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Le mois du mélomane professionnel
12/01/2022




Le sort en est jeté. Je pars, chers lecteurs, et...


Mon dernier éditorial. L’âge et la santé m’y obligent. Pour prendre congé, j’ai envie de vous raconter trois événements qui ont marqué ma vie musicale.


Le premier a eu lieu en 1943. Je venais d’avoir 13 ans et mes parents m’ont offert un billet pour l’Opéra. C’était la première fois que j’allais à l’Opéra. C’était Carmen. Et en hébreu ! Inoubliable. Je n’arrêtais pas de le chanter après au point que mes camarades se sont mis à m’appeler Gigli, en hommage au grand Beniamino Gigli.
Dimanche 27 novembre, j’ai refermé la boucle avec Carmen à Bastille. Belle manière de faire ses adieux.


Deuxième événement. 1954. Le centre culturel américain du boulevard Raspail décide de monter Didon et Enée de Purcell. Etudiant en médecine, je n’ai pas arrêté mon travail sur le violon et je suis choisi pour le rôle de premier violon solo de la production. Des semaines de bonheur.


Troisième événement. 1980. Le festival d’Anjou décide de me confier un travail formidable. Travailler L’Apocalypse d’Angers et y ajouter une musique originale. Il faut que ce travail permette aux visiteurs de la salle de suivre l’Apocalypse en la parcourant, la salle où se trouvent les magnifiques tapisseries murales au château d’Angers. L’idée était de réunir le texte du IIe siècle, les tapisseries du XIVe et la musique du XXe. Pour mon grand bonheur, tout cela me permet de faire la connaissance de Denis Dufour et de la musique acousmatique. Quel enrichissement de ma vie musicale ! J’ai trouvé une musique d’une richesse incroyable qui permet la méditation comme rien d’autre. Denis compose une partition riche et émouvante et me confie l’honneur d’être le lecteur du texte et de sonner de la corne du bélier qui fait partie de la partition. Il y a quelques semaines, Denis a publié un coffret de ses œuvres acousmatiques en seize disques. L’ensemble est de toute beauté et on peut passer des heures à l’écouter en boucle et en se promenant dans tous les domaines de l’imaginaire humain. Vous trouverez l’Apocalypse au CD 13.


J’ai eu énormément de plaisir à venir tous les mois pour vous parler musique et je vais terminer mon travail par le mot hébraïque qui termine l’Apocalypse : AMEN.


Benjamin Duvshani

 

 

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