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CD, DVD et livres: l’actualité de juin
06/15/2019



Les chroniques du mois



Must de ConcertoNet


    F. Bernius dirige la Missa solemnis


    Les Huguenots à L’Avant-Scène Opéra


    L’Ensemble vocal de la SWR




 Sélectionnés par la rédaction


    Berlioz de Bruno Messina


    György Vashegy dirige Stölzel


    David Hill dirige Stanford


    Harry Christophers dirige Poulenc


    György Vashegy dirige Naïs


    Les Surprises interprète Les Eléments


    HK Gruber dirige Le Procès d’Einem





 Oui !

M. Offenbach nous écrit présenté par Jean-Claude Yon
V. Handley dirige Stanford
C. Thielemann dirige le Requiem de Verdi
Michael Schneider dirige Abel
L’Ensemble Marsyas interprète Barsanti et Haendel
L’ensemble Concerto Köln interprète Gossec
Le Quatuor David Oïstrakh
Jean-Pierre Rampal à Prague (1956-1959)
Kirill Kondrachine dirige Chostakovitch
Anthologie Christian Ferras
Le Comte de Luxembourg de Lehár (1972)



Pourquoi pas ?

Réflexions et souvenirs de Rachmaninov
Die Dollarprinzessin de Fall (1971)
Ludwig Güttler dirige M. Haydn
La Défense d’aimer de Wagner à Madrid (2016)



Pas la peine

Matthias Stoffels dirige Kiel
Roland Pidoux interprète J.-L. Duport



Hélas!

Le corniste Alessandro Denabian
Antonio Fogliano dirige Sigismondo de Rossini





En bref


La découverte Barsanti
Un Wagner de jeunesse
Un Lehár à redécouvrir
Leo Fall n’est pas Lehár
Le geste fougueux de Kondrachine
A quand un autre disque d’Abel?
La justesse problématique du cor naturel
On reviendra toujours à Christian Ferras
Jean-Pierre Rampal à Prague: pour le meilleur
Gossec sublimé
Un programme inégal du Quatuor David Oïstrakh
Sigismondo, oubli rossinien parfaitement compréhensible
Jean-Louis Duport attendra
Un requiem anecdotique
Le frère cadet de Haydn en routine



La découverte Barsanti





Même si, sur la couverture, son nom figure à côté de celui de Haendel, c’est bien Francesco Barsanti (1690-1775) qui constitue l’intérêt de ce disque intitulé «Edinburgh 1742», excellemment réalisé par l’Ensemble Marsyas dirigé par Peter Whelan. Le fait que Barsanti, originaire de la ville italienne de Lucques mais dont l’essentiel de la carrière s’est accomplie à Londres puis Edimbourg, ait été un flûtiste et hautboïste virtuose explique en partie sa petite notoriété comme en témoignent plusieurs disques de concerti grossi (dès 1955 chez L’Oiseau-Lyre), de concertos pour trompette ou d’œuvres diverses pour flûte (avec des disques signés Frans Brüggen en 1982 ou Giovanni Antonini dix ans plus tard). En l’espèce, c’est le cor qui est à l’honneur au fil de cinq concerti grossi enthousiasmants, tous issus de l’Opus 3. Dès l’Allegro l’Opus 3 n° 3, les deux cors font montre d’une dextérité à toute épreuve, la vivacité du ton se retrouvant dans un Menuet conclusif très dansant, qui se caractérise notamment par des timbres des plus originaux. L’Allegro du Concerto opus 3 n° 2 est le mouvement le plus formidable de tout le disque avec une verve étourdissante où les cors cuivrent à qui mieux mieux (excellents Alec Frank-Gemmill et Joseph Walters), le second Allegro du Concerto opus 3 n° 1 imposant pour sa part un climat tout militaire où le côté martial des cors et des timbales s’oppose avec beaucoup d’ingéniosité à la souplesse des cordes. Si le reste des œuvres de Barsanti présente un peu moins d’intérêt (signalons néanmoins le très bel Andante Largo du Concerto opus 3 n° 5 où les cordes s’avèrent remarquables, ainsi que cette Collection of Old Scots Tunes aux agréables timbres écossais ou irlandais), il n’en demeure pas moins que voilà un bien beau disque pour qui souhaiterait découvrir ce compositeur. Pour l’accompagner donc, Händel avec trois œuvres (ou extraits) mettant à leur tour le cor en valeur, notamment dans le célèbre air tiré d’Alcina «Sta nell’Ircana pietrosa tana» chanté par la jeune mezzo Emilie Renard, bien connue pour avoir été l’élève de William Christie au sein du «Jardin des voix» et rester aujourd’hui l’une de ses interprètes récurrentes. Un agréable complément mais peut-être eût-il été judicieux de plutôt graver un autre concerto de Barsanti qui mérite sans aucun doute une prompte découverte (Linn CKD 567). SGa




Un Wagner de jeunesse





En 2016, le Teatro Real a monté La Défense d’aimer (1836). Ce spectacle, au sens propre du terme, haut en couleurs révèle la valeur musicale et le potentiel théâtral de cet opéra de jeunesse. Vif et plaisant, cet ouvrage rare, dans le sillage d’Auber et Donizetti, porte en germe le génie musical de Wagner. Décalée, mais respectueuse, la mise en scène et de Kaspar Holten hume l’air du temps et joue la carte de l’anachronisme et du burlesque, même si la référence à Angela Merkel à la fin est dispensable. Cette comédie romantique à l’argument prêtant un peu à sourire comporte tout de même des longueurs que les chanteurs parviennent difficilement à gommer. Cela étant, la distribution laisse peu à désirer, et le niveau moyen de l’ensemble compense la voix un peu astringente et le chant peu raffiné de Manuela Uhl (Isabella) et la prestation en demi-teinte de Christopher Maltman, moins percutant en Friedrich que l’impeccable Ante Jerkunica en Brighella. Nous relevons aussi le Luzio racé de Peter Lodahl et le Claudio tout de probité d’Ilker Arcayürek. Ivor Bolton dirige un orchestre énergique, mais parfois pesant et un peu trop terne, cette musique pleine de talent nécessitant du brillant et de la légèreté (Opus Arte OA 1191 D). SF




Un Lehár à redécouvrir





Créé au Theater an der Wien en 1906, Le Comte de Luxembourg, aujourd’hui devenu une rareté, fut un des plus grands triomphes de Franz Lehár. Toute l’Allemagne, Londres (le roi George V et la reine Mary assistèrent à la première londonienne sous la direction du compositeur), New York et Paris suivirent. Son intrigue invraisemblablement vaudevillesque est parfaitement adaptée au moule de l’âge d’or de l’opérette viennoise. Rééditée avec une scandaleuse pauvreté d’informations (la distribution tout de même!), cette production télévisée Unitel adaptée par Hugo Wiener a été luxueusement tournée en studio en 1972. La distribution est assez prestigieuse avec des chanteurs d’opéra: Eberhard Wächter et Lilian Sukis dans les deux rôles principaux et des célébrités viennoises comme Erich Kunz, Peter Fröhlich et Helga Papouschek. La direction musicale de Walter Goldschmidt et la mise en scène de Wolfgang Glück font un sans faute de ce film, un des meilleurs de la série Unitel avec Amour tzigane. Ce film est en concurrence avec la captation de l’œuvre aux Seefestspiele de Mörbisch (2006, VideoLand Klassik) dans une version très enrichie d’ajouts, mise en scène par Dietmar Pflegerl et dirigée par Rudolf Bibl, dans laquelle l’intendant Harald Serafin est impayable dans le rôle du prince Basil Basilovitch, et avec une captation au Theater an der Wien (2005, cpo) assez richement montée avec Bo Skovhus et Juliane Banse (Arthaus Musik 109312). OB




Leo Fall n’est pas Lehár





C’est, avec ce film réalisé en Allemagne par Unitel pour la télévision en 1971 d’après l’opérette de Leo Fall (1873-1925) Die Dollarprinzessin, à la fois une aubaine et une déception. Aubaine car cette opérette qui vit le jour au Theater an der Wien en 1907, avec rien moins que Mizzi Günther, créatrice de la Veuve joyeuse de Lehár, est devenue une rareté absolue même dans les lieux dédiés à ce genre lyrique et s’est effacée devant sa très rapide adaptation anglaise en 1908 puis américaine en 1909 (avec des ajouts signés Jerome Kern) sous le nom de The Dollar Princess. Londres et Broadway l’ont légitimement tirée vers le musical. Et c’est un peu le travers de cette adaptation pour la télévision de Bert Dreyer d’avoir mis la version originale viennoise (qui reste une absente des catalogues) au goût du jour des années soixante-dix. Déception donc, car on est vraiment assis entre deux chaises. Le ton n’est plus vraiment viennois car l’intrigue se passe en Amérique et le seul élément Mitteleuropa du livret, assez comique d’ailleurs, est que le millionnaire américain Couder emploie à son service uniquement des membres de la noblesse européenne désargentée. Le reste de l’action, qui entremêle trois intrigues amoureuses, est purement américain mais ne possède ni le savoir faire ni le charme des musicals authentiquement américains. En cela, c’est certainement la plus faible des réalisations d’opérettes viennoises d’Unitel que réédite Arthaus Musik sur DVD avec une documentation réduite à l’essentiel. Mais, comme toujours, Unitel fait bien les choses et le résultat, autant pour la direction musicale de Bert Grund que pour la réalisation du film de Klaus Uberall, est excellent d’autant que la distribution réunit une équipe de comédiens allemands et autrichiens réputés à l’époque, dont Gerhart Lippert (qui fut des fameuses séries télévisées Der Bergdoktor et La Clinique de la Forêt-Noire). Tatjana Iwanow, Gabrielle Jacoby et Regina Lemnitz, qui tiennent les rôles féminins principaux, étaient aussi des comédiennes très appréciées de la télévision autrichienne. Au point que l’on peut se demander si les rôles ne sont pas doublés, mais faute d’indication, on en reste au bénéfice du doute... Le film contient cependant de bons moments, les costumes sont luxueux, la chorégraphie efficace, certains numéros musicaux sont bons, mais rien d’immortel, Fall n’étant pas Lehár (109311). OB




Le geste fougueux de Kondrachine





Rien de nouveau avec cette réédition, mais ceux qui ne connaissent pas le geste fougueux de Kirill Kondrachine doivent se précipiter sur cette aubaine: en réunissant les Quatrième et Neuvième Symphonies de Chostakovitch, ainsi que la rare cantate L’Exécution de Stepan Razine (1964), Urania fait preuve d’un bel opportunisme, quelques années après le coffret de l’ensemble du legs symphonique enfin rendu par Melodiya. Les deux symphonies ici réunies, ainsi que la cantate, sont précisément les premières œuvres enregistrées par Kondrachine en 1962, 1965 et 1966, alors que son intégrale se poursuivra jusqu’en 1975 avec la Quinzième Symphonie. Le chef russe offre une lecture d’une extrême lisibilité, soignant l’expression des couleurs dans le moindre détail. Sans jamais sacrifier à l’élan global, il marque les scansions d’un ton souvent abrupt, avec des attaques franches et viriles, opposant les pupitres entre eux en des joutes excitantes. Le résultat global obtenu, avec un splendide Orchestre philharmonique de Moscou, rend ces œuvres plus modernes encore, en exaltant les différentes mélodies entrecroisées, sans privilégier l’une sur l’autre. Ce disque est aussi à chérir pour la cantate interprétée par la basse Vitali Gromadski, celui-là même qui créait la Treizième Symphonie «Babi Yar» en 1962. Cet interprète hors norme fait l’étalage de sa grande classe dans cet enregistrement dont seul le chœur déçoit en partie, en raison d’une captation un peu lointaine et d’une saturation dans les tutti. De bien infimes réserves pour ce double disque que l’on recommande vivement (album de deux disques Urania Arts WS 121.333-2). FC




A quand un autre disque d’Abel?





Fort connu pour son instinct de défricheur et ses talents tant de flûtiste que de chef d’orchestre, Michael Schneider et son superbe ensemble La Stagione de Francfort nous proposent de nouveau ici une réalisation enthousiasmante. Ces six Symphonies opus VII de Carl Friedrich Abel (1723-1787), enregistrées à la fin du mois de mars 2015, ne méritent sans doute pas d’être portées au pinacle mais comment ne pas être séduit pas ces partitions enthousiasmantes? Si le troisième mouvement de la Symphonie en ré majeur évoque fortement Haydn, le premier mouvement de celle en si bémol majeur renvoie davantage aux compositeurs de l’école de Mannheim (la Symphonie en sol majeur d’Anton Fils par exemple avec ce fourmillement jubilatoire du clavecin). Abel met parfaitement en valeur chaque pupitre, donnant une certaine préférence aux vents, comme ce beau contraste entre les sons filés des hautbois et les motifs dévolus aux cordes (mouvement lent de la Symphonie en sol majeur) ou, dans le dernier mouvement de la même œuvre, entre les cors et les cordes, le premier mouvement de la Symphonie en mi bémol majeur privilégiant quant à lui à la fois les cors et les bassons. Michael Schneider dirige chaque symphonie avec une grande fraîcheur, veillant à la finesse des nuances et aux contrastes tant dans le rythme (le dernier mouvement de la Symphonie en ut mineur) que dans les sonorités: de quoi justifier l’écoute de ce disque qui dévoile un nouveau pan de cette musique orchestrale du XVIIIe si foisonnante (CPO 777 993-2)! SGa




La justesse problématique du cor naturel





On ne pouvait que se réjouir d’un aussi beau programme de musique de chambre intitulé «Paris 1804» dédié aux compositeurs en vue sous Napoléon, de Luigi Cherubini (1760-1842), avec deux sonates, à Antoine Reicha (1770-1836), avec son Grand Quintette opus 106, sans parler du méconnu Louis François Dauprat (1781-1868), corniste ancien élève de... Reicha, avec son Quintette opus 6 n° 3. Las, l’idée d’interpréter ce répertoire sur cor naturel révèle toute la verdeur de cet instrument sans pistons, mettant en péril Alessandro Denabian à plusieurs reprises. La justesse en souffre en maints endroits, ce que ne rattrape qu’imparfaitement un Quartetto Delfico au son bien étriqué. Un disque à éviter (Passacaille PAS1032). FC




On reviendra toujours à Christian Ferras





N’oublions jamais Christian Ferras, qu’une mort volontaire nous enleva à 49 ans, rongé par le doute, la dépression, l’alcool. Il fut non seulement «le» violoniste français de sa génération, mais un des plus grands de son temps. Son jeu alliait l’incandescence à la pureté. Cela n’échappa pas à Herbert von Karajan, qui, chez Deutsche Grammophon, grava avec lui les grands concertos du répertoire – Beethoven, Brahms, Sibelius et Tchaïkovski – et l’invita au premier festival de Pâques de Salzbourg, en 1967, pour un concert Bach. La firme allemande avait réédité, en un coffret, tous ses enregistrements. EMI, auparavant, en avait réuni un certain nombre dans sa série «Les Introuvables». Les voici désormais à l’intérieur d’un coffret «Icon», complétés par d’autres: on dispose ainsi de l’intégrale des gravures Telefunken et HMV (La Voix de son maître). «Les Introuvables» allaient de 1957, date de la signature de son contrat, à 1963. Alors que ses premiers pas discographiques s’effectuèrent chez Decca, «Icon» remonte à 1953, où Telefunken lui confiait le Printemps de Beethoven et la Troisième Sonate pour violon et piano de Brahms, et s’arrête au Concert de Chausson, gravé en 1968. Précieuse, admirable somme, témoignage d’un art plein d’exigence et de ferveur. On y retrouve par exemple les Sonates de Beethoven avec l’admirable Pierre Barbizet, son pianiste attitré – côté français, il y avait eux et, au même sommet, Zino Francescatti et Robert Casadesus –, un Double Concerto de Brahms en compagnie de Paul Tortelier, un Double Concerto de Bach dirigé et joué par Menuhin, le Concerto de Chambre de Berg... Tout se situe toujours au plus haut. Quatre coups de cœur parmi d’autres, forcément subjectifs? La Septième Sonate de Beethoven, la Troisième d’Enesco, qu’il désignait comme son seul vrai maître, le Concerto pour violon de Berg, vraiment «à la mémoire d’un ange», sous la direction d’un Georges Prêtre inspiré et pas forcément attendu ici, le Concert de Chausson. Possédez-vous le coffret DG? Ne craignez pas les doublons, passionnants, même pour les Concertos. Si Karajan était Karajan, Sir Malcolm Sargent (Beethoven) ou Constantin Silvestri (Tchaïkovski) étaient en effet de magnifiques chefs, trop oubliés aujourd’hui. On reviendra toujours à Christian Ferras (coffret de treize disques Warner Classics 0190295763084). DvM




Jean-Pierre Rampal à Prague: pour le meilleur





Voilà une réédition que les fins connaisseurs de Jean-Pierre Rampal (1922-2000) devaient attendre depuis longtemps: «Jean-Pierre Rampal in Prague. The Complete Supraphon Recordings» présente l’intégrale des enregistrements réalisés pour l’éditeur tchèque entre 1956 et 1959. On retrouve là une grande place laissée au XVIIIe siècle, dont une première en disque compact pour la Sonata da camera n° 3 et le Concerto en ré majeur de Franz Xaver Richter (1709-1789), alors que le répertoire contemporain cher à Rampal, avec Prokofiev et le local Jindrich Feld (1925-2007), n’est pas oublié. On ne saurait sous-estimer l’apport du Concerto pour flûte de Feld, composé en 1954, qui débute sur une maestria orchestrale marquante dans ses scansions entêtantes, avant que la flûte en solo baigne le premier mouvement d’un climat étrange, irréel et transparent. Le piano se montre très présent tout au long de l’œuvre, dont on retiendra le beau Largo tragique qui rappelle Chostakovitch. Le finale, très élaboré, reste sur cette note dramatique mais toujours lumineuse. Malgré un enregistrement un peu acide, Rampal fait étalage de sa grande classe dans cette œuvre, bien épaulé par la direction attentive de Václav Jirácek avec rien moins que l’Orchestre philharmonique tchèque. Plus connue, la Sonate de Prokofiev doit sa renommée à son adaptation pour violon réalisée seulement un an après sa création par David Oïstrakh, en 1944. L’élan général est plus narratif que dans l’œuvre précédente, avec une élégance ravélienne de toute beauté. Le piano cristallin d’Alfréd Holecek fait merveille, tandis que Rampal se montre un peu sage dans le finale. Toutes les œuvres du XVIIIe siècle gravées ici sont aussi à chérir vivement. On se précipitera sur la Sonate en fa majeur et le Concerto en mi mineur de Benda, tous deux très inspirés dans leur ton lumineux et fougueux, même si l’on note quelques raideurs dans le mouvement lent du concerto. Richter est plus classique en comparaison, porté par la direction vibrante et anguleuse de Milan Munclinger dans le concerto, et ce malgré un manque de couleurs dû à la qualité moyenne de la prise de son. On notera enfin le superbe Andante du Concerto en ré majeur de Rossetti (1750-1792), mis en valeur par la direction passionnante de Martin Turnovský, tandis que le Concerto en sol de Carl Stamitz (1745-1801) n’est pas en reste avec ses nombreux dialogues stimulants entre flûte et orchestre. Václav Neumann, très en forme, se déchaîne dans un finale dantesque où il opte pour un ton péremptoire bienvenu. Une somme essentielle pour tous les amateurs du grand flûtiste français (coffret de deux disques SU 4217-2). FC




Gossec sublimé





Dès sa sortie en 2003, le disque consacré par le Concerto Köln à plusieurs symphonies de François-Joseph Gossec (1734-1829) avait été unanimement salué, complétant le très beau disque réalisé par Matthias Bamert et ses London Mozart Players (Chandos, 1998) et précédant les tout aussi réussis opus signés Guy Van Waas (Ricercar, 2006). La réécoute du disque du Concerto Köln ne cesse d’éblouir. La vivacité rythmique, la beauté des timbres, la truculence des cors (le premier mouvement de la Sinfonia en do mineur à partir de 3’05) ne cessent d’emporter l’auditeur dans un tourbillon sonore où tout n’est qu’harmonie. Dans un climat très Sturm und Drang, l’ensemble allemand, dont on connaît les réussites dans ce type de répertoire, sait parfaitement varier les atmosphères (la douceur des cordes aux côtés des sons filés des vents dans le deuxième mouvement de la symphonie précitée, la verve des cors dans le premier mouvement de la Symphonie «La Chasse» dont la célèbre mélodie sera notamment reprise par Méhul dans l’Ouverture de La Chasse du jeune Henri, le deuxième mouvement de la Sinfonia concertante où s’illustrent notamment le violon et la flûte solos). Il faut dire que l’usage par Gossec d’un nombre impressionnant d’instruments (cordes, clarinettes, hautbois, flûtes, cors, trompettes dans la Sinfonia concertante) permet de satisfaire toutes les oreilles, lesquelles seront notamment comblées par le mouvement conclusif de la Sinfonia concertante: jubilatoire! Un maître-disque pour qui aime ce répertoire et souhaite découvrir Gossec, injustement oublié (Capriccio C 8019). SGa




Un programme inégal du Quatuor David Oïstrakh




Après un premier disque consacré à Tchaïkovski et Chostakovitch, le Quatuor David Oïstrakh nous revient avec toute la fougue qu’on lui connaît. Constituée en 2012, la formation a pris le nom du célèbre violoniste russe dans la foulée du prix remporté par son premier violon, Andrey Baranov, au concours Reine Elisabeth, soixante-quinze ans après son aîné! Avec le Premier Quatuor, le plus célèbre de Grieg, les interprètes font valoir de superbes couleurs en des tempi allants: la qualité de l’enregistrement ressort immédiatement, autour d’une résonnance très à-propos. La sensibilité narrative donne un sentiment d’urgence à cette lecture excitante, offrant de très beaux contrastes et ralentissements dans la conduite du discours d’ensemble. On soulignera aussi la qualité des transitions, très soignées. Le Quatuor opus 13 de Mendelssohn convient moins à cette lecture extérieure qui continue d’avancer mais manque de respiration. L’attention aux contrechants donne toutefois au mouvement lent une intensité et une gravité de belle facture, même si le Scherzo retombe dans les travers d’un jeu à la limite de la superficialité. Un disque inégal, qui se conclut par la dispensable adaptation du Vingtième des Caprices de Paganini par Fedor Belugin, l’altiste de la formation russe (Muso MU-021). FC




Sigismondo, oubli rossinien parfaitement compréhensible




Dans sa Vie de Rossini, Stendhal ne mentionne pas Sigismondo, si ce n’est pour dire qu’il n’a jamais pu avoir de détail sur cet opéra seria dont la création vénitienne au lendemain de la Noël 1814 se caractérisa par l’ennui évident du public. S’inspirant en partie de L’inganno felice et reprenant l’Ouverture du Turc en Italie, l’œuvre bénéficie déjà d’une version discographique dirigée par Richard Bonynge (enregistrée en janvier 1995 et parue chez Bongiovanni) ainsi que d’une version filmée issue de l’édition 2010 du Festival Rossini de Pesaro (sous la direction de Michele Mariotti chez Arthaus Musik). La présente version, enregistrée en concert en juillet 2016 au festival allemand Rossini in Wildbad s’imposait-elle? Car, au-delà de l’ennui certain que suscite cette partition, le plateau ne se montre guère à la hauteur. Commençons, comme nous y invite l’Ouverture, par l’orchestre qui, s’il permet de temps à autre à la petite harmonie de s’illustrer, s’affirme néanmoins comme un orchestre de seconde zone, peu flatté il est vrai par la prise de son et dirigé de façon totalement absente par Antonio Fogliano. Plus d’une fois, les musiciens sont à la peine (l’accompagnement du finale du premier acte «Quale, o ciel, d’idee funeste») ce qui, chez Rossini, ne pardonne pas, faisant ainsi perdre à ce passage toute la verve requise. Dans le rôle-titre, Margarita Gritskova a du mal: voix parfois poussive (son premier air à l’acte I ou le duo «Come!... Tomba di morte» au second acte), souffle souvent court et technique perfectible ne suffisent pas à enlever un rôle qui, sans être des plus virtuoses, requiert néanmoins des moyens absents ici. Dans le rôle d’Aldimira, Maria Aleida s’en sort mieux même si, là encore, pas d’interprétation inoubliable; pour autant, la cavatine du premier acte («O tranquillo soggiorno») est bien faite, ne requérant il est vrai guère de virtuosité vocale hormis sur la fin. Kenneth Tarver (Ladislao) et César Arrieta (qui interprète Radoski, son confident) se défendent bien (l’air «Misero me!» de Ladislao au second acte) et, même si Tarver manque parfois de stabilité dans le chant, les deux voix masculines sont plutôt convaincantes. Le reste de l’équipe est, à l’image du chœur, assez neutre et, comme en témoignent des applaudissements très mécaniques du public, ne suffisent pas à racheter une interprétation globalement moyenne. La réhabilitation de Sigismondo, si tant est qu’elle soit nécessaire, devra encore attendre (album de deux disques Naxos 8.660403-04). SGa




Jean-Louis Duport attendra





C’est peu dire que le nom de Jean-Louis Duport (1749-1819) reste en grande partie oublié de nos jours, au disque comme au concert, et ce malgré quelques apparitions épisodiques rappelant sa maîtrise virtuose du violoncelle (voir notamment en 2009 avec Jean-Guihen Queyras). On se gardera de ne pas confondre ce compositeur avec son frère aîné Jean-Pierre, plus connu grâce aux Variations sur un menuet de Duport écrites par Mozart en 1789 et qui perpétue encore son nom. Il s’agit semble-t-il du second disque consacré aux concertos pour violoncelle de Jean-Louis Duport, après celui dédié aux trois derniers par Peter Hörr et la Hofkapelle de Weimar, à l’interprétation autrement plus dramatique (MDG, 2015): on retrouve ici un programme sensiblement identique, si ce n’est que Raphaël Pidoux choisit d’interpréter le Premier en lieu et place du Quatrième. Disons-le d’emblée, la sonorité trop étriquée du violoncelle de Pidoux dans les passages virtuoses, comme dans le suraigu, déçoit tout du long, même si le Français compense ces difficultés techniques par une grâce bienvenue dans les passages plus apaisés. C’est d’autant plus dommage que l’ensemble Stradivaria, dirigé par un Daniel Cuiller aérien, se montre à la hauteur dans ces ouvrages d’inspiration mozartienne, et ce malgré quelques infimes verdeurs au niveau des cordes. Un disque mineur à réserver aux plus curieux (Mirare MIR 394). FC




Un requiem anecdotique





Avec Friedrich Kiel (1821-1885), voilà une vraie résurrection car ce pédagogue et compositeur a été allégrement oublié en dépit de plusieurs compositions pour le piano (seul, avec quatuor à cordes, en duo avec un alto...) qui, de temps à autre, connaissent le bonheur d’une gravure discographique. En l’espèce, c’est de son Requiem en fa mineur qu’il s’agit et plus particulièrement de sa deuxième version, pour piano, chœur et solistes (1878). Matthias Stoffels dirige l’ Ensemberlino Vocale, accompagné pour l’occasion par la pianiste Sua Baek, dans un concert du 5 mars 2016 dont un extrait est visible sur l’irremplaçable YouTube. Il en ressort un ennui constant puisque, au-delà d’une partition dénuée de toute imagination et même de tout intérêt, l’interprétation proprement dite disqualifie d’emblée cette pièce mineure. Des solistes d’une platitude confondante (les deux voix féminines dans le dernier mouvement de l’Offertorium), un chœur d’une justesse quasi inexistante et dont les défauts s’accentuent au fil de l’avancement de l’œuvre – le Sanctus y survit difficilement... – et un piano sans imagination – certes, une légère agitation dans le Dies irae mais on n’en attendait pas moins! – rendent cette gravure sinon totalement inutile, du moins sans intérêt. A l’heure où l’édition de disques s’avère si compliquée et si coûteuse, on n’en admire pas moins la présente entreprise qui ne devrait connaître, et on ne s’en étonnera guère, qu’un petit succès d’estime (Rondeau Production ROP6141). SGa




Le frère cadet de Haydn en routine





On se souvient il y a deux ans de l’édition par Berlin Classics d’un vaste coffret regroupant les œuvres du début du XVIIIe siècle gravées par Ludwig Güttler (né en 1943). Capriccio a sans doute, dans le même temps, voulu profiter de cet éclairage porté sur le trompettiste et chef d’orchestre allemand en rééditant le disque consacré au cadet des frères Haydn, réalisé en 1987 avec notamment le violoncelliste Jan Vogler (à l’instar de l’autre disque dédié aux Concertos pour violoncelle de Joseph). Seule œuvre présentée sur ce disque, la Sérénade en ré (1763) est une partition de vastes dimensions (environ 48 minutes, ce qui fait néanmoins de cette parution un disque au minutage beaucoup trop court), composée à l’occasion de l’accession de Michael Haydn à la charge de maître des concerts et compositeur à la cour du prince-archevêque de Salzbourg. C’est dans ces lieux qu’il se rapprochera de Mozart, devenant à l’instar de son frère, l’un de ses amis les plus proches. Son unique Sérénade ne brille pas, cependant, par son originalité, tandis que le geste probe et classique de Güttler, à la tête des Virtuosi Saxoniae, ne l’éclaire pas d’une sensibilité particulière. Un disque de bonne facture mais en rien essentiel (Capriccio C8003). FC





La rédaction de ConcertoNet

 

 

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