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04/02/2001
Le pianiste.

Wladyslaw Szpilman
Robert Laffont, 2001, 275 p. 119 F, 18,14 €



Ce livre bouleversant évoque les années que le pianiste Wladyslaw Szpilman a passées, traqué, entre 1939 et 1945, à Varsovie. Années situées comme entre deux parenthèses, l'une s'ouvrant avec le Nocturne en ut dièse mineur de Chopin (il s'agit de l'opus 27 n° 1), dernière œuvre que le pianiste joue à la radio polonaise avant que les bombes ne réduisent l'émetteur au silence, la seconde se refermant sur ce même Nocturne, repris par Szpilman le jour de la réouverture de l'antenne de Radio-Pologne, à la fin de la guerre. Entre ces deux Nocturnes, six années «le temps que Herr Hitler puisse exécuter sa partition sur la scène mondiale…».


De musique proprement dite, il est peu question dans ce livre, sauf à quelques reprises lorsque le narrateur prend peur pour ses mains, gelées, éprouvées par les travaux les plus dangereux ou lorsque totalement isolé dans un minuscule réduit, pendant des jours, presque sans boire et sans manger, il s'astreint pour ne pas devenir fou à se remémorer note à note toutes les partitions qu'il a interprétées. Son récit, très pudique, très distancié, brosse surtout l'effroyable tableau de Varsovie et de ses habitants juifs au cours de ces années : constitution du ghetto, organisation de la vie dans le ghetto avec ses collaborateurs et ses justes, ses fêtes (le narrateur gagne de quoi nourrir les siens en jouant pour les spéculateurs et autres profiteurs dans les cafés de la ville) et ses rafles, insinuation progressive de rumeurs de plus en plus claires sur ce qui arrive aux juifs qui partent en soi-disant camp de travail, insurrection de Varsovie, destruction de la ville par les Allemands. Le père et la mère de Szpilman, ainsi que ses deux sœurs et son frère partiront ainsi pour Treblinka après avoir partagé avec lui leur dernier repas, un caramel coupé en six, juste avant que le pianiste échappe miraculeusement au convoi ! Il ne cesse au demeurant d'échapper à la mort, aussi bien à l'intérieur du ghetto que plus tard, lorsqu'il quitte cette partie de Varsovie et se réfugie chez les uns ou les autres, toujours caché, traqué par les bombes, les Allemands, l'incendie, vivant comme un animal dans des trous.


Le récit de Szpilman est complété par un document très émouvant, des extraits du journal tenu à Varsovie par un officier allemand, Wilm Hosenfeld, qui a contribué à sauver le pianiste en lui apportant au péril de sa vie du pain dans sa toute dernière cache avant la libération de la ville.
Après la guerre, Wladyslaw Szpilman a dirigé la radio nationale polonaise et a mené une carrière de compositeur et de pianiste. Il est mort à Varsovie en juillet 2000.
Contrairement à d'autres témoins ou survivants, il a écrit son livre très vite après la guerre. Ce récit fut bien publié alors, en 1946, mais immédiatement proscrit par le régime communiste. Ce n'est qu'aujourd'hui que les lecteurs français peuvent découvrir ce témoignage capital.


Florence Trocmé

 

 

 

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