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09/15/2012
Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45
Genia Kühmeier (soprano), Thomas Hampson (baryton), Arnold Schoenberg Chor, Wiener Philharmoniker, Nikolaus Harnoncourt (direction)
Enregistré à Vienne (décembre 2007) – 72’04
RCA 88697720662





Heinrich Schütz: Psalmen Davids: «Wie lieblich sind deine Wohnungen», SWV 29 – Geistliche Chormusik: «Selig sind die Toten», SWV 391
Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45

Katharine Fuge (soprano), Matthew Brook (baryton), Monteverdi Choir, Orchestre révolutionnaire et romantique, John Eliot Gardiner (direction)
Enregistré en public à Londres (28 octobre 2007) et Paris (18 novembre 2007) [Schütz] et à Edinbourg (août 2008) [Brahms] – 77’27
Soli Deo Gloria SDG 706





Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45
Natalie Dessay (soprano), Ludovic Tézier (baryton), Radiokören, Christoffer Holgersson (chef de chœur), hr-Sinfonieorchester, Paavo Järvi (direction)
Enregistré à Francfort (7-9 octobre 2009) – 71’56
Virgin 50999 6286100 7







Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45
Heidi Elisabeth Meier (soprano), Josef Wagner (baryton-basse), Maulbronner Kammerchor, Duo GrauSchumacher (piano), Jürgen Budday (direction)
Enregistré en public à Maulbronn (1er et 2 octobre 2011) – 70’41
K&K Verlagsanstalt KuK 105





Atypique, moins dans l’œuvre du compositeur que dans l’histoire du genre, Un Requiem allemand (1868) est cependant solidement installé au répertoire, ce dont témoigne la parution, ces derniers temps, de quatre nouveaux enregistrements. Les deux premiers sont dirigés par deux des plus importantes figures de l’interprétation sur instruments anciens, Nikolaus Harnoncourt et John Eliot Gardiner, et les deux autres proviennent tous deux d’Allemagne mais chacun de ces enregistrements offre une vision très différente du chef-d’œuvre de Brahms. Cela étant, en fin de compte, aucun ne convainc pleinement, sans doute aussi parce que les références, souvent anciennes, comme Karajan 1947 (EMI) ou Klemperer (EMI), demeurent très présentes à l’esprit.


Harnoncourt surprend et, pour tout dire, déçoit: orchestre très en avant, chœur très lointain, sonorités épaisses et fondues, tempo modéré (72 minutes). Tout cela ne dessert pas nécessairement les premier et dernier mouvements, mais le deuxième, trop éteint, se traîne en longueur. Il est pour le moins étonnant de voir ainsi le chef autrichien prendre la pose, rechercher le monumental et le grandiose, englué dans une «tradition» interprétative que ses prédécesseurs ont bien mieux servie. Dommage pour l’excellent Chœur Arnold Schoenberg, relégué à l’arrière-plan, dommage pour Thomas Hampson (qui avait déjà chanté cette partie sous la direction de Barenboim chez Erato), somptueux comme à son habitude, et dommage pour Genia Kühmeier, dont la voix ronde se tend cependant dans l’aigu.


Pour un «retour aux sources», tant du XIXe que des musiques anciennes ayant marqué Brahms, il est donc largement préférable de s’en remettre au disque de Gardiner, reflet de concerts donnés en 2007 et 2008, notamment à Paris. Comme il est significativement moins long (65 minutes), il comprend en outre deux des pièces qui, lors de ces concerts, visaient à éclairer l’inspiration de Brahms, Wie lieblich sind deine Wohnungen (1625) et Selig sind die Toten (1648) de Schütz, particulièrement en situation puisque correspondant au titre de deux des parties du Requiem allemand: c’est aussi l’occasion de profiter a cappella du Chœur Monteverdi, aussi magnifique qu’à Pleyel. L’Orchestre révolutionnaire et romantique, quant à lui, offre une meilleure prestation qu’en concert, même si son objectif premier n’est jamais une sonorité léchée. Près de vingt ans après son enregistrement chez Philips avec les mêmes forces chorales et instrumentales, le chef anglais conserve son tempérament dramatique, son approche vivante où l’attention portée au texte n’est jamais synonyme d’austérité – c’est même une impression de suavité qui s’impose en maint moment. Le point faible réside malheureusement dans les deux solistes: Matthew Brook, trop théâtral, pas toujours impeccable, se heurte aux mêmes limites qu’en concert, tandis que Katharine Fuge, très serrée dans l’aigu, ne fait pas mieux que Camilla Tilling à Paris.


D’une durée quasi identique à celle de Harnoncourt, la version de Paavo Järvi ne donne pourtant pas le même sentiment d’épaisseur et de statisme, certains mouvements ne manquant pas de conviction (troisième et sixième). Mais si l’Orchestre symphonique de la Radio de Hesse (Francfort), dont il est le Chefdirigent depuis 2006, ne risque pas de tomber dans les excès de confort viennois, sa baguette s’arrête trop souvent à une lecture soigneuse de la partition et ne semble portée ni par une conception personnelle ni par l’émotion. De nouveau, comme chez Harnoncourt, le chœur – ici, celui de la Radio suédoise – est relégué derrière l’orchestre, ce qui, de nouveau, est regrettable, car il se montre à peine moins remarquable que les deux autres formations précédemment évoquées. Si les choristes sont suédois, les deux solistes sont français: chacune des interventions de Ludovic Tézier se caractérise par une belle noblesse mais Natalie Dessay rencontre davantage de difficultés pour placer sa voix.


Le quatrième et dernier disque se distingue quelque peu, car il donne à entendre la «version de Londres», où la partition est réduite pour piano (à quatre mains). Comme toujours en pareil cas, la notice (en allemand et anglais) s’évertue vaillamment à démontrer la supériorité de cet arrangement, insistant notamment sur le fait qu’il a été réalisé par Brahms lui-même, mais la supériorité de l’original peut difficilement être remise en cause. Fondateur, en 1983, de l’ensemble wurtembergeois, à la tête duquel il vient d’être remplacé par Sebastian Eberhardt, Jürgen Budday (né en 1948), jamais pris en défaut quant à la mise en place, est visiblement animé par la volonté de faire ressortir les sources anciennes et le caractère volontiers apaisé du propos. Le Duo GrauSchumacher (Andreas Grau et Götz Schumacher), qui participait déjà il y a quinze ans à un enregistrement de cette rare version sous la direction de Christoph Spering (Opus 111), est desservi par un instrument fort médiocrement accordé et généralement confiné au second plan. Face au piano, les cinquante-et-un chanteurs du Chœur de chambre de Maulbronn sont flattés par une prise de son assez réverbérée, mais les timbres et la justesse manquent de régularité. En décalage avec la conception paisible, voire indolente, du chef de chœur, Josef Wagner crie et en fait beaucoup trop, tandis que Heidi Elisabeth Meier paraît raide et, peut-être aussi du fait de la réverbération importante, ampoulée.


Le site de Nikolaus Harnoncourt
Le site du Chœur de la Radio suédoise
Le site du Chœur Monteverdi et de l’Orchestre révolutionnaire et romantique
Le site de Matthew Brook
Le site du Chœur de chambre de Maulbronn
Le site du Duo GrauSchumacher


Simon Corley

 

 

 

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