, l’ouverture du concert avec une Marche funèbre maçonnique de Mozart amplifiée aux standards straussiens et anastomosée aux premiers accords d’Ainsi parlait Zarathoustra, le programme fait retentir d’emblée l’appréciable cohérence de l’imposante masse sonore. Le poème symphonique offre d’ailleurs une remarquable tribune à l’éclat et à la maîtrise des cuivres comme des percussions.


Créé avec succès au printemps 2013 à l’Opéra de Lyon, le premier opus lyrique de Thierry Escaich, Claude, sur un livret de Robert Badinter inspiré par Victor Hugo, recélait matière à condensation orchestrale, et à l’instar des précédents baroques, le compositeur en a tiré une Suite – détour peut-être pour rendre hommage à un Rameau ployant sous les commémorations. Au pupitre de l’orgue – comme dans les quelques écrasants tutti dans la pièce de Strauss – le musicien français fait valoir une écriture qui n’a pas honte de sa pratique de l’improvisation au clavier. L’inspiration mélodique et rythmique s’épanouit avec une liberté indifférente aux querelles de chapelles moribondes. Si l’on retrouve les jalons et les motifs du drame matriciel, la partition ne s’y réfère pas servilement et génère sa propre logique, éminemment symphonique, ainsi qu’en témoigne la péroraison finale, qui transsubstantie les contraintes de la scène. Accessible, riche de couleurs et d’atmosphères, la création reçoit un accueil chaleureux et mérité.


En seconde partie de soirée, Saint-Saëns fait résonner sa populaire Troisième Symphonie, où l’on retrouve Thierry Escaich parmi les musiciens de l’Orchestre français des jeunes. Le chef américain y démontre un remarquable soin du style. Amené par une introduction lente bien mise en place, l’Allegro initial s’affirme dans toute sa vigueur, avant de laisser l’orgue épancher ses lumineuses harmonies dans le mouvement lent. Le scherzo et le finale prennent le relais, puissants sans céder à l’écrasement. Pour n’être pas un monument de subtilité, l’ouvrage de Saint-Saëns s’abstient ici du mauvais goût et fait son effet auprès du public. Le cru 2014 de l’Orchestre français des jeunes pourra figurer au rang des bonnes années, qui à défaut de se conserver comme le vin, augure favorablement de la relève.


Le site de Thierry Escaich
Le site de l’Orchestre français des jeunes



Gilles Charlassier

 

 

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