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Feu d’artifice vocal

Salzburg
Grosses Festspielhaus
08/22/2014 -  et 26* août 2014
Gaetano Donizetti : La Favorite
Elina Garanca (Léonor de Guzman), Juan Diego Flórez (Fernand), Ludovic Tézier (Alphonse XI), Carlo Colombara (Balthazar), Eva Liebau (Inès), David Portillo (Don Gaspar), Amitai Pati (Un Courtisan)
Philharmonia Chor Wien, Walter Zeh (préparation), Münchner Rundfunkorchester, Roberto Abbado (direction musicale)


(© Salzburger Festspiele / Marco Borrelli/Lelli)


Le dernier opéra à l’affiche de l’édition 2014 du festival de Salzbourg a été la très rare Favorite de Gaetano Donizetti, sous forme concertante. Créé en 1840 à l’Académie royale de musique de Paris, l’ouvrage se compose de passages de trois œuvres précédentes restées sans succès, L’Ange de Nisida, Adelaïde et Le Duc d’Albe. Aujourd’hui encore, l’opéra est bien plus souvent représenté en italien, dans une version composée trois ans plus tard (La Favorita). Il faut donc savoir gré à la direction de la manifestation autrichienne d’avoir proposé l’original français dans son intégralité, soit avec la musique de ballet. L’ouvrage peut se résumer à un chassé-croisé amoureux entre Alphonse XI, roi de Castille, Léonor, sa maîtresse, et l’amant de cette dernière, Fernand, jeune capitaine réputé pour son courage et sa bravoure.


Les deux représentations salzbourgeoises se sont soldées par un triomphe. Il faut dire que le personnage de Fernand, qui porte l’opéra sur ses épaules, bien plus que le rôle-titre de Léonor, favorite du roi, était incarné par Juan Diego Flórez. Le ténor péruvien a campé un amoureux idéal, grâce à son art du phrasé et à ses aigus éclatants, lancés avec insolence et avec une facilité déconcertante. On a aussi admiré chez lui la très bonne diction française, le sens des couleurs et des nuances culminant dans un « Ange si pur » qui a fait chavirer le public. Dans le rôle de la favorite du roi, Elina Garanca a dû attendre la deuxième partie de la soirée pour donner toute la mesure de son talent, dans l’air « Oh mon Fernand », l’un des premiers solos écrits pour une voix de mezzo-soprano. La chanteuse possède une voix ample, un grave particulièrement chaud et corsé ainsi qu’un timbre rond et sonore qui annoncent des rôles plus dramatiques, mais qui n’en demeurent pas moins d’une extraordinaire souplesse et d’une grande agilité dans les passages virtuoses. Le rôle a été chanté avec une telle facilité apparente qu’on aurait pu tout au plus regretter un manque d’investissement et d’engagement dans le personnage. Ludovic Tézier a prêté sa voix à un Alphonse ardent et viril, mais aussi profondément humain, particulièrement émouvant dans la tristesse, lorsqu’il se rend compte qu’il doit abandonner sa maîtresse, avec un chant noble et racé ainsi qu’un « legato » exemplaire. Carlo Colombara a campé un Balthazar au timbre sonore et sépulcral. A la tête du Münchner Rundfunkorchester, Roberto Abbado s’est montré très attentif aux chanteurs. Sa direction équilibrée, à la fois solide et fougueuse, à défaut d’être particulièrement nuancée, a néanmoins rendu justice à la partition de Donizetti, lui conférant dignité et ampleur. Le festival de Salzbourg s’est donc terminé sur un feu d’artifice vocal.



Claudio Poloni

 

 

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