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De Saint-Saëns à Ravel

Chaise-Dieu
Abbatiale Saint-Robert
08/23/2014 -  
Camille Saint-Saëns : Danse macabre, opus 40 – Concerto pour piano n° 2, opus 22
Manuel de Falla : El sombrero de tres picos: Suites n° 1 et n° 2
Maurice Ravel : Boléro

Benjamin Grosvenor (piano)
Brussels Philharmonic, Pedro Halffter (direction)


(© Guilhem Vicard)


Le «Brussels Philharmonic», nom qu’a pris en 2008 l’Orchestre de la Radio flamande, se produit à La Chaise-Dieu non pas avec Michel Tabachnik, son muziekdirecteur depuis 2008, mais avec Pedro Halffter (né en 1971), chef et compositeur comme son père Cristóbal et ses grands-oncles Rodolfo et Ernesto, director artistico y titular depuis dix ans de l’Orchestre symphonique royal et du théâtre de la Maestranza de Séville ainsi que de l’Orchestre philharmonique de la Grande Canarie. Conduisant de Saint-Saëns à Ravel et de France en Espagne, la soirée est bizarrement intitulée «De Rameau à Saint-Saëns», même si la note de programme prend bien soin de rappeler le rôle tenu par Saint-Saëns dans la réhabilitation du compositeur des Indes galantes, notamment à l’occasion de la célébration – avec un an de retard (1865) – du bicentenaire de sa mort.


Cela étant, la brève et traditionnelle «ouverture» au grand orgue est opportunément choisie, car Pierre Queval interprète une courte page d’Alexandre Pierre François Boëly (1785-1858), l’un des maîtres de Saint-Saëns (qui reçut en dédicace sa Toccata et tint l’orgue durant ses obsèques): un sage Andante con moto, qui plus est dans la même tonalité de sol mineur que les deux œuvres données en première partie.


Devenue rare au concert après avoir été, des décennies durant, un tube des associations symphoniques parisiennes, la Danse macabre (1874) de Saint-Saëns est tout indiquée en l’abbatiale Saint-Robert, notamment renommée pour une fresque (XVe) du même nom et fait en outre résonner de nouveau, dans une version ironique, le «Dies iræ» entendu la veille dans la Symphonie fantastique de Berlioz. Le violon solo d’Otto Derolez est généreux à souhait, la mise en place tout à fait satisfaisante, mais la direction du chef espagnol manque un peu de mordant et de folie pour que le poème symphonique prenne toute sa dimension.


Nouvelle coqueluche du piano britannique, Benjamin Grosvenor (né en 1992) mène déjà une brillante carrière – le mois prochain, il jouera à San Francisco avec Tilson Thomas le Concerto en sol de Ravel puis à Montréal avec Nagano ce même Deuxième Concerto (1868) de Saint-Saëns. De fait, sa prestation ne manque pas d’atouts, notamment virtuoses: la pyrotechnie de l’Allegro scherzando et la coda du Presto final ne peuvent qu’impressionner, de même que les deux bis – la volupté des contrechants dans la transcription (1927) du «Cygne» du Carnaval des animaux (1886), originellement pour violoncelle et piano, par Leopold Godowsky (dont Saint-Saëns fut le mentor et l’ami), et le crépitement ébouriffant du «Capriccio», dernière des six Etudes de concert (1916) d’Ernö Dohnányi. Mais l’interprétation n’en laisse pas moins sceptique, l’extraversion lisztienne, réductrice quoique tout à fait défendable dans cette musique, butant sur des imprécisions, notamment dans un Andante sostenuto qui a vraiment du mal à démarrer, y compris dans la relation entre le soliste et l’orchestre, tandis que la dureté du toucher et la brutalité des attaques n’évoquent même plus Liszt, mais Prokofiev ou Bartók: même si le jeune pianiste semble se détendre au fil des mouvements, il reste encore trop de précipitation et de raideur, là où l’on attendait davantage de respiration et de poésie.


Il rejoint les rangs du public pour la seconde partie, qui débute par les deux Suites que Falla a tirées de son ballet Le Tricorne (1919): l’engagement du chef et la motivation des musiciens laissent regretter ce petit supplément de liant et de souplesse qui fait toute la différence – en bis, la reprise de la «Danse du meunier» (farruca) extraite de la Seconde Suite paraîtra d’ailleurs se dérouler de façon beaucoup plus naturelle. Mais l’exécution instrumentale demeure de haut niveau, ce que confirme Boléro (1928) de Ravel: quasiment pas de faille dans cette redoutable revue de détail de l’ensemble des pupitres, mais une approche plus indolente que solaire, tenant également à l’impression d’un ralentissement progressif et, au fur et à mesure du crescendo, une tendance au capharnaüm sonore, l’acoustique devenant problématique pour les équilibres au sein d’une telle masse orchestrale.


Le site de Pedro Halffter
Le site de Benjamin Grosvenor
Le site du Philharmonique de Bruxelles



Simon Corley

 

 

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