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Le mois du mélomane professionnel
11/01/2020




Comme septembre était le mois de la liturgie, j’étais tellement absorbé par la musique chantée que j’ai décidé de consacrer octobre à l’opéra. A part les mises en scène aberrantes qu’on nous sert depuis quelques années et qui m’ont éloigné des salles d’opéra, j’y aime tout. J’ai pris même l’habitude d’écouter sans regarder.


J’ai sorti tout ce que j’avais sur le sujet et ai commencé à feuilleter. Un travail énorme qui nécessitait des choix. J’ai vite compris que je ne pourrai pas raconter tout, donc, que je serai obligé de limiter mon propos à l’opéra depuis le début jusqu’à la fin du XIXe, gardant le XXe pour le 1er décembre.


Allons en promenade. Le tout débute avec Jacopo Peri et Dafne en 1598, Caccini et Eurydice en 1600 et Monteverdi et son Orfeo en 1607. Après, il y a eu Le Retour d’Ulysse dans sa patrie et Le Couronnement de Poppée du même Monteverdi avec la magnifique berceuse d’Arnalta et la mort de Sénèque. Et les autres, Purcell et Didon et Enée et l’air de la mort de Didon, certainement un des plus beaux airs d’opéra de tous les temps. Et Lully, et j’en oublie. Passons au XVIIIe siècle. Rameau, Haendel et ses quarante-trois opéras, Gluck et encore le thème d’Orphée et Eurydice et, surtout, le grand Mozart. Les Noces de Figaro, Don Giovanni, Così fan tutte et La Flûte enchantée et les autres. Arrivés au XIXe, la tête tourne face à l’abondance. En Italie, Rossini, Bellini avec Norma, magnifique opéra et le magnifique «Casta diva», Donizetti et Lucia de Lammermoor et même L’Elixir d’amour et son «Una furtiva lagrima», capable de tirer des larmes chaque fois que l’on l’écoute. Et le grand Verdi. Nabucco, Macbeth et son air de Macduff, Otello et le saule de Desdémone, et tous les autres. Le plus beau film-opéra, La Traviata de Zefirelli. La France, avec Berlioz et Les Troyens et, encore, la mort de Didon, et les autres, Gounod, Massenet, Bizet avec Carmen, l’opéra le plus joué au monde, Saint-Saëns et Samson et Dalila. Les trois compositeurs juifs français, Meyerbeer, Halévy et sa Juive (allez sur YouTube pour écouter «Rachel, quand du Seigneur» de Vienne avec Schicoff. N’oubliez pas les mouchoirs), et Offenbach, avec son rêve réalisé d’un «grand» opéra, Les Contes d’Hoffmann. Et puis, l’Allemagne, avec Beethoven et son unique opéra, Fidelio et ses quatre ouvertures, Weber et le grand Wagner (le Ring, Tristan et Isolde, Parsifal). Les Russes, avec Tchaïkovski, Moussorgski, avec le magnifique Boris Godounov, Rimski-Korsakov. Et tout cela en attendant la richesse de la fin du XIXe et le XXe.


Puisque vous avez deviné la part très subjective de tout ce que je viens d’écrire, je vais aller plus loin dans les confidences et vous raconter mes souvenirs marquants d’opéra.


1943, j’ai 13 ans et mes parents m’offrent comme cadeau d’anniversaire une place à l’opéra. Ce fut Carmen en hébreu. Quelques nuits sans sommeil avant et quelques autres après. Pas étonnant que je connaisse si bien cet opéra que je n’ai cessé d’aimer depuis. Au lycée, je chante tout le temps l’air du toréador (mot qui n’existe pas en français, qui l’appelle torero). Mes amis me collent un surnom, Gigli, que je garde pendant toutes mes années de lycée, en référence au grand Beniamino. 1949, mon premier film-opéra. C’est Rigoletto de Verdi avec Tito Gobbi dans le rôle-titre. Une merveille. En 1954, je suis premier violon solo dans la production de Didon et Enée de Purcell au Centre culturel américain, boulevard Raspail. On ne jouait pas Wagner en Israël: je suis donc resté de longues années avant de le connaître. Quand, enfin, je m’y suis mis, ce fut un tsunami. Assez rapidement, je suis devenu très savant en la matière. Un week-end, je me suis offert le Ring en entier. Samedi soir L’Or du Rhin, dimanche matin La Walkyrie, dimanche après-midi Siegfried et dimanche soir Le Crépuscule des dieux. Tout cela avec L’Avant-Scène Opéra et le commentaire de Boucourechliev. Ce n’est qu’en 1990 que je me suis offert mon premier «Bayreuth». Il y a eu cette époque où on allait à Bruxelles à la Monnaie le dimanche. Déjeuner dans le train, opéra l’après-midi et dîner dans le train du retour. Dès que j’ai commencé mes émissions sur la musique à RCJ, c’était toutes les premières de l’Opéra des Flandres, soit à Anvers, soit à Gand. En 2004, je suis à Prague où je vois un très beau Don Giovanni dans la salle même où il a été créé. Ce fut, après cette représentation, mon premier article pour Concertonet.


Pour terminer, le jeu de l’île déserte. Un opéra par siècle. Pour le XVIIe, c’est Le Couronnement de Poppée. Pour le XVIIIe, Don Giovanni. Pour le XIXe, Tristan et Isolde et pour le XXe, Wozzeck de Berg. Je me souviens du jour où je l’ai entendu pour la première fois et de mes larmes à la cinquième scène du troisième acte.


Et si vous me demandez quel est l’opéra que j’aime le plus, c’est sans hésiter La Walkyrie de Wagner. Je rêve d’en faire un jour un film-opéra.


Oui, je sais, le confinement est insupportable et les jours diminuent de longueur sans arrêt mais je vous promets que le printemps viendra et que nous finirons par vaincre la covid-19.


Benjamin Duvshani

 

 

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