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11/10/2007
Alex Ross: The Rest is Noise - Listening to the twentieth Century
Farrar, Strauss, Giroud

La musique classique est représentée avec panache dans le monde de la Blogosphère. Deux auteurs en particulier se sont particulièrement distingués : Bob Shingleton, ancien producteur de la BBC et de chez EMI et animateur d’une des meilleures émissions de radio sur la musique contemporaine ainsi qu’Alex Ross, critique musical du New Yorker.


Ce dernier vient de faire paraitre une histoire fascinante de la musique du XXe siècle : « The Rest is Noise » - le reste n’est que bruit. Le titre est inspiré d’une remarque de John Cage qui disait que tout bruit que l’on écoute assez longtemps devient de la musique (mais fait aussi un clin d’œil au « le reste n’est que commentaires » d’Hillel bien connu des Talmudistes.)


Le livre de Ross est divisé en trois parties. La première « 1900 – 1933 » nous fait passer de l’époque où Mahler et Strauss représentaient une certaine avant-garde au monde de l’avant-guerre. La deuxième « 1933 – 1945 » nous décrit comment la musique a traversé la deuxième guerre mondiale que ce soient dans la Russie Stalinienne, l’Allemagne Nazie ou l’Amérique de Roosevelt. Dans la dernière partie « 1945 – 2000 », Ross nous fait parcourir les expérimentations des musiciens de l’école de Darmstadt, les liens toujours étroits entre musique et politique durant la guerre froide, les incertitudes et évolutions des grands survivants : Stravinsky, Schoenberg, Chostakovitch, la singularité de Britten, et surtout l’absence de distinction progressive entre les compositeurs classiques contemporains, le (bon) rock, jazz et R&B.


Les deux premières périodes nous sont familières mais Ross nous les fait redécouvrir par sa capacité remarquable de décrire ce que les différents styles musicaux peuvent contenir d’innovations et s’influencer entre eux (je vous renvoie en illustration à sa comparaison de la Cinquième Symphonie de Sibelius et du jazz de John Coltrane). Parler avec finesse et conviction de la musique n’est pas facile. Ross réussit à être passionnant sans pédantisme et sans trivialiser la musique qu’il évoque. L’autre découverte est de voir comment s’est bâti le monde musical américain dont la richesse reste finalement insoupçonnée de ce coté de l’Océan. Ross fait référence à toute une série de compositeurs peu ou pas joués en Europe: Virgil Thomson, Ned Rorem, Harry Partch, Morton Feldman, La Monte Young, Charles Wuorinen, Osvaldo Golijov, William Bolcom, Roy Harris ... (On peut par ailleurs regretter ou juste mentionner que Ross ne doit pas avoir eu l’occasion d’entendre la musique européenne et notre temps : Philippe Boesmans, Guillaume Connesson et Pascal Dusapin devraient figurer dans son ouvrage).


Il ne faut pas s’étonner qu’aujourd’hui que des villes comme Los Angeles sous l’impulsion d’Esa-Peka Salonen ou Boston avec James Levine soient devenues des centres aussi actifs de le création musicale de notre temps, il y a tellement de musique nouvelle à jouer. Il ne faut pas non plus être surpris qu’un moderniste passionné comme Gérard Mortier soit appelé pour diriger le New York City Opera en 2009 et qu’il prépare une saison où seront donnés Einstein on the Beach, Saint François d’Assise ou Nixon in China, un des plus grands chefs d’œuvre du siècle passé. Il est donc tout à fait logique que ce soit un critique américain qui nous offre un volume d’une telle qualité sur la musique de notre temps.


Antoine Leboyer

 

 

 

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