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11/09/2025 Jean-Philippe Thiellay : En finir avec les idées fausses sur l’opéra Editions de l’atelier, 192 pages, 13,50 euros

Jean-Philippe Thiellay continue à défendre l’opéra. En 2021, il a publié aux Belles Lettres un plaidoyer pour l’art lyrique, L’Opéra, s’il vous plaît. En voici un autre, cette fois aux Editions de l’atelier, un livre d’un peu moins de 200 pages et dont le rouge de la couverture relève presque du manifeste politique.
Le principe est simple, mais efficace : l’auteur a rassemblé des idées fausses sur l’opéra, qu’il a probablement lues ou entendues, peut‑être même imaginées pour certaines. Pour chacune d’elles, il contre‑argumente afin de valoriser et défendre cet art (œuvres, interprètes, institutions, us et coutumes) aux yeux de la société. Et cela part dans plusieurs directions : certaines idées fausses sont de grands classiques (« L’opéra, c’est ringard et kitsch », « L’opéra, ce n’est pas pour moi, c’est pour l’élite »), d’autres reflètent bien notre époque (« L’opéra est misogyne », « L’opéra est raciste » ou l’assez impayable « L’opéra, c’est un spectacle pour les gays »).
Cet ancien directeur adjoint de l’Opéra national de Paris excelle dans l’exercice en s’appuyant sur des faits et des chiffres manifestement sérieux (il cite ses sources), sur un ton plutôt personnel, le plus souvent convaincant, voire indiscutable. La manière de répondre à ces quarante‑sept idées fausses traduit assez clairement l’orientation politique et publique de son parcours professionnel, mais elle atteste aussi de solides connaissances sur cette matière – les ouvrages que Jean‑Philippe Thiellay a consacrés chez Actes Sud à Meyerbeer et Rossini, par exemple, le prouvent – leur lecture est d’ailleurs recommandée.
Il ne s’agit pas d’un ouvrage objectif, froid, mais d’un livre engagé, quasi militant. L’auteur propose des pistes de réflexion, éclaire, suggère. Et il est vrai que défendre l’art lyrique devient vraiment nécessaire à l’heure de coupes et autres restrictions budgétaires dans ce domaine artistique qui ne semble pas toujours faire l’objet d’une grande priorité pour les élus, du moins en France, comme l’auteur l’explique plus d’une fois. Donc, non, bien sûr, l’opéra, ce n’est pas que pour les élites, mais c’est aussi pour vous, aller voir un spectacle n’est pas toujours hors de prix, les chanteurs ne font pas que crier, toutes les mises en scènes ne sont pas absconses, et il y a moyen de comprendre, avec un peu de préparation, l’argument, même si l’ouvrage n’est pas chanté en français. L’auteur a également prévu entre certaines réponses aux idées fausses des apartés pour expliciter certains termes ou notions (différence entre mise en scène, scénographie, production, décor, entre opera seria et opera buffa, par exemple).
Un livre utile mais qui doit vraiment atteindre le bon public pour remplir son objectif, et là réside sa faiblesse. Sans doute Jean-Philippe Thiellay prêche‑t‑il des convaincus parmi nos lecteurs.
Sébastien Foucart
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