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Le Festival de quatuors en Pays de Fayence
09/13/2021


Le Quatuor Danois (© Festival de quatuors à cordes en Pays de Fayence)


La victoire des quatuors


Chaque année depuis trente-trois ans, les amateurs de quatuors à cordes se retrouvent dans le Haut-Var vers la fin de l’été. Le Festival de quatuors à cordes en Pays de Fayence leur ouvre les bras. Les festivals de quatuors sont rares en France et en Europe. Celui-ci vient à point nommé. Au bonheur de la musique s’ajoute le plaisir du tourisme. Car, pour atteindre les «villages perchés» qui couronnent les collines du Haut-Var, on emprunte des routes sinueuses qui traversent des vignobles dont les feuilles dorées annoncent l’automne proche, ou des forêts de chênes dont les branchages jouent en clair-obscur avec la douce lumière de la fin de l’été. Le festival, créé il y a trente-trois ans par un amateur de quatuors, Daniel Bizien, est maintenant entre les mains du violoncelliste Frédéric Audibert. Dans les vieilles pierres de ses églises romanes, il a accueilli les plus grands quatuors du monde.


L’édition 2021 du festival vient de s’achever. Tout a commencé à Tourrettes, ce village qui affirme son amour de l’art en présentant en pleine rue des tableaux et des fresques sur ses murs. La célèbre violoniste baroque Amandine Beyer nous prouva avec son Quatuor Kitgut que, lorsqu’on a du style, on peut faire entendre des quatuors romantiques sur des cordes en boyaux. Mais les deux sommets ont été atteints par le Quatuor Danois dans le village de Callian et le Quatuor Belcea dans celui de Seillans.


L’interprétation que les Danois donnèrent du Quinzième Quatuor de Schubert fut d’une délicatesse, d’une musicalité, d’une pureté absolues. Leurs traits, leurs phrasés sont d’une exquise finesse. Il n’y a aucune dureté dans leur jeu, même dans les forte exacerbés. Les quatre (jeunes) hommes qui composent cet ensemble n’ont pas besoin de se regarder; ils se «ressentent» les uns les autres dans leurs moindres intentions musicales, ils respirent comme s’ils n’étaient qu’un. Ils donnent une image musicale de la perfection.


Dans un genre plus lyrique, plus extraverti, voici les Belcea. Ils ont été entendus à Seillans – ce village d’artistes où Max Ernst passa les dernières années de sa vie. Ils représentent l’Europe: une violoniste roumaine, un autre allemand, un altiste polonais, un violoncelliste français. Tout cela fonctionne idéalement. Ah, s’il pouvait en être de même au Parlement européen! Leur Vingt-troisième Quatuor de Mozart eut la dimension d’un opéra. Leur Quatorzième Quatuor de Chostakovitch fut d’une bouleversante intensité. Quant à leur Quatuor «La Jeune Fille et la Mort» de Schubert, ce fut une vraie épopée! Tout cela fut grandiose et bouleversant – en plus d’être d’une maîtrise technique absolue.


On aurait pu entendre un tel concert sur la scène de la Philharmonie de Berlin ou de Vienne. C’était tout simplement dans une église du Haut-Var, par une douce fin d’été...


André Peyrègne

 

 

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