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07/14/2014
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 8, opus 13 «Pathétique»
Franz Liszt : Sonate en si mineur
Klaus Caspers : Gespenster (Graphische Notizen)

Yojo Christen (piano)
Enregistré à Straubing (juin 2013) – 71’25
TYXart TXA13028 – Notice de présentation en français, anglais et japonais





«Le monde cultivé serait certainement ravi d’avoir accès à des enregistrements d’Arthur Rubinstein à quinze ans». Une telle accroche suscite une légitime curiosité... Yojo Christen est né le 18 mai 1996. Enfant prodige – à tel point doué qu’il travaille sur la composition d’un opéra autour de la vie d’Atatürk –, il publie ici son deuxième disque (le premier fut enregistré à l’âge de quinze ans). Un disque vivifiant.


On ne s’attendait pas, lors de la première écoute, à y trouver autant d’intérêt. Le sentiment premier est, en effet, celui de la verdeur de la jeunesse. Mais Yojo Christen donne le meilleur de sa jeunesse... et l’on en vient, dans la Pathétique de Beethoven, à n’entendre que les débordements de fougue – et non les (francs) égarements dans des excès de fantaisie (la rythmique bousculée de l’Adagio cantabile, les ralentis inutiles du Rondo). Car le grand mérite du pianiste est de s’investir dans la partition avec un maximum de personnalité et de fraîcheur. Ce n’est pas si fréquent...


Inutile, évidemment, de préciser que les moyens techniques (rapportés à l’âge de l’interprète) sont phénoménaux. Dans la Sonate de Liszt, la maîtrise digitale est même bluffante – et l’imagination au rendez-vous! Et quand vient le moment de la fugue (qui s’abat sur le clavier tel le vautour sur sa proie), la fulgurance de l’inspiration emporte pleinement la conviction. Dommage que la maturité fasse défaut à l’architecture d’ensemble (qui pèche en unité), car l’on est durablement frappé par cette recherche furieuse de l’éloquence dans le toucher.


L’intérêt du disque est même rehaussé par la partition de Klaus Caspers (né en 1940) – des Spectres (Notices graphiques) au squelettisme électrisé, sans originalité particulière (on se situe dans la veine de Cage et de Feldman) mais à l’indéniable efficacité. Yojo Christen en a assuré la création mondiale. Par la clarté de son toucher, l’éloquence du discours et la netteté de la découpe, il achève de convaincre du profil prometteur de ce piano en éclosion.


Le site de Yojo Christen


Gilles d’Heyres

 

 

 

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