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Le mois du mélomane professionnel
01/01/2021



Cet éditorial aurait dû être consacré à un bilan de l’année 2020, à la musique à l’ombre de la covid-19, à l’année Beethoven et à bien d’autres choses. Mais la mort d’Ivry Gitlis a tout changé. Une amitié de soixante-dix ans qui s’arrête brutalement. Je le voyais déjà centenaire. Encore un peu et c’était fait. Mais non, le destin ne l’a pas voulu.


J’ai fait la connaissance d’Ivry en 1951 au concours Jacques Thibaud où, injustement, il n’a pas eu le premier prix. Le récital à Gaveau qui a suivi a été la preuve de cette injustice. C’est là où j’ai fait la connaissance de la Sonate pour violon seul de Bartók, un moment important pour chaque violoniste. On craignait tant que le XXe siècle voie la fin de la primauté du violon dans la musique et Bartók, avec ses concertos et ses sonates, a prouvé le contraire. Ivry fut l’un de ceux qui ont permis au violon de rester le roi de l’orchestre. Il y avait aussi le Concerto «A la mémoire d’un ange» de Berg qu’il interprétait mieux que les autres. J’ai nommé les deux œuvres qui lui doivent la reconnaissance de tous.


J’ai tant de souvenirs. Le jour où il m’a emmené chez Vatelot pour que je choisisse un nouveau violon et où j’ai eu le bonheur de jouer sur un Stradivarius que, malheureusement, je n’ai pas pu acheter. Il m’a consolé. Mille autres souvenirs, tous plus émouvants les uns que les autres. Toute notre collaboration dans le cadre des activités d’Emuna. Un souvenir «technique» du jour où l’on discutait de l’absence d’un thème violent dans le premier mouvement du Concerto de Beethoven pour la partie soliste. Pourquoi Beethoven l’a-t-il réservé à l’orchestre? Les cadences qui utilisaient ce thème avaient-elles raison? J’argumentais sur un thème d’une douceur infinie que le violon jouait mais pas l’orchestre. Un respect que Beethoven avait pour le violon, non violent? Je suis content d’avoir quand même mentionné le grand Beethoven dans cet éditorial. Je n’ai commencé à jouer du violon qu’après avoir entendu son concerto.


Il est en bonne compagnie là-haut avec Huberman, Enesco, Heifetz, Paganini et tous les autres qui, ensemble, accompagnent le chant des anges.


2021 arrive. Pour moi, c’est le soixante-dixième anniversaire de la disparition de Schönberg. Il était le président d’honneur de l’Académie de musique de Jérusalem quand j’y ai fait mes études. Dans mon programme «Musique du XXe siècle» sur RCJ, je vais ajouter chaque semaine une œuvre du maître. Comme une année compte cinquante-deux semaines, je réussirai à faire entendre presque toute son œuvre.


Bonne année à tous. Le cœur est un peu lourd mais la vie doit prendre le dessus.


Benjamin Duvshani

 

 

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