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Saint-Céré

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Sobre folie

Saint-Céré
Prudhomat (Château de Castelnau)
08/05/2014 -  et 8, 12*, 14 août (Saint-Céré), 12, 14 mars (Clermont-Ferrand), 14 (Mérignac), 25, 26 (Perpignan) avril, 7 octobre (Düdingen) 2015, 12, 14 février 2016 (Massy)
Gaetano Donizetti: Lucia di Lammermoor
Burcu Uyar (Lucia), Gabriele Nani (Enrico), Svetislav Stojanovic (Edgardo), Christophe Lacassagne (Raimondo), Hermine Huguenel (Alisa), Eric Vignau (Arturo), Laurent Galabru (Normanno)
Chœur et Orchestre Opéra éclaté, Gaspard Brécourt (direction)
Olivier Desbordes (mis en scène), Ruth Gross (décors, costumes), Patrice Gouron (lumières)


B. Uyar


D’un spectacle à l’autre à l’affiche de la trente-quatrième édition du festival de Saint-Céré, Olivier Desbordes, directeur artistique, n’a pas de mal à jeter des ponts, car après Le Voyage dans la Lune, c’est aussi de la condition féminine qu’il s’agit dans Lucia di Lammermoor (1835), production déjà présentée à Trêves puis à Dijon au premier semestre de 2009: de nouveau, «la femme est ici un objet de négociation et d’échange».


Des châteaux de Walter Scott à celui de Castelnau, les costumes de Ruth Gross ne suggèrent ni le XVIIe écossais, ni le XIXe de Donizetti, mais plutôt les paysans et soldats de l’Italie de la première moitié du siècle dernier, dans une scénographie pour le moins austère dont le principal élément est un plan incliné qui occupe tout le plateau. Une trappe circulaire, façon bouche d’égout, ouvre sur une eau dans laquelle Lucia s’ablue au premier acte puis disparaît au dernier. Pour le reste, les spectateurs – dont Nicole Croisille et Patrick Zimmermann, entre deux représentations de Cabaret, courageusement assis, en cette soirée fraîche et humide, sur les marches des gradins – doivent se raccrocher à quelques verres et fleurs ainsi qu’à une carriole aux roues gigantesques qui, manœuvrée par deux choristes, amène et emmène les chanteurs.


Sobre, également, la mise en scène d’Olivier Desbordes paraît comme rigidifiée par la psychologie somme toute assez fruste des personnages. Mais il trouve davantage à exprimer lorsque le drame éclate, avec quelques images saisissantes comme il sait toujours en concevoir, en particulier le sang maculant la robe immaculée de Lucia, qui s’enroule dans le drap blanc recouvrant la scène, comme l’immense nappe avait drapé puis englouti Antonia dans Les Contes d’Hoffmann en 2008.


Comme de coutume à Saint-Céré, l’orchestre est réduit – douze cordes – et arrangé – un seul exécutant pour la plupart des bois et cuivres (hautbois, basson, cor, trompette, trombone), percussion réduite aux timbales – tandis que le clavier électronique de l’omniprésent Manuel Peskine tient lieu de harpe (et de cloches). Les musiciens sont motivés et comptent dans leurs rangs de belles individualités, à commencer par Lucie Humbrecht à la flûte, mais les tutti ne sont pas toujours performants, nonobstant la direction précise et engagée de Gaspard Brécourt.


La distribution est sans conteste dominée par la Lucia de Burcu Uyar (née en 1978), qui défie avec succès toutes les difficultés du rôle et offre en outre une incarnation théâtralement convaincante. L’Edgardo du ténor serbe Svetislav Stojanovic (né en 1981) et l’Enrico du baryton italien Gabriele Nani (né en 1979) peinent davantage à passer l’orchestre, le premier donnant en outre l’impression de se trouver aux prises avec une tessiture trop aiguë pour sa voix et le second manquant de stabilité. Les comprimari, dans lesquels on reconnaît les artistes attitrés du festival, tiennent excellemment leur partie, notamment Christophe Lacassagne en Raimondo d’une belle autorité et d’une parfaite noblesse.


Le site de Gaspard Brécourt



Simon Corley

 

 

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