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06/11/2013
Alexandre Tansman : Regards en arrière. Itinéraire d’un musicien cosmopolite au XXe siècle

Texte édité par Cédric Segond-Genovesi avec la collaboration de Mireille et Marianne Tansman
Aedam Musicae – 527 pages, 39 €





Must de ConcertoNet


Alexandre Tansman (1897-1986) se souvient. Rédigés de 1955 à 1958, ses mémoires et son journal retracent son existence tumultueuse. Doté d’une plume alerte et multipliant les anecdotes, le musicien relate sa jeunesse en Pologne, évoque le Paris de l’entre-deux-guerres, sa glorieuse tournée mondiale de 1932-1933, qui lui permet de découvrir le Nouveau Monde, l’Extrême-Orient, l’Inde ou encore l’Egypte, et décrit l’exil mouvementé vers les Etats-Unis pour fuir le nazisme. En France, après la guerre, il s’aperçoit avec lucidité et amertume que d’autres occupent désormais le devant de la scène – le monde musical redécouvre aujourd’hui ce compositeur prolifique, largement célébré puis écarté par une certaine intelligentsia. Grâce à son entregent, Tansman se fait adopter par les milieux intellectuels, approchant ainsi un nombre considérable de personnalités en vue, et pas seulement musicales, comme Charlie Chaplin, Fritz Lang et le mahatma Gandhi. Il relate longuement son amitié sincère avec Stravinski, qu’il voyait presque quotidiennement durant son séjour à Hollywood, un milieu qu’il juge superficiel et uniformisé – sa collaboration alimentaire avec l’industrie cinématographique lui laissera d’ailleurs un goût amer.


Tansman ne manque pas d’humour et parle vrai. Du coup, de nombreux musiciens en prennent pour leur grade comme le chef d’orchestre Fitelberg et même, dans une moindre mesure, Schönberg et Milhaud. L’auteur dresse le catalogue donjuanesque de ses aventures sentimentales, nombreuses au point de se demander s’il n’en rajoute pas. Le seul et véritable amour de sa vie reste toutefois Colette Cras, dont la disparition prématurée le plonge dans un chagrin incommensurable («Sans les enfants, j’aurais suivi son sort»). Alimenté dès 1955, le journal s’achève sur un voyage en Israël, la terre de ses ancêtres, qui montre un musicien les yeux grands ouverts et toujours aussi sensible aux civilisations étrangères. L’appareil éditorial achève de rendre ce livre indispensable: auteur d’une introduction exemplaire, Cédric Segond-Genovesi enrichit le texte de nombreuses notes pour éclairer le lecteur et corriger le compositeur lorsque la mémoire lui échappe ou lorsqu’il commet une approximation. Une discographie richement fournie, une filmographie et une bibliographie exhaustive complètent cette publication qui se dévore comme un roman et que l’on regrette de refermer.


Sébastien Foucart

 

 

 

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