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11/11/2012
Franz Schubert : Moments musicaux, D. 780 – Sonate pour piano n° 19, D. 850

Valery Afanassiev (piano)
Enregistré à l’Auditorio Radiotelevisione svizzera, Lugano (23-25 septembre 2010) – 70’50
ECM New Series 476 4580 (distribué par Universal) – Notice de présentation en allemand et en anglais





Valery Afanassiev (né en 1947) est un pianiste iconoclaste. Sans chercher à le dire aussi pudiquement que son éditeur («Pianist Valery Afanassiev... renowned for his strikingly individual and deeply introspective interpretations of the music of Franz Schubert»), on rendra compte d’une nouveauté ECM aussi soignée dans sa présentation qu’elle est irritante dans sa démarche artistique. A l’image de son interminable Dernière Sonate (enregistrée en 1985 pour le même label), le Schubert d’Afanassiev trouvera probablement des défenseurs – parmi ceux qui parviendront à explorer des voies d’approfondissement dans ces tempos et ces inflexions très personnelles, à percevoir une métaphysique dans ces augustes lenteurs, à entrevoir de l’âme dans ce toucher monolithique. Sur ces chemins de traverses, nous n’entendons qu’hypersubjectivité et trahison du message schubertien.


Les moteurs des Moments musicaux (1823) semblent volontairement coupés – pour figer le paysage dès le premier Moderato. Le vide emplit l’espace. Un espace musical sans chair, au legato mécanique et froid. L’interprète paraît même s’adonner, dans l’Allegro moderato, à un curieux exercice de déchiffrage de mesures – qui s’étale pendant 2 minutes et 17 secondes. On touche le fond avec l’Andantino, où la démarche est poussée jusqu’à la caricature – dans le refus de la résonnance comme dans la réinterprétation des rythmes. Les derniers Moments laissent entrevoir quelques bribes de sentiments... mais si peu musicaux.


La sensation de trahison semble moins flagrante dans la Sonate en ré majeur (1825), l’Allegro vivace hésitant entre emphase et indifférence sans susciter d’emblée de l’aversion – bien que les accords soient surlignés dans des nuances si égales qu’elles en deviennent tristement monotones. Le Con moto vient toutefois nous rappeler au souvenir du mécanisme absurde qui caractérisait tant l’Opus 94, avant qu’Afanassiev ne s’égare dans une série de variations sans queue ni tête. Les Scherzo et Rondo conclusifs intéressent davantage par la rigueur de leur découpe et la clarté de leur scintillement. Mais ils ne sauvent pas ce disque de l’impression générale d’anti-musicalité qui s’en dégage...


Gilles d’Heyres

 

 

 

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