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11/12/2011
«Le musicien de l’Amour»
Claude Debussy : Mélodies

Jan Van der Crabben (baryton), Inge Spinette (piano)
Enregistré au Conservatoire de Bruxelles (2009) – 62’07
Fuga Libera FUG583 (distribué par Outhere)





De disque en disque le baryton belge Jan Van der Crabben impose un nouveau profil de mélodiste de référence, dans un domaine discographique qui n’en a pas tant compté que cela, dès lors que l’on prend un peu de champ par rapport à des Panzéra, Souzay, Maurane et Kruysen désormais patrimoniaux.


On peut certes s’interroger à l’écoute de ce disque sur un certain parfum de « retour à », sorte de reconstitution d’un salon littéraire et musical très distingué, ambiance surannée de laquelle notre XXIe siècle peut sembler de plus en plus éloigné. Et on peut penser qu’ici le plaisir d’écoute, même intense, peut se trouver perturbé (ou augmenté, c’est affaire de perception) par un parfum de vieille poussière un peu naphtalinée, mais qu’importe. La lettre y est, l’esprit aussi, quant aux grincheux, ils peuvent toujours aller écouter ailleurs s’ils préfèrent les voyelles déformées et les consonnes avalées tout crues.


Voilà pour le menu : une belle voix, mais en rien exceptionnelle (posséder de magnifiques moyens naturels n'est pas déterminant pour devenir un grand mélodiste, les exemples le démontrant restent légion), qui investit chaque vers avec son juste poids voire parvient à construire dramatiquement chaque mélodie comme un tout intrinsèque, avec la dose exacte nécessaire de verve ou au contraire de contemplation. Rien de nombriliste ni rien d’affecté, mais au contraire un art qui parvient le plus souvent, à force de minutie, à cacher l’art. Avec le soutien, capital, d’un piano à proprement parler magique, Inge Spinette dispensant de tels trésors d’imagination dans les phrasés et les sonorités qu’elle pourrait presque justifier l’existence musicale autonome de ces Mélodies si elles étaient privées de voix. Il est vrai qu'ici le choix des pièces est de haute volée (Fêtes galantes, Promenoir des deux amants, Poèmes de François Villon...), ce que le titre futile du récital («Le musicien de l’Amour») ne laisse pas deviner d'emblée.


Un disque fascinant, à écouter comme on regarde un tableau de Vermeer : pour la transparence absolue d’une palette qui nous fait basculer dans une époque déjà lointaine et pourtant, là, sous le vernis, apparemment si familière...


Laurent Barthel

 

 

 

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