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06/02/2013
Richard Wagner : Eine Sonate für das Album von Frau M. W. – Sonate en si bémol – Grosse Sonate – Schluss zum Vorspiel von Tristan und Isolde – Albumblatt für Ernst Benedikt Kietz – Polka – Züricher Vielliebchen-Walzer – In das Album der Fürstin M. – Ankunft bei den schwarzen Schwänen – Albumblatt für Frau Betty Schott – Polonaise (deux versions: pour piano seul et pour piano à quatre mains) (#) – Notenbrief für Mathilde Wesendonck – Elegie – Fantasia

Dario Bonuccelli, Marco Vincenzi (#) (piano)
Enregistré au Zerodieci Studio, Gênes (juillet-octobre 2012) – 143’04
Double album Dynamic CDS 761/1-2 – Notice de présentation en anglais et en italien





Richard Wagner : Eine Sonate für das Album von Frau M. W. – Sonate en si bémol – Grosse Sonate – Schluss zum Vorspiel von Tristan und Isolde – Albumblatt für Ernst Benedikt Kietz – Polka – Züricher Vielliebchen-Walzer – In das Album der Fürstin M. – Ankunft bei den schwarzen Schwänen – Albumblatt für Frau Betty Schott – Polonaise (deux versions: pour piano seul et pour piano à quatre mains) (#) – Notenbrief für Mathilde Wesendonck – Elegie – Fantasia
Pier Paolo Vincenzi, Federica Ferrati (#) (piano)
Enregistré en studio (12, 13, 19 et 20 mai 2012) – 145’49
Double album Brilliant Classics 94450 – Notice de présentation en anglais





«The Other Wagner. Symphonic, Vocal and Piano Music»
Richard Wagner : Eine Sonate für das Album von Frau M. W. [1] – Ankunft bei den schwarzen Schwänen [1] – Elegie [1] – Siegfried-Idyll (arrangement Rubinstein & Rudy) [1] – 3 Mélodies [2] – Lieder des Mephistopheles n° 4 et n° 5 [2] – Der Tannenbaum [2] – Wesendonck-Lieder (deux versions: avec piano [3] et dans l’orchestration de Mottl [4]) – Symphonie en mi majeur [5] – Ouverture «Colombus» [6] – Eine Faust-Ouvertüre [7] – Festgesang («Der Tag Erscheint») [7] – An Webers Grabe («Hebt an den Sang») [7] – Das Liebesmahl der Apostel [7] – Trauersinfonie [7] – Siegfried-Idyll [7] – Huldigungsmarsch [8] – Kaisermarsch [8] – Grosser Festmarsch [8]

Thomas Hampson [2] (baryton), Jessye Norman [3] (soprano), Christa Ludwig [4] (mezzo-soprano), Mikhaïl Rudy [1], Geoffrey Parsons [2], Irwin Gage [3] (piano), Philharmonia Orchestra, Otto Klemperer (direction) [4], Philadelphia Orchestra, Wolfgang Sawallisch (direction) [5], Symphonieorchester des Bayerisches Rundfunks, Jeffrey Tate (direction) [6], Männerchöre des Singvereins der Gesellschaft der Musikfreunde, Wien, Wiener Kammerchor, Philharmonischer Chor und Jugendchor Dresden, Dresdner Philharmonie, Michel Plasson (direction) [7], London Symphony Orchestra, Marek Janowski (direction) [8]
Enregistré à l’Evangelisches Gemeindehaus, Berlin-Zehlendorf (septembre 1969) [3], aux Kingsway Hall (21-23 mars 1962) [4], Abbey Road Studios (20-21 janvier 1972) [8] et Henry Wood Hall (24-26 février et 1er mars 1993) [2], Londres, à la Herkulessaal, Munich (janvier 1988) [6], aux Giandomenico Studios, Collingswood (8 et 20 mai 1995) [5], à la Lukaskirche, Dresde (23-25 mai 1996) [7], et en l’église maronite Notre-Dame du Liban, Paris (19-23 mars 2001) [1] – 220’18
Coffret de trois disques EMI Classics 7 05514 2 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Alors qu’on vient à peine de souffler les deux cents bougies de Richard Wagner, les publications sur sa vie et son œuvre – entre facilité et audace, banalités et coups d’éclat – se poursuivent à belle allure. Paraissent ainsi coup sur coup deux intégrales de sa musique pour piano, enregistrées la même année (2012) par deux jeunes solistes italiens: Dario Bonuccelli (né en 1985) chez Dynamic et Pier Paolo Vincenzi (né en 1980) chez Brilliant. Une confrontation qui tourne à l’avantage du second, mais qu’on gagnera à comparer à la réédition des quelques pièces enregistrées en 2001 à Paris par Mikhaïl Rudy (né en 1953).


D’une manière générale, Vincenzi l’emporte en lyrisme sur un Bonuccelli plutôt terre-à-terre, dans ces pièces de format et de durée hétérogènes – évoquant Les Maîtres Chanteurs (Feuille d’album pour Madame Betty Schott) comme Tristan (Notenbrief für MathildeWesendonck), les débuts comme les sommets de l’œuvre wagnérienne. Pier Paolo Vincenzi aborde ainsi en poète le manuscrit de la Conclusion du Prélude de «Tristan et Isolde» (1857), où Dario Bonuccelli s’égare quelque peu par excès de netteté. De même, la Sonate pour M. W. (1853) de Vincenzi est faite de demi-teintes – une approche pastel qui n’aide pas à se passionner pour une œuvre trop schématique – la où celle de Bonuccelli présente un geste plus ample, une sonorité pleine... mais un toucher très ordinaire. La Sonate en si bémol majeur (1831) et ses quatre mouvements – où l’on peine à reconnaître Wagner – trouvent elles aussi un Bonuccelli bien moins convaincant qu’un Vincenzi qui colore son toucher d’une palette plus lumineuse et enrichit sa frappe de davantage de moelleux. Aucun ne réussit cependant à intéresser l’oreille à cette partition mineure...


La Grande Sonate en la majeur (1832, publiée en 1960) est d’un autre calibre. Vincenzi s’empare de l’œuvre avec conviction et méthode, insufflant un romantisme empli de vivacité et de rythme aux trois mouvements de cette pièce de plus d’une demi-heure. Bonuccelli est, lui, plus sec, travaillant la rythmique (un enivrant dernier mouvement) au détriment du cantabile – ce qui génère davantage de temps morts. De dimension comparable, l’immense Fantaisie en fa dièse mineur (1831) trouve un Vincenzi trop sobre et un Bonuccelli plus énergique... mais se présente comme une pièce de moindre intérêt. Et dans l’Elégie en la bémol majeur (1859) comme dans l’Arrivée parmi les cygnes noirs (1861), Vincenzi privilégie la résonance et le mystère, là où Bonuccelli déploie un geste d’une franchise et d’une délicatesse assez touchantes.


Par comparaison, Mikhaïl Rudy parvient, dans la Sonate pour M. W., à exalter une passion brûlante – totalement absente des versions Bonuccelli et Vincenzi. Son Arrivée parmi les cygnes noirs et son Elégie respirent la même concentration, le même souffle lisztien, le même lyrisme inéluctable. Avec ces gravures de 2001 – rééditées au sein d’un coffret consacré à «l’autre Wagner» –, le pianiste russe livrait également son propre arrangement de Siegfried-Idyll (1870)... une interprétation autrement plus engagée et intéressante que la timide version orchestrale de Michel Plasson figurant dans le coffret EMI.


Le reste de cet Other Wagner (symphonique et vocal) est intelligemment sélectionné, dans des interprétations globalement de haute tenue. Il faut dire qu’on ne s’intéresserait certainement pas autant à l’inachevée Symphonie en mi (1834, créée en 1988) sans l’engagement du regretté Wolfgang Sawallisch... Les disques EMI alternent pièces mineures (de tièdes Mélodies, bien chantées par Thomas Hampson) et de circonstance (les Marches, plutôt fadasses), mais également quelques esquisses d’un génie en éclosion... dans le travail sur les masses chorales – avec An Webers Grabe (1844) et l’aussi étrange qu’étonnante Cène des Apôtres (1843), préfigurant Lohengrin et Parsifal – comme sur l’orchestre – avec une Ouverture de «Faust» (1840) alliant la finesse de baguette de Plasson à la densité orchestrale du Philharmonique de Dresde. Un coffret réjouissant, qui permet de comparer, dans les Wesendonck-Lieder (1858), le chant – d’une auguste noirceur – de Christa Ludwig (dans la glorieuse interprétation de Klemperer) à celui – rougeoyant de passion – d’une Jessye Norman âgée de seulement vingt-quatre ans (dans la version avec piano).


Le site de Dario Bonuccelli


Gilles d’Heyres

 

 

 

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