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Le Festival international de Bogotá (2)
05/11/2019


Z. Zeniodi (© Juan José Castillo)


Après le chant et la musique instrumentale (voir ici), notre chronique consacrée au festival de Bogotá se poursuit et se conclut par l’évocation des concerts symphoniques.


Bien évidemment, les concerts d’ouverture et de clôture ont revêtu une allure et une tenue solennelles. Mercredi 17 avril, la vedette du concert inaugural était le formidable Orchestre philharmonique de Bogotá, se montrant en très bonne forme (comme on l’avait déjà vu en 2017), sous la direction de l’Allemand Eckart Preu. Preu s’est autorisé une interprétation de la Quatrième de Brahms pas tout à fait conforme aux yeux de ceux qui possèdent les «droits» sur ce répertoire; mais il fallait comprendre la sens de la résolution du Finale, très construit dans la lettre (huit mesures pour le thème, huit mesures pour chacune des trente variations et une coda) mais traduit par Preu et l’orchestre d’une façon à la fois coloriste et intelligemment dramatique. Avant, la jeune pianiste française Lise de la Salle avait atteint un très bel équilibre dans le Concerto de Schumann, entre l’affirmation emphatique et l’habileté des nuances – on peut dire que c’est là que réside le secret de cette œuvre. Pour confirmer la délicatesse de son expression, la soliste, très applaudie, a développé un cantabile rêveur dans son bis, Ständchen de Schubert arrangé par Liszt.


Le concert de clôture, samedi 20 avril, a réuni l’Orchestre du Festival de Dresde et deux chœurs colombiens, celui de l’Opéra et le Filarmónico Juvenil, pour une œuvre exceptionnelle par son effectif et spécialement ardue, le Requiem allemand de Brahms, sous la direction de l’Allemand Johannes Klumpp. Avec deux solistes espagnols spécialistes et férus du répertoire germanique, la soprano Elena Copons et le baryton José Antonio López, qui avaient démontré déjà, dans des concerts antérieurs, leur riche versatilité artistique. Un requiem allemand à Bogotá? Certainement. La mort n’a pas de patrie, et le requiem est un chant pour les morts, tous les morts, et l’Allemagne, tout comme la Colombie, ont connu des vagues violentes où la mort semblait reine. Et ce festival a, entre autres dimensions et objectifs, ceux de se situer dans la géographie et la culture occidentales. Il y avait un équilibre classique, un sens de la mesure et la proportion, mais il y a eu aussi de l’émotion, celle qui mène au recueillement, comme la séquence magique «Toute chair est comme l’herbe», des points culminants comme «Vous, qui êtes tristes maintenant». Les voix solistes d’Elena Copons et José Antonio López ont brillé. La fin du festival était solennelle, bien sûr, mais fut aussi un des atouts artistiques des plus remarquables de ce qu’on a pu voir et entendre au festival de Bogotá. Haut niveau artistique que celui de Klumpp, des ensembles et des solistes.

La chef d’orchestre grecque Zoe Zeniodi, pleine d’énergie et de vitalité, avait accompagné la pianiste Lise de la Salle dans une partition de jeunesse, ingénue et belle, de Clara Wieck, Clara Schumann, le Concerto en la mineur. C’était avec Fusion Filarmónica Juvenil, de l’Orchestre philharmonique (jeudi, 18). Une partition ingénue, mais déjà affirmative, un résumé d’une tradition où l’on voit que la jeune compositrice est très à la page. Lise de La Salle a donné de la vie à cette partition délicate et a développé une série de nuances conduisant à une poétique tout à fait adulte, face à la destinée que Clara ne pouvait pas prévoir et que le spectateur connaît bien. Zeniodi a conclu avec une belle version de la Première de Schumann, et cette lecture belle et satisfaisante nous promettait plus que cela. Et, justement, on l’a eu deux jours plus tard, le samedi 20, le jour de la clôture, dans une version difficilement égalable de la Quatrième de Schumann, peut-être surtout dans les deux derniers mouvements: l’équilibre du Scherzo, avec son Trio aiguisé, et le Finale, avec sa lente progression et sa vigueur ultime. Bravo à Zeniodi!



S. Hough (© Juan José Castillo)


Mais ce concert comportait un autre point fort: Stephen Hough et le Second Concerto de Brahms. Il n’est pas nécessaire faire l’éloge de Hough aujourd’hui, son art est bien connu. On se bornera à constater que c’est un privilège que d’écouter et de voir les deux Concertos de Brahms. Le Premier, on l’avait entendu la veille, avec le Philharmonique de Constance dirigé par le Finlandais Ari Rasilainen. Les deux concerts ont constitué un cycle insurpassable du répertoire concertant. Avec une victoire éclatante pour Hough, bien sûr.


Santiago Martín Bermúdez

 

 

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