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04/11/2012
Piotr Ilyitch Tchaïkovski: Concerto pour piano et orchestre n° 1 en si bémol mineur, opus 23
Franz Liszt : Concerto pour piano et orchestre n° 1 en mi bémol majeur, S 124

Alice Sara Ott (piano)
Müncher Philharmoniker, Thomas Hengelbrock (direction)
Enregistré en concert [Tchaïkovski] et en studio à la Philharmonie de Munich (novembre 2009) – 54’55
Deutsche Grammophon 477 8779 (distribué par Universal) – Notice trilingue (anglais, allemand et français) d’Oswald Beaujean





Il ne faut pas se fier à la jeunesse et à l’apparente fragilité d’Alice Sara Ott qui, après déjà deux disques parus sous le label de la célèbre petite étiquette jaune (respectivement consacrés à Chopin et Beethoven), s’attaque ici encore à deux autres monstres sacrés du répertoire pianistique. Sans avoir démérité pour autant dans ses précédentes prestations, force est de constater que l’on attendait peut-être davantage de maturité de la part d’une jeune soliste née seulement, il est vrai, en 1988. Or, de même que l’on avait pu saluer certes un «jeu délicat mais assuré et la fraîcheur d’une interprétation personnelle et mobile» mais pas forcément convaincant en raison d’une interprétation «trop mobile par moments, car affectée de tempos qui s’alanguissent au point de perdre la ligne musicale dans une approche heurtée et parfois presque lisse», de même le présent disque ne convainc que partiellement en grande partie pour les mêmes raisons.


La fraîcheur du jeu, on la retrouve, et de quelle manière! Dans le premier mouvement du Premier Concerto de Tchaïkovski, la jeune soliste adopte un toucher d’une liberté voire d’une ingénuité impressionnantes, n’hésitant pas à jouer de façon presque excessive sur le rubato, ralentissant ici, accélérant légèrement là sans que ces choix n’apparaissent artificiels pour autant. Dans le deuxième mouvement, c’est la simplicité qui frappe l’oreille, les notes s’enchaînant tout naturellement sans que l’on ait à se poser la question du tempo ou du caractère à instiller, ceux-là nous semblant tellement évidents. On soulignera à cette occasion la beauté de la petite harmonie de l’Orchestre philharmonique de Munich, impeccable d’ailleurs tout au long du concerto. Le troisième mouvement est pris de manière assez allante, bénéficiant d’un orchestre conduit avec légèreté par Thomas Hengelbrock; Alice Sara Ott l’interprète avec tranquillité, insistant là encore sur le côté naturel de la partition. Même si, au final, cette version est plutôt de bonne facture, on est loin néanmoins de la force et de l’implication qu’ont su lui donner Emil Gilels (avec Fritz Reiner), Martha Argerich ou Sviatoslav Richter.


Dans le Premier Concerto de Liszt, on retrouve les mêmes qualités et, si ce ne sont les mêmes défauts, du moins les mêmes manques. Là encore, l’Orchestre philharmonique de Munich est excellent (la clarinette dans le premier mouvement ou l’ensemble des vents dans le troisième) mais Thomas Hengelbrock souffre parfois d’un certain alanguissement alors que, par exemple, le mouvement final nécessiterait davantage de dynamisme dans la conduite. Alice Sara Ott fait de nouveau montre d’un toucher d’une très grande délicatesse (dans le deuxième mouvement en particulier) mais son approche demeure peut-être trop distante pour nous émouvoir réellement. On en restera donc, pour ne parler que de deux références absolues parues chez le même éditeur, à Lazar Berman (sous le direction de Carlo Maria Giulini) et Krystian Zimerman (sous celle de Seiji Ozawa).


Le site d’Alice Sara Ott
Le site de Thomas Hengelbrock
Le site de l’Orchestre philharmonique de Munich


Sébastien Gauthier

 

 

 

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