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CD, DVD et livres: l’actualité de février
02/15/2017



Les chroniques du mois



Must de ConcertoNet


    Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle


    Jiránek par le Collegium Marianum


    Einstein on the Beach de Glass


    L’Histoire de Manon à Garnier (2015)


    Ian Bostridge et Antonio Pappano


    Schubert par Hermann Prey (1984/1986)




 Sélectionnés par la rédaction


    Bernard Haitink à Dresde (2002)


    William Boughton dirige van Dieren


    L’ensemble vocal Les Métaboles


    Elizabeth de W. Tuckett à Londres (2016)


    Casse-Noisette à New York (2011)


    Isabelle Druet et Anne Le Bozec


    Martha Argerich en concert


    Juanjo Mena dirige Ginastera




 Oui !

Œuvres de jeunesse de Dutilleux
Natasa Veljkovic interprète von Beecke
Victoria et son hussard à Mörbisch (2016)
Howard Griffiths dirige Holbrooke
Juanjo Mena dirige Ginastera
Fabio Luisi dirige Bruckner
Ludger Rémy dirige Fasch
Parsifal à Berlin (2015)
Adrian Boult dirige Le Rêve de Géronte (1968)
Rinaldo Alessandrini dirige Vivaldi
Rouslan et Ludmila à Moscou (2011)
Ernani à L’Avant-Scène Opéra
Frieder Bernius dirige Spohr
Les fils de Bach par le Concerto Köln
Gustav Kuhn dirige Weber
Neville Marriner dirige Rachmaninov
Markus Stenz dirige van Gilse



Pourquoi pas ?

Sigiswald Kuijken dirige Telemann
I Musici interprète Albinoni et Locatelli
Gerd Schaller dirige Bruckner et Kitzler
Concert de printemps du Symphonique de Vienne
Aïda à Turin (2015)
John Mauceri dirige Le Prince étudiant
Matthias Grünert dirige Haydn
Frank Markowitsch dirige Caldara
Neville Marriner dirige Strauss



Pas la peine

Josef Mertin dirige Bach
Jukka-Pekka Saraste dirige Bruckner
Concert du Nouvel An 2017 à Vienne
Jean-Claude Malgoire dirige Neukomm



Hélas !

Andrew Davis dirige Le Messie





Le match du mois


            

Huitième de Bruckner: F. Luisi, J.-P. Saraste ou G. Schaller?




En bref


Parsifal selon Tcherniakov
Rouslan et Ludmila selon Tcherniakov
La rigueur religieuse de Spohr
«Encore»: les rééditions Capriccio
Le lyrisme majestueux de van Gilse
Nouvel An et printemps à Vienne
Vivaldi chez Naïve: sans surprise...
Boult dirige Le Rêve de Géronte à Canterbury
Aïda: pour la mise en scène classique de Friedkin
La réhabilitation de Fasch se poursuit
Le Haydn trop placide de Matthias Grünert
Pour tout savoir (ou presque) sur Ernani
Neukomm desservi par un Malgoire trop marmoréen
Le Prince étudiant: travail à moitié accompli
Un florilège de la musique religieuse de Caldara




Parsifal selon Tcherniakov





Le Parsifal de Dmitri Tcherniakov en laissera sur le bord du chemin. Ce spectacle capté à l’Opéra d’Etat de Berlin en 2015 séduit fort peu par son aspect: l’intérieur d’une austère église proche-orientale, squattée par des reclus sans domicile fixe, dans les premier et troisième actes, le même décor, aux murs rafraîchis par de la peinture blanche, dans le deuxième. Malgré la banalité de certaines idées, cette mise en scène à la fois personnelle et fidèle se révèle riche, pensée et cohérente. Elle repose sur une direction d’acteur précise et d’une intensité exceptionnelle. Il en résulte des images inattendues, comme le long air, au premier acte, de Gurnemanz, qui se prend pour un professeur illustrant son propos avec un rétroprojecteur; saisissantes, comme lorsque les chevaliers boivent le sang de la plaie d’Amfortas; triviales, comme ce Parsifal ressemblant à un étudiant en voyage, sac volumineux sur le dos, ou comme cette Kundry en madame tout-le-monde. La notice ne comporte malheureusement aucune note pour éclairer les intentions du metteur en scène. La distribution n’offre quasiment que des motifs de réjouissance: des chanteurs qui habitent leur personnage et autant de voix au format voulu, saines et endurantes. En Parsifal, Andreas Schager ne possède pas les capacités et l’aura d’un Jonas Kaufmann mais le ténor livre une excellente prestation à tous points de vue. René Pape s’identifie étroitement à Gurnemanz, d’une présence souveraine et d’une envergure magistrale. En cernant au plus près la psychologie de son personnage, Wolfgang Koch compose un Amfortas touchant. Klingsor entouré de jeunes (et très jeunes) filles habillées comme des poupées, Tómas Tómasson se montre très convaincant en pervers vêtu comme un geek. Quant à Anja Kampe, elle reflète avec sensibilité les différentes facettes de Kundry, d’une fragilité inattendue, qu’un Gurnemanz méconnaissable poignarde au troisième acte. Daniel Barenboim installe l’œuvre confortablement dans la durée (252 minutes, y compris les applaudissements) mais l’impression de lenteur reste limitée: le chef restitue pleinement le caractère spirituel et dramatique en phase avec le plateau. L’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin mérite d’apparaître sur la scène lors des saluts tant sa prestation s’avère d’une grande beauté et d’une constante rigueur. Pas un premier choix, mais un beau Parsifal (BelAir Classiques album de deux DVD BAC128 ou un Blu-ray BAC428). SF




Rouslan et Ludmila selon Tcherniakov





Le Parsifal de Tcherniakov ne vous a pas plu ? Tentez son Rouslan et Ludmila, conçu pour la réouverture du Bolchoï, en 2011, après plusieurs années de fermeture. Ce metteur en scène est un malin. Le lever de rideau révèle un décor fastueux et d’un kitsch outrancier laissant craindre le pire, mais nous comprenons au fur et à mesure qu’il s’agit d’une fête costumée chez des oligarques. Moderne dans son approche, cette production tourne le dos à la (mauvaise) tradition, l’ouvrage de Glinka étant un grand classique en Russie. Moderne, certes, original, aussi, tellement la mise en scène regorge d’idées (danses au château de Naïna, danses orientales), mais d’une audace relative: Vladimir Poutine et l’élite du pays peuvent dormir tranquilles. Comme dans Parsifal, Tcherniakov sonde la psychologie des personnages qui parlent à l’homme d’aujourd’hui mais l’émotion ne nous submerge guère. Sous la direction d’un Vladimir Jurowski attentif aux couleurs et aux nuances, l’orchestre se montre vif et léger, affiche une grande clarté et exalte cette musique avec grâce. Les prestations vocales sont excellentes. Taillée pour le rôle de Ludmila, Albina Shagimuratova épate par son art de la coloration, l’agilité des vocalises, la puissance de l’émission et la tenue du phrasé. La soprano trouve en Mikhail Petrenko un partenaire à la hauteur: cette basse au métal somptueux compose avec intensité un Rouslan touchant de sincérité et de faiblesse. Dans cette production, le rôle de Ratmir revient logiquement à un homme, l’élégant Yuri Minenko, étonnante voix d’alto, raffinée, veloutée et capable de beaux effets. Almas Svilpa combine puissance et souplesse en Farlaf, Alexandra Pendatchanska, voix crémeuse et sûre, affiche une tenue irréprochable en Gorislava. Elena Zaremba rappelle en Naïna quelle artiste importante elle demeure, incarnation personnifiée d’un chant russe de grande école. Le nom de Charles Workman, chargé des rôles de Finn et de Bayan, détonne, évidemment, dans cette distribution, mais il surpasse ses partenaires à l’applaudimètre, et avec raison, tant le ténor séduit: timbre léger mais accrocheur, chant au legato somptueux. En revanche, Vladimir Ognovenko n’offre rien d’autre qu’une voix détimbrée et dépourvue de corps. Les chœurs, enfin, contribuent au niveau élevé de ce beau et grand spectacle, d’une intelligence et d’une sensibilité remarquables. Pour un compte rendu en anglais, lire ici (album de deux DVD BelAir Classiques BAC120). SF




La rigueur religieuse de Spohr





Après son très beau disque consacré à l’oratorio L’Apocalypse (voir ici), Frieder Bernius se plonge à nouveau dans la musique de Louis Spohr (1784-1859), compositeur admiré de Schumann en son temps. On quitte ici le confort de l’accompagnement symphonique pour une Messe en ut mineur de 1821 entièrement composée a capella, ici augmentée de trois Psaumes (opus 85) de 1832 insérés en différentes parties de l’œuvre. On comprend l’admiration de Schumann pour ce compositeur proche de Mendelssohn dont le sérieux et la rigueur impressionnent – même si l’on ne retrouve pas ici l’éclat et l’imagination mélodique de son jeune cadet. Le Chœur de chambre de Stuttgart fait valoir ses habituelles qualités de précision permettant une opportune individualisation des pupitres, où les voix masculines semblent plus à l’aise. Du côté des solistes, le soprano de Maria Bernius se montre un rien en dessous de ses collègues, tous remarquables dans cette œuvre un rien austère. Un disque néanmoins recommandable qui bénéficie du geste alerte du chef allemand, toujours inspiré par cette période du début du romantisme (Carus 83.291). FC




«Encore»: les rééditions Capriccio


          


          


Sous le titre générique d’«Encore», Capriccio réédite plusieurs opus de son riche catalogue, qui bénéficient là à la fois d’un remastering important et d’une nouvelle présentation. Autant d’occasions de (re)découvrir des références que l’on avait pu oublier tant, pour certaines œuvres, une version plus récente a tendance à en éclipser une autre plus ancienne au milieu des références incontournables et de l’exhumation de nouvelles gravures dont on ignorait jusqu’à l’existence. Le disque que le Concerto Köln consacre aux fils de Bach date de 1996 et n’a rien perdu de sa verve, non plus que de son intérêt musical. Les partitions sont des plus classiques (la Sinfonia en mi bémol majeur de Johann Christian Friedrich Bach) mais les timbres de cette époque marquée par le Sturm und Drang résonnent de la plus belle manière, notamment dans les premier et troisième mouvements de la Sinfonia de Johann Christian Bach (quel superbe deuxième mouvement par ailleurs, d’une noirceur incroyable!) ou dans le premier mouvement de la Sinfonia en ré mineur cette fois-ci de Johann Christian Friedrich Bach. On a souvent dit que Carl Philipp Emanuel était le fils le plus doué du grand Johann Sebastian et ce n’est pas l’interprétation du Concerto pour clavecin de ce disque, sous les doigts magiques de Gerald Hambitzer, qui le démentira avec un troisième mouvement superlatif (C8007). On se jettera avec le même intérêt sur le disque que Gustav Kuhn consacre aux grandes Ouvertures de Carl Maria von Weber avec la Staatskapelle de Dresde, l’enregistrement effectué en 1985 dans la Lukaskirche ayant déjà été réédité, notamment dans une anthologie Weber complétée par deux symphonies et deux concertos pour piano (Brilliant Classics). Bénéficiant d’un orchestre rompu à ce répertoire comme on a récemment encore eu l’occasion de le remarquer sous la baguette de Bernard Haitink, on se laisse rapidement griser par le cor solo (Euryanthe), par la finesse des bois (Der Freischütz) ou l’attention portée aux dynamiques (Le Maître des esprits). Aux côtés des plus célèbres ouvertures qui sont bel et bien présentes, le disque comporte quelques raretés comme Preziosa ou la déjà citée ouverture du Maître des esprits. Excellent complément donc à qui aurait déjà quelque anthologie signée Herbert von Karajan chez Deutsche Grammophon, Lawrence Foster chez Claves ou Howard Griffiths chez CPO (C8009). Même s’il a réalisé une fort estimée version des Métamorphoses, Sir Neville Marriner ne passe pas pour un straussien de la première heure (voir ici). Si le Don Juan (qui est tout de même largement surpassé par les grandes références habituelles) ne démérite pas (l’Orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart bénéficiant d’une finesse des plus estimables à partir de 2’33 et d’un pupitre de cors impressionnant à 9’51), on n’en dira pas autant de Till l’espiègle qui, bien qu’adroitement réalisé, manque de fantaisie, de folie et de contrastes. Superbes cordes en revanche pour le sextuor de Capriccio alors que la virevoltante suite du Chevalier à la rose ne nous emporte pas toujours, Marriner semblant faire preuve d’une prudence parfois excessive (C8015). Le disque consacré à Rachmaninov dirigé là encore par Sir Neville Marriner, a été enregistré au cours de deux sessions qui se sont respectivement tenues en février 1989 et juillet 1990. Une vraie réussite! La Deuxième Symphonie, qui connaît pourtant un bon nombre de références, s’épanouit pleinement, Marriner dirigeant un excellent Orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart (cordes, clarinette solo dans le troisième mouvement, hautbois...) qui s’affirme avec aplomb dans Vocalise, page très proche de la précédente par l’importance des cordes au legato frémissant et aux bois doucement rêveurs, clarinette et hautbois en tête (C8010). Une très belle collection donc qui peut servir de base solide à qui souhaite constituer une discothèque de référence. SGa




Le lyrisme majestueux de van Gilse





On avait déjà été séduit par le compositeur néerlandais Jan van Gilse (1881-1944) et son Concerto pour piano paru l’an passé chez CPO: c’est cette fois au chef Markus Stenz que le même éditeur a confié l’exhumation de sa cantate-oratorio Une messe de vie (Eine Lebensmesse), composée en 1903 et 1904. On y perçoit l’influence de Richard Strauss dès le superbe Prélude introductif aux dimensions inhabituelles (un peu plus de dix minutes pour cette œuvre d’une durée totale dépassant l’heure). On pense aussi aux premières symphonies de Mahler mais peut-être plus encore au lyrisme majestueux de son condisciple Hans Rott (1858-1884), trop tôt disparu. Dès lors que les voix se mêlent à l’orchestre, van Gilse se tourne plus encore vers les grandes figures du passé, de Mendelssohn à Wagner, peinant à trouver un langage original. Il n’en reste pas moins que son inspiration mélodique parvient à donner un intérêt constant à cette partition qui ne manque pas de faire son effet, notamment avec le recours au chœur d’enfants qui annonce la Huitième de Mahler. Les solistes s’en sortent correctement, hormis le timbre fatigué de Roman Sadnik, tandis que Stenz parvient à saisir le meilleur du Grand Chœur de la Radio néerlandaise et de l’Orchestre philharmonique de la Radio (RFO) d’Hilversum (dont il est le directeur musical depuis 2012), offrant un équilibre opportun entre le lyrisme dévolu aux cordes et l’emphase des cuivres. On aimerait cependant qu’un chef plus audacieux se saisisse de la musique de van Gilse, à l’instar de ce qui a été fait pour son compatriote Alphons Diepenbrock (1862-1921), grâce à Haitink et Chailly notamment (777 924-2). FC




Nouvel An et printemps à Vienne


          


A Vienne, il y a bien sûr l’incontournable Neujahrskonzert des Philharmoniker (le 1er janvier mais aussi les 30 et 31 décembre), dont la soixante-dix-septième édition est parue une fois de plus dans des délais records, mais les Symphoniker, de leur côté, s’ils donnent traditionnellement pour ces trois journées la Neuvième Symphonie de Beethoven, proposent depuis plus de quarante ans autour de Pâques un concert de musique «légère» intitulé «Printemps à Vienne», dont ils publient aujourd’hui au disque l’édition 2016 sous leur propre étiquette. Point commun à ces deux rituels: la famille Honeck, Rainer (né en 1961) étant Konzertmeister du Philharmonique depuis 1992, tandis que son frère, Manfred (né en 1958), dirige, pour l’occasion, le Symphonique.
Le Philharmonique de Vienne s’attache chaque année à renouveler les choix, avec cette fois-ci pas moins de huit œuvres pour la première fois à l’affiche de ce concert, confié à Gustavo Dudamel, le benjamin, à ce jour, des chefs ayant eu l’honneur de prendre part à cet événement mondial. Pas d’allusions à l’invité vénézuélien – la venue du regretté Georges Prêtre, par exemple, avait inspiré de nombreuses allusions à la France – si l’on excepte le clin d’œil latino de la polka Pepita (inspirée par une danseuse espagnole), mais les gags et surprises de rigueur sont au rendez-vous: Dudamel use d’un appeau à la fin de La Fille de Nasswald (occasion d’un joli duo de violon entre Rainer Honeck et Albena Danailova), le corps de ballet se produit dans les allées du parterre sur la polka rapide Allons danser!, les musiciens donnent de la voix dans la polka Tik-Tak. 2017 marque entre autres le cent cinquantième anniversaire du Beau Danube bleu, offert en bis chaque année, mais aussi le cent soixante-quinzième anniversaire de l’orchestre, qui rend hommage à son fondateur, Otto Nicolai, avec le «Lever de la lune» extrait des Joyeuses Commères de Windsor (avec, pour la première fois un 1er janvier, le Chœur du Wiener Singverein). Comme toujours, la réalisation (signée Michael Beyer depuis 2014) ne laisse rien ignorer des dorures et lustres de la grande salle du Musikverein et de la mine réjouie des spectateurs, certains morceaux étant entrecoupés d’images enregistrées plus ou moins en rapport avec la musique et cultivant sans vergogne les clichés viennois (vues de la ville, école d’équitation, mécanismes horlogerie...). Deux bonus complètent le concert proprement dit: le Ballet d’Etat de Vienne dans la valse Hereinspaziert! de Ziehrer et, degré supplémentaire de kitsch, le Pausenfilm (film diffusé durant l’entracte), cette année Le Rythme de Vienne de Robert Neumüller, écœurante succession, durant plus de 24 minutes, de vignettes touristiques (Wiener Schnitzel, bals costumés...) où la jeunesse viennoise, tous corps de métiers confondus (la cuisinière, le cantonnier, le tailleur de pierres, la joaillère...), s’adonne à la valse. En revanche, fait suffisamment rare pour mériter d’être relevé, la notice de Silvia Kargl et Friedemann Pestel se révèle très intéressante (et, une fois n’est pas coutume, fort bien traduite). Pour ce qui est de la musique, celui qui «met le feu» dans les salles lorsqu’il est à la tête de l’Orchestre symphonique Simón Bolívar n’a certes rien perdu en charisme, sachant infléchir comme nul autre les inévitables battements de mains du public dans la Marche de Radetzky conclusive. On ne peut toutefois s’empêcher de ressentir une prudence inhabituelle dans un programme qui ne concède que l’essentiel à la famille Strauss, s’offrant des à-côtés certes presque tous viennois – Suppé, Nicolai, Waldteufel, Ziehrer, Lehár – mais inhabituellement nombreux, ce que corrobore une baguette assez peu idiomatique, vigoureuse et musclée, voire costaude, quand elle ne passe pas excessivement en force. La prochaine édition échoira à Riccardo Muti – sa cinquième participation depuis 1993 (Sony DVD 88985376169 ou Blu-ray 88985376179).
Egalement en public au Musikverein, mais quelques mois plus tôt (26 et 27 mars 2016), l’Orchestre symphonique de Vienne, dont Philippe Jordan est le directeur musical depuis 2014, donne un programme 100% viennois. Si l’on y trouve cette année une pièce en commun (la valse Hereinspaziert! de Ziehrer), l’essentiel sort du cadre éprouvé du concert du Nouvel An pour des propositions plus originales: Ouverture de Poète et Paysan de Suppé, Promenade au Prater en 1880 et trois des Danses d’Autriche de Max Schönherr (1903-1984), la valse Jeunes viennoises de Ziehrer (où les musiciens sifflotent le thème principal) et même trois extraits du rare ballet Crème fouettée de (Richard) Strauss ainsi que la «Joyeuse assemblée de paysans» (troisième mouvement) de la Pastorale de Beethoven. Et quand la famille Strauss fait enfin son apparition, en conclusion, ce n’est ni Johann, ni Josef, mais le cadet, Eduard, avec sa polka rapide Vienne par-dessus tout. Manfred Honeck dirige avec enthousiasme et conviction des musiciens qui, visiblement, prennent plaisir à ce moment parfois pittoresque mais souvent attachant, même si le chef autrichien a parfois tendance à forcer un peu le trait (Wiener Symphoniker WS 011). SC




Vivaldi chez Naïve: sans surprise...





Qu’on ne se méprenne pas! Le titre ne signifie pas que ce nouvel opus de l’édition Vivaldi réalisée par Naïve soit inintéressant car empreint d’une platitude rédhibitoire ou victime d’un intérêt inexistant. Bien au contraire! En fait, il s’agit plutôt de souligner la qualité constante des disques réalisés par Rinaldo Alessandrini et son Concerto Italiano dans Vivaldi, qui se retrouve une fois encore dans le présent témoignage consacré à plusieurs concertos pour un ou deux violons, admirablement tenus par Mauro Lopezs Ferreira et Nicholas Robinson. Accompagnés par seulement cinq musiciens, les deux solistes alternent avec un évident plaisir les mouvements virevoltants (le troisième Allegro du Concerto RV 150 dans la si ensoleillée tonalité de sol majeur) avec les passages plus retenus, presque contemplatifs (écoutez le Largo du Concerto RV 128 dont la profondeur est évidente, encadré par deux mouvements parfaitement enjoués). Les sonorités propres à l’univers de Vivaldi sont bel et bien présentes de même que certaines originalités, notamment rythmiques comme en témoigne par exemple l’Allegro concluant le Concerto RV 127. On l’aura compris: un très bon disque qui, dans la droite ligne de presque tous les disques de la collection, honore on ne peut mieux le Prêtre roux (OP 30554) SGa




Boult dirige Le Rêve de Géronte à Canterbury





Le Rêve de Géronte, chef-d’œuvre d’Edward Elgar, est conçu non comme un oratorio ou une cantate mais comme un poème symphonique dramatisé qui met en scène l’agonie de Géronte dans la première partie, et l’errance de son âme vers le purgatoire dans la seconde. L’œuvre est très prisée à juste titre outre-Manche et nombreux sont les grands chefs d’orchestre britanniques qui l’ont dirigée et qui en laissent une version enregistrée. Adrian Boult en laisse deux, la seconde, et sans doute la meilleure des deux, enregistrée en studio en 1975 et la première, qui paraît aujourd’hui en DVD, filmée dans la cathédrale de Canterbury en 1968. La télévision en couleurs en était à ses débuts et la tâche pour les cadreurs de la BBC à la cathédrale n’était pas toujours aisée. Par conséquent, ils ont donné préséance à la beauté architecturale et sculpturale des lieux, ne filmant le chœur et l’orchestre qu’en plan d’ensemble. Ils reviennent souvent sur les solistes filmés en plan rapproché mais peu sur Boult, dont la battue n’est spectaculaire que lorsqu’on est sensible, comme tout mélomane, à la souplesse frémissante de sa baguette et à l’éloquence discrète de sa main gauche. Le film est donc assez décevant d’autant plus que les cadreurs s’adonnent à des effets faciles, rythmant la succession d’images sur la musique presque aux dépens de celle-ci. Boult dirige une équipe qui gagne cependant et il tire du Chœur et de l’Orchestre philharmoniques de Londres une interprétation intensément structurée aux fines et rutilantes couleurs. La voix de Peter Pears à 58 ans convient mieux au rôle de Géronte que le ténor léger de son jeune âge et son engagement, sa technique et son jeu d’acteur convainquent. Boult s’est déclaré pleinement satisfait, à juste titre, de la radieuse prestation de Janet Baker, forte de son expérience passée sous la direction de John Barbirolli en 1965, et de celle de John Shirley-Quirk dans le rôle du prêtre et dans le rôle plus sombre de l’Ange de l’Agonie. Les riches timbres variés de la mezzo-soprano creusent à merveille la dimension profondément miséricordieuse de l’Ange qui soutient Géronte. Un portrait assez fouillé (1 heure) d’Adrian Boult vient en bonus (album de deux DVD ICA Classics ICAD 5140). CL




Aïda: pour la mise en scène classique de Friedkin




Après des débuts manifestement réussis à Munich en 2008 dans Salomé, on attendait beaucoup du cinéaste américain William Friedkin dans sa deuxième production lyrique, accueillie à Turin, avec l’Aïda de Verdi. Présenté en 2015 pour fêter la réouverture du musée égyptien de la capitale du Piémont, ce spectacle joue la carte de la fidélité absolue au texte et aux intentions du livret, en un classicisme assumé qui offre un bon compromis entre monumentalisme stylisé pour les scènes publiques et volonté d’épure pour les passages plus intimes. Friedkin, cinéaste culte connu pour ses films de genre tels que L’Exorciste ou French Connection, nous régale une fois encore de son art de la précision et du détail, particulièrement dans le choix des «costumes d’époque» et des chorégraphies orientalisantes, tout en apportant un soin constant aux éclairages variés qui nous plongent dans l’azur doré des scènes brûlantes, avant que les bleutés envoûtants ne nous charment de leurs délices délétères. Rien que de très classique donc, mais on reste bluffé par le soin méticuleux apporté au service d’une réussite visuelle incontestable. Las, le plateau vocal réuni n’en déçoit que plus fortement en comparaison. Kristin Lewis (Aïda) et Marco Berti (Radamès) peinent ainsi à soutenir les défis techniques propres à leurs rôles, tout en se montrant bien faibles dans l’art du phrasé et de la composition. Mark S. Doss (Amonasro) et In-Sung Sin (Le roi) se montrent davantage à la hauteur, mais c’est surtout l’Amneris d’Anita Rachvelishvili qui surprend par sa rondeur bienvenue et ses beaux graves. Gianandrea Noseda tente de sauver l’ensemble avec sa baguette inspirée et d’excellents Chœur et Orchestre du Teatro Regio de Turin, tandis que la prise de son montre quelques faiblesses, dans les ensembles notamment (C Major Blu-ray 737004 ou DVD 736908). FC




La réhabilitation de Fasch se poursuit




Jusqu’à il y a peu encore, le compositeur dresdois Johann Friedrich Fasch (1688-1758) était relativement confidentiel mais le disque exhume régulièrement ses œuvres (voir par exemple ici, ici, ici, ici et ici). Voici une nouvelle pierre à l’édifice que vient nous apporter Ludger Rémy à la tête de l’ensemble Les Amis de Philippe: une réussite totale (signalons dès à présent l’excellente notice d’accompagnement rédigée par Manfred Fechner). Eux qui ont déjà enregistré un très beau disque Fasch consacré à des ouvertures, symphonies et concertos (chez CPO déjà) récidivent avec cette fois-ci cinq ouvertures qui, comme il est habituel chez ce compositeur, mettent surtout en valeur les cuivres et les bois. Les échanges entre ces pupitres sont classiques, mais virtuoses (l’Ouverture en ré majeur K : D2) ou fondés sur la séduction immédiate des timbres (l’Andante de l’Ouverture en fa majeur K : F4), mais toujours superbement réalisés. La brillance des cuivres (les trompettes dans l’Ouverture de l’Ouverture en ré majeur K : D1 ou les cors, d’une incroyable dextérité, notamment dans le registre aigu dans les premier et troisième mouvements de l’Ouverture en sol majeur K : G5) est enthousiasmante et confère à ces pièces un climat extrêmement revigorant. Même si ces diverses ouvertures sont sans grande prétention, elles n’en témoignent pas moins des talents à la fois d’un compositeur qui contribua à faire briller l’Orchestre de la Cour de Dresde au XVIIIe siècle et de Ludger Rémy, qui s’affirme comme un excellent interprète de ce répertoire (CPO 777 952-2). SGa




Le Haydn trop placide de Matthias Grünert




Dernière grande œuvre achevée par Haydn en 1802, la Harmoniemesse reste l’une de ses œuvres religieuses les moins connues de la période de la maturité, à l’inverse des deux grands oratorios et des autres messes célèbres que sont la Paukenmesse (1796) ou la Nelsonmesse (1798). Il s’agit pourtant d’une œuvre d’importance, aussi bien par ses dimensions imposantes (la plus longue après la Missa Cellensis in honorem Beatissimæ Virginis Mariæ de 1766) que par son ambition artistique faisant la part belle à des vents autonomes à la manière de Mozart. On regrettera que ni Leonard Bernstein, ni Neville Marriner ne se soient intéressés à cette œuvre qui bénéficie ici d’une version très recommandable sur le plan technique, mais peu inspirée du fait de la baguette routinière de Matthias Grünert. On a là la version de l’honnête homme, qui avance sans heurts et sans surprises, sans doute idéale pour qui l’aborderait pour la première fois. Mais il faudra un chef d’une toute autre trempe pour exalter davantage les contrastes, stimuler les solistes (tous très bons ici) ou réveiller un Chœur de chambre de l’église Notre-Dame de Dresde (là encore au niveau) trop sage. En complément, la Cent-unième Symphonie «L’Horloge» affiche les mêmes qualités et défauts: parfaite mise en place et Orchestre de chambre de Reuss en forme mais absence de vision de Grünert. Le tout se tient sans pour autant approcher l’inégalable Fritz Reiner et sa version ancienne, mais toujours impériale, rééditée par Sony en 2014 (Rondeau Production ROP 6129). FC




Pour tout savoir (ou presque) sur Ernani





En consacrant son numéro 296 à Ernani, L’Avant-Scène Opéra comble une lacune: alors qu’il s’agit d’un des meilleurs de Verdi, cet ouvrage captivant manquait dans cette série de publications sans équivalent à ce jour. Cette nouveauté respecte les principes cardinaux de la collection: rigueur des textes, tous confiés à des spécialistes ou à des connaisseurs éclairés, richesse de l’iconographie, clarté de la mise en page, l’éditeur restant fidèle à une structure tripartite («L’œuvre», «Regards sur l’œuvre» et «Ecouter, voir et lire»). Nous apprécions tout particulièrement, dans les premières pages, les points de repère qui situent l’opéra dans son contexte en quelques minutes. Pour les détenteurs du fameux Guide des opéras de Verdi chez Fayard, l’acquisition de ce numéro présente, toutefois, un intérêt relatif car celui-ci en reprend l’introduction et le guide d’écoute alors rédigés par Gilles de Van, décédé depuis. Il comporte, en revanche, le texte de Piave, absent du Guide, dans une nouvelle traduction d’Olivier Rouvière; comme d’habitude, le livret se mêle au guide d’écoute. Les quatre contributions qui portent différents regards sur l’opéra présentent toutes un intérêt certain, en particulier le texte de Gabriele Moroni qui relate l’emprise de la censure vénitienne sur la genèse d’Ernani, une pratique qui paraît de nos jours d’une exigence et d’une sévérité invraisemblables. Connaisseur exigeant de la voix, Jean Cabourg se charge de la discographie et de la vidéographie. Etrangement, il passe sous silence des versions de studio facilement disponibles et susceptibles de tenter plus d’un amateur (Schippers, RCA; Muti, EMI; Bonynge, Decca) pour privilégier cinq anciens enregistrements live aux distributions, il est vrai, de haut vol. Pour obtenir un avis éclairé sur les enregistrements non commentés, mieux vaut se reporter à la discographie de Christophe Capacci dans le Guide. Appréciables, enfin, les nombreuses photographies de mises en scène qui laissent penser qu’Ernani est le plus souvent approché de façon fort traditionnelle, encore aujourd’hui. A quel opéra de Verdi manquant dans la série la revue devrait-elle maintenant se consacrer? Pourquoi pas Stiffelio, un ouvrage original et de grande qualité que le compositeur remania plus tard en Aroldo. En tout cas, le prochain numéro permettra d’en savoir plus sur La Fille des neiges de Rimski-Korsakov (n° 296, 98 pages). SF




Neukomm desservi par un Malgoire trop marmoréen





Le compositeur autrichien Sigismund Neukomm (1778-1858) reste aujourd’hui négligé aussi bien dans son pays d’origine que dans son pays d’adoption, la France. C’est en effet suite aux nombreuses années passées au service du fameux diplomate Charles-Maurice de Talleyrand que celui-ci lui offrit la nationalité française, tout en le laissant poursuivre une carrière à travers toute l’Europe, jusqu’au Brésil (1816-1821). C’est précisément dans ce grand pays que Neukomm composa la Missa Solemnis pro Die Acclamationis Johannis VI, l’une des messes déjà enregistrées par Jean-Claude Malgoire en 2009, après son Requiem un an plus tôt. Las, le chef français ne se montre pas plus inspiré dans ce nouvel enregistrement en première mondiale de la Messe de Requiem dédiée à la mémoire de Louis XVI. Cette œuvre, créée lors du Congrès de Vienne en 1815, avec la complicité de Salieri, avait été en réalité composée deux ans plus tôt en hommage à ses maîtres Franz Xaver Weissauer et les deux frères Haydn. Neukomm se contenta alors d’y ajouter un Offertorium pour faire briller sa sœur, soprano officiant à Vienne lors de la création. Malgoire adopte ici un tempo marmoréen, empêtré dans une mollesse des attaques et des contrechants, bien vite lourds et pesants, tout particulièrement dans les mouvements plus enlevés tel que le Dies Irae. C’est d’autant plus regrettable que La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, les solistes et le Chœur de chambre de Namur se montrent à la hauteur de l’événement. En complément, Malgoire ouvre le disque avec une Marche funèbre bien mise en valeur par la noirceur des cuivres, mais là aussi desservie par un geste uniforme et sans surprise (Alpha 966). FC




Le Prince étudiant: travail à moitié accompli





Enregistré à Cologne en juin 2012 après un concert dirigé par John Mauceri, le musical américain Le Prince étudiant de Sigmund Romberg (1887-1951) vient enrichir le catalogue de l’éditeur allemand CPO. Né en Hongrie, Siegmund Rosenberg quitta Vienne en 1909 pour s’installer aux Etats-Unis, dont il prit la nationalité dix ans plus tard. Il n’est pas le plus célèbre des compositeurs de Broadway, mais son Prince étudiant y tint l’affiche plus longtemps que n’importe quel musical des Gershwin et plus même que Show Boat de Kern et Hammerstein. Il fit aussi une courte carrière à Berlin... qui n’alla pas plus loin que 1933. A Broadway, il fut créé après la Première Guerre mondiale quand toute musique ou pièce germanique était bannie en Amérique. En 1924, les empires austro-hongrois et ottoman étaient morts mais la nostalgie de leur culture et de leur musique était à son comble dans une Amérique dont la musique de divertissement aller dominer le monde. D’où le succès de ce musical aux parfums d’opérette viennoise d’après le roman allemand Karl Heinrich de Wilhelm Meyer-Förster (adapté au théâtre sous le titre (Alt-Heidelberg), qui inspira aussi Ernst Lubitsch pour son film muet Old Heidelberg en 1927 puis Richard Thorpe (The Student Prince) en 1954, film dans lequel Mario Lanza immortalisa la Sérénade. Hélas! l’enregistrement réalisé avec un soin extrême et une excellente distribution ne donne pas l’idée de ce que peut être ce spectacle. Cela sent le studio et hormis le final un peu plus endiablé, on s’ennuie ferme d’autant que CPO, dont la vocation est de faire découvrir des chefs-d’œuvre, ne publie pas le livret – donc travail à moitié accompli (coffret de deux disques 555058-2). OB




Un florilège de la musique religieuse de Caldara




Plus illustre compositeur italien de son temps, Antonio Caldara (1670-1736) parvint à la charge convoitée de maître de chapelle de la Cour impériale d’Autriche, succédant à Johann Joseph Fux en 1723. C’est très certainement cette position occupée jusqu’à la fin de sa vie, tout autant que sa considérable production musicale dans tous les domaines, qui explique son influence réelle sur les jeunes Bach puis Haydn, notamment. Le présent disque, avec son titre aguicheur, est en réalité une compilation de courtes (environ cinq minutes pour chaque morceau) pièces religieuses pour solistes, chœur et orchestre, auxquelles s’ajoute une fort jolie Sonate en trio en guise d’intermède musical en milieu de disque. Seul le Stabat Mater déroge à cette compilation par sa durée de quinze minutes environ, mais ce n’est malheureusement pas là l’un des chefs-d’œuvre de son auteur. Il faut dire que la direction inégale de Frank Markowitsch n’aide pas à faire de ce disque une réussite franchement convaincante. Tantôt éteint, comme dans le Stabat Mater, ou au contraire débraillé et précipité dans le Magnificat initial, on le trouvera plus à l’aise dans les partitions plus apaisées. Il faudra ainsi écouter en priorité le Haec est Regina virginum qui bénéficie de la souplesse de la ligne et du velouté du timbre de la soprano Christina Andersson, issue (comme les autres solistes) du correct chœur de l’ Académie vocale de Berlin. Les amateurs de Jean-Sébastien Bach reconnaîtront le Suscepit Israel, arrangé par le cantor de Leipzig lui-même en 1739 (BWV 1082), qui fait valoir les qualités de Caldara pour l’expression d’un chant harmonieux et serein. Outre l’Ave maris stella et sa joute vivifiante entre solistes féminines, on s’intéressera au Regina cœli laetare et sa fugue tout autant savante que lumineuse. Si Caldara sait aussi se montrer plus direct dans l’expression homophone du chœur (Tenebræ factæ sunt), c’est surtout vers le splendide Crucifixus qu’il faudra se tourner en priorité pour apprécier la lente élévation, calme et intériorisée, des seize voix du chœur divisée en quatre qui se répondent en écho. Assurément l’un des chefs-d’œuvre de ce disque, un rien décevant dans son interprétation (les solistes masculins notamment) mais qui donne à découvrir davantage l’œuvre immense de Caldara (Rondeau Production ROP 6118). FC



La rédaction de ConcertoNet

 

 

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