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Lucerne à un tournant

Lucerne
Centre de la Culture et des Congrès
08/22/2014 -  et 24 août 2014
Frédéric Chopin : Concerto pour piano et orchestre n° 1 en mi mineur, opus 11
Johannes Brahms : Symphonie n° 3 en fa majeur, opus 90

Maurizio Pollini (piano)
Lucerne Festival Orchestra, Andris Nelsons (direction)


L’Orchestre du festival de Lucerne
(© Priska Ketterer/Lucerne Festival)




En janvier, la mort de Claudio Abbado a plongé le monde musical dans la tristesse. A Lucerne, c’est toute une page du festival qui s’est achevée avec le décès du maestro. En été 2003 en effet, le chef italien avait redonné vie à l’orchestre maison - fondé par Toscanini en 1938 - en faisant venir dans la petite cité helvétique des amis musiciens avec lesquels il aimait jouer. Onze étés durant, il a offert à Lucerne des soirées mémorables avec cette phalange unique, des soirées placées sous le signe d’une atmosphère de franche camaraderie au plus haut niveau artistique, dont la plupart, fort heureusement, ont fait l’objet d’une captation. Qu’allait devenir cet orchestre sans son fondateur et son âme, un orchestre qui s’est toujours produit sous sa direction ? Une première réponse a été donnée en avril, lors du Festival de Pâques, durant lequel Andris Nelsons a été invité à diriger le Lucerne Festival Orchestra pour un concert émouvant en hommage au maestro disparu. Puis, cet été, Nelsons vient de reprendre les deux programmes initialement conçus par Abbado, avec à chaque fois une ovation du public à la clé. Le chef letton a remplacé avec brio le maestro, sans pour autant effacer son souvenir. Le Lucerne Festival Orchestra a entamé une nouvelle page de son existence. La direction de la manifestation a d’ores et déjà fait savoir que le successeur d’Abbado en tant que directeur artistique de l’ensemble allait être nommé cette année encore. Après les succès engrangés, Andris Nelsons est bien placé pour reprendre la relève, ce qui serait une excellente nouvelle à la fois pour le Festival de Lucerne et pour son orchestre. Mais rien n’est encore joué, car on murmure que le chef letton, une des baguettes les plus courtisées du moment, a aussi toutes ses chances pour prendre la direction du Philharmonique de Berlin.


Quoi qu’il en soit, en ce vendredi 22 août l’émotion était palpable avant le début du concert, puisque le programme de la soirée avait été fixé par Claudio Abbado avant son décès. Qui plus est, en première partie, c’est un fidèle compagnon de route du maestro italien qui était sur scène, en la personne du pianiste Maurizio Pollini, dans le Concerto no 1 de Chopin. Le compositeur, on le sait, est le cheval de bataille de l’artiste, qui a ébloui, comme toujours, par sa technique sans faille et la maîtrise de son instrument, sa précision incroyable, son toucher à la fois délicat et brillant, confirmant sa réputation d’aristocrate du clavier. Tout au plus aurait-on aimé entendre une intensité un peu moins retenue, davantage de passion aussi, mais quelle sonorité et quelle classe. Le public d’ailleurs ne s’y est pas trompé, qui a salué la prestation du pianiste par des applaudissements enthousiastes. La retenue du pianiste est aussi un peu celle du chef, qui, avec sa carrure de colosse, dégage une impression de force tranquille. Sa lecture de la 3e Symphonie de Brahms est marquée du sceau de la sérénité, du calme et la plénitude. L’orchestre, lui, n’a rien perdu de son soyeux ni de sa précision. Les longues phrases du troisième mouvement, qui exaltent pourtant langueur et tristesse, prennent vie comme par enchantement, et il faut voir le chef danser sur son podium. Emotion oui, on l’a dit, mais point de tristesse ni de nostalgie. Lucerne est à un tournant, mais l’envie d’aller de l’avant est grande.



Claudio Poloni

 

 

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