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11/07/2002
Alfred Brendel
Le voile de l'ordre


Christian Bourgois 2002



Il est une citation de Novalis que Brendel affectionne particulièrement. Il la reprend au moins deux fois dans ce livre d'entretiens et en a même extrait la matière de son titre : "dans l'œuvre d'art, le chaos doit scintiller sous le voile de l'ordre".
De façon tout à fait significative, c'est le "voile de l'ordre" et non le "scintillement du chaos" qu'il semble avoir privilégié dans cette vaste recension de ses expériences et opinions. Le livre d'entretiens est un objet hybride et suscite souvent des réticences. C'est bien le cas ici avec une présence presque envahissante du journaliste et musicologue Martin Meyer qui questionne Alfred Brendel certes de façon structurée, pertinente et compétente, mais qui inflige au lecteur ses propres points de vue et obsessions d'une façon dérangeante.
Mais on peut faire abstraction de ce questionneur trop présent pour écouter ce que raconte Brendel qui semble parfaitement à l'aise et en mesure de s'exprimer librement.


On pourra ainsi le suivre à la trace dans ses années de formation, dans ses rapports avec ses parents, la naissance de son attirance pour la musique dans un milieu qui ne lui était pas spécialement ouvert. Brendel donne de très nombreux détails et évoque une foule de souvenirs précis qui sont très éclairants. Avec ce fait étonnant de la quasi absence de grand professeur à ses côtés. Tout au long du livre, on prend au demeurant conscience du parcours atypique et déterminé de Brendel : "un pianiste et un musicien singulier, un aimable solitaire, avec des penchants littéraires". De ses penchants littéraires et artistiques, il est en effet beaucoup question ici et c'est certainement un des points les plus intéressants. Brendel a une très vaste culture, il connaît la littérature, la peinture et bien entendu la musique. Un peu convenu sur Beethoven ou Mozart, il est passionnant sur Schubert, sur Liszt et aussi Haydn, c'est-à-dire au fond sur les trois musiciens qu'il a sans doute le plus contribué par ses enregistrements à remettre sur le devant de la scène. On apprend son admiration pour Cortot, Fischer ou Kempf et on s'amuse de ses piques plus qu'acerbes envers Glenn Gould. Un exemple ? "Pour moi, Gould était le parfait exemple de ce qu'un interprète ne doit pas être : c'était un excentrique qui faisait tout pour contrecarrer les désirs du compositeur ou le caractère de l'œuvre". Bien entendu, Brendel livre aussi de nombreux points de vue sur l'interprétation, les questions propres au texte musical, aux tempi. En s'appuyant toujours sur des exemples concrets et aussi beaucoup sur l'exemple des grands anciens. Le livre se termine par une évocation des travaux d'écriture de Brendel, tant ses nombreux écrits théoriques sur la musique que ses textes plus personnels, de poésie en particulier.
Le voile de l'ordre comporte un index des noms propres qui permet de retrouver facilement les interprètes, écrivains et musiciens cités. Avec douze renvois à… Glenn Gould ! Mais aussi vingt-huit à Cortot….


Florence Trocmé

 

 

 

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