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100% Berlioz

Chaise-Dieu
Abbatiale Saint-Robert
08/22/2014 -  et 21 (Villefontaine), 22 (Aix-en-Provence), 23 (Grenoble), 26 (London), 27 (Paris) mai 2014
Hector Berlioz : Béatrice et Bénédict: Ouverture – Les Nuits d’été, opus 7 – Symphonie fantastique, opus 14
Michèle Losier (mezzo)
La Chambre philharmonique, Emmanuel Krivine (direction)




Après dix années passées à la direction générale du festival de La Chaise-Dieu, Jean-Michel Mathé, qui avait succédé en 2003 à Guy Ramona, a rejoint le festival de Besançon. La quarante-huitième édition est donc la première dont son successeur, Julien Caron (né en 1986), peut entièrement se prévaloir. Si sa jeunesse, inhabituelle dans ce milieu, n’a pas manqué de frapper, la programmation semble s’inscrire dans les évolutions prudentes mais réelles engagées durant la décennie précédente. La base traditionnelle – la musique sacrée et vocale – reste donc prépondérante, dans la lignée du fondateur, Georges Cziffra, mais continue de ménager une part croissante au symphonique ainsi qu’au répertoire chambriste et instrumental, s’ouvrant également aux jeunes talents et à des initiatives plus nouvelles (ciné-concert). L’objectif demeure, encore et toujours, de tenter de renouveler le public et de démocratiser l’événement, notamment au travers de manifestations gratuites («aubades», «sérénades»), répétitions publiques, conférences et rencontres avec les musiciens.


Certains jours sont ainsi proposés jusqu’à neuf événements, dont quatre concerts, dans plusieurs communes de Haute-Loire (à commencer par sa préfecture, Le Puy-en-Velay) et même du Puy-de-Dôme voisin. L’offre demeure donc attirante, avec au total, quarante concerts du 20 au 31 août, mais pas seulement d’un point de vue quantitatif, bien sûr, puisque l’affiche réunit de remarquables artistes (Nicholas Angelich, Philippe Cassard, Michel Dalberto, Stéphane Degout, Philippe Herreweghe, Neeme Järvi, Adam Laloum, Sandrine Piau, Christophe Rousset, Leonard Slatkin...) et ensembles (Anima Eterna, Chanticleer, La Fenice, The King’s Consort, Orchestre des Champs-Elysées, Les Paladins, Pygmalion, Quatuor Diotima, Sagittarius, Les Talens lyriques...).



M. Losier, E. Krivine (© Guilhem Vicard)


S’il est un usage immuable, en prélude à chaque concert en l’abbatiale Saint-Robert, c’est la brève introduction sur l’orgue à quatre claviers (XVIIIe). Autre usage hélas tout aussi immuable: une partie des spectateurs, pensant peut-être, puisqu’ils ne voient pas l’interprète, que le concert n’est pas commencé, continuent leurs conversations comme si de rien n’était. Dommage, car si l’instrument n’est peut-être pas idoine pour cette esthétique, Pierre Queval (né en 1988) improvise astucieusement sur l’«idée fixe», le thème qui parcourt toute la Symphonie fantastique, donnée en seconde partie d’un programme berliozien que La Chambre philharmonique, après l’avoir présenté à cinq reprises en mai dernier en France et à Londres, reprend pour son retour à La Chaise-Dieu. En 2013, l’orchestre était déjà venu avec une œuvre de Berlioz; quant à son chef et fondateur, Emmanuel Krivine, il est un habitué des lieux, comme il le rappellera en fin de concert, sa première venue remontant au début des années 1980.


Dès l’Ouverture de Béatrice et Bénédict (1862), on apprécie la légèreté de touche qu’autorisent un ensemble de dimensions modestes et des instruments «d’époque», idéale pour l’introduction à cet opéra comique, même si la réverbération, particulièrement sensible dans les tutti, ne permet sans doute pas de goûter à toutes les finesses de l’interprétation. L’acoustique est indéniablement plus favorable à la voix, en tout cas à celle de Michèle Losier (née en 1978) – et c’est heureux, car elle fait véritablement sensation dans Les Nuits d’été (1841/1856). Brillant par l’homogénéité de son timbre sur l’ensemble de la tessiture, la mezzo canadienne séduit par un registre grave gouleyant, un phrasé ductile, une justesse imparable et une puissance soigneusement dosée. Son attitude sur scène, très investie, avec force mimiques et mouvements de bras, traduit toutefois une manière parfois un peu excessive d’investir les poèmes de Théophile Gautier, qu’elle n’articule en outre pas toujours avec une précision suffisante. A la tête d’un effectif encore plus réduit, Krivine soigne les atmosphères, tour à tour subtiles et décantées, blêmes et fantastiques.


C’est, justement, la Symphonie fantastique (1830) qui, poursuivant à rebours dans l’ordre chronologique, conclut la soirée avec rigueur et éclat, mettant en valeur l’exceptionnelle capacité d’innovation du jeune Berlioz, créateur de l’orchestre moderne. Malgré une lutte très inégale sur le papier – trente-deux cordes en boyau et chiches en vibrato face à une masse de vingt-trois vents – Krivine assure un bel équilibre entre les masses instrumentales, avec de beaux échanges entre premiers et seconds violons se faisant face de part et d’autre de son pupitre – l’effet d’éloignement du hautbois, qui paraît encore trop proche, est en revanche moins réussi dans la «Scène aux champs». Le tempo est vif, le propos volontiers dramatique, voire théâtral, mais le chef maintient fermement le cap tout en variant les climats, sachant aussi bien créer la tension dans «Rêveries. Passions» que dispenser, dans «Un bal», une grâce dépourvue de mièvrerie. Une «Marche au supplice» glaciale et grinçante (mais privée de sa reprise) puis un «Songe d’une nuit de sabbat» d’une grande variété, où l’on n’a pas le souvenir d’avoir entendu les bois aussi grimaçants quand l’«idée fixe» est caricaturée et des cuivres – dont un magnifique serpent – aussi authentiques dans l’énoncé du «Dies iræ», parachèvent la prestation vivante et convaincante de musiciens constamment impliqués et visiblement heureux.


Le site du festival de La Chaise-Dieu
Le site de Michèle Losier
Le site de La Chambre philharmonique



Simon Corley

 

 

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