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CD, DVD et livres: l’actualité de juin
06/15/2016



Les chroniques du mois



Must de ConcertoNet


    Les Vagabonds de Ziehrer


    Andris Nelsons dirige Chostakovitch


    Le Quatuor Varèse


    Peter Dijkstra dirige Bach


    Mariss Jansons dirige Bruckner


    Simon Rattle dirige Lutoslawski




 Sélectionnés par la rédaction


   Peter Ruzicka dirige Henze


   Mariss Jansons dirige Dvorák


   Du langage au style: singularités de Poulenc




 Oui !

Mariss Jansons dirige Mahler
Mariss Jansons dirige Verdi
L’Ecole du village de Weingartner
Der Freischütz à Zurich (1999)
Daniel Barenboim interprète Beethoven
Dénes Várjon interprète Beethoven
Howard Griffiths dirige Weber
Kent Nagano dirige L’Aiglon
Davit Melkonyan interprète Romberg
Jean-Jacques Kantorow dirige Ysaÿe
Faust à Turin (2015)



Pourquoi pas ?

Fabio Biondi dirige Imeneo de Haendel
Mariss Jansons dirige Berlioz
Adrien de Méhul
Concertos pour basson dresdois du XVIIIe
La revue de l’Association Beethoven France
Les Noces de Figaro à Berlin (1999)



Pas la peine

Chopin ou la fureur de soi de Dominique Jameux
Ars Antiqua Austria interprète Speer
Les Planètes vues par Ken Russell




En bref


Weber: invitation à l’ouverture
Poèmes d’Ysaÿe: la suite
Anciens et modernes dans les Concertos pour piano de Beethoven
L’Aiglon, aimable conversation en musique
Le beau Faust de Turin
Attention! Un Romberg peut en cacher un autre
Les Planètes par Ken Russell: un tourbillon d’images
Le basson dresdois
Arthaus millésime 1999: Noces berlinoises et Freischütz zurichois
Speer et les malheurs de la guerre
La revue beethovénienne fait peau neuve




Weber: invitation à l’ouverture





Comme pour les ouvertures de Mendelssohn par exemple, celles de Carl Maria von Weber (1786-1826) possèdent un style, un agencement et des sonorités reconnaissables entre toutes. Nécessitant un orchestre virtuose (tous les pupitres étant sollicités à un moment ou à un autre), elles ne sont malheureusement pas très bien représentées au disque, hormis les excellentes anthologies signées Karajan (Deutsche Grammophon) et Lawrence Foster (Claves). Dans ce disque enregistré en décembre 2013 et juin 2014, Howard Griffiths (né en 1950) et l’ Orchestre symphonique de la WDR de Cologne nous offrent à leur tour une intégrale enlevée des Ouvertures de Weber, qui s’avère être du plus haut niveau. Rassemblant autant les plus célèbres (Der Freischütz, Obéron, Euryanthe) que les plus rares (Silvana, Preciosa, dans une moindre mesure Peter Schmoll ou Abu Hassan), ce disque virevolte de la première à la dernière note. Les bois (ensemble ou en solistes comme peuvent l’être la clarinette ou le hautbois) font preuve d’une dextérité à toute épreuve, les mélodies passant d’un pupitre à un autre avec une fluidité et un naturel enthousiasmants. Les cuivres savent également être brillants (bien sûr les cors dans le Freischütz!) et, lorsque cela est nécessaire, les percussions rejoignent la fête avec gourmandise. Griffiths dirige chaque ouverture avec un vrai engagement, ne prenant jamais ces pièces à la légère, assumant les traits humoristiques de certaines d’entre elles (la référence explicite à l’hymne britannique dans Jubelouvertüre comme Hermann et Dorothée chez Schumann fera plus tard mention de La Marseillaise) et la fougue de certains passages. Ce sera d’ailleurs là notre seule petite déception: l’Ouverture pourtant si célèbre du Freischütz manque d’élan et ne jouit pas de la puissance qu’on aimerait y entendre. Pour autant, voici une superbe anthologie qui nous fait regretter de ne pas entendre ces ouvertures plus fréquemment en concert (cpo 777 831-2). SGa




Poèmes d’Ysaÿe: la suite





En 2014, Musique en Wallonie a publié un disque consacré à des poèmes d’Ysaÿe interprétés par l’ Orchestre philharmonique royal de Liège sous la direction de Jean-Jacques Kantorow (voir ici). Voici la suite, avec le même orchestre, le même chef, mais deux autres violonistes, Svetlin Roussev et Amaury Coeytaux, qui se partagent sept autres poèmes: Extase, Divertimento, Chant d’hiver, Neiges d’antan, Rêve d’enfant, Au rouet et Berceuse. L’auteur de l’excellente notice, agrémentée de nombreuses photographies, situe cette musique entre le romantisme germanique et l’impressionnisme français, un point de vue fondé à la découverte de ces pages. L’inspiration demeure constante d’une œuvre à l’autre, l’orchestration toujours très travaillée, la palette de couleurs séduisante. En dépit de la relative originalité de forme à l’époque de sa composition, cette musique de haute élévation de pensée et de belle facture n’imprime pas fortement l’Histoire de son empreinte mais elle mérite vraiment d’être découverte. Il vaut mieux, cependant, ne pas écouter tous ces poèmes à la suite, sous peine de monotonie. Ces deux publications particulièrement soignées contribuent à une meilleure connaissance de cette importante figure musicale, trop souvent, et injustement, réduite à ses redoutables Sonates pour violon seul (MEW 1681). SF




Anciens et modernes dans les Concertos pour piano de Beethoven


          


A près de cinquante ans de distance, voici deux interprétations on ne peut plus différentes des Concertos pour piano de Beethoven. La première, qui fait l’objet d’une énième réédition, réunit un Daniel Barenboim et Otto Klemperer, alors âgés respectivement de 25 ans et 82 ans: complicité improbable, attestée par la photographie de couverture, tout aussi célèbre que ces enregistrements (datant d’octobre et novembre 1967 – une partie de la Fantaisie chorale ayant toutefois attendu juin 1968), montrant le regard bienveillant et chaleureux, voire affectueux, du vieux chef allemand sur le jeune pianiste argentin. Cela étant, c’est Klemperer qui impose sa conception, typique de sa dernière manière, altière, intimidante et monumentale, à la tête d’un orchestre semble-t-il fort nombreux, où le moindre pizzicato pèse tout son poids: dès le Deuxième Concerto, en réalité le premier composé et encore tributaire de l’héritage mozartien, on regarde déjà vers Schumann. Mais le piano dense, puissant et expressif de Barenboim n’a pas de mal à s’accommoder de ces tempi redoutablement lents et à prendre toute sa part à cette vision destinée au marbre de l’éternité (coffret de trois disques Warner Classics 0825646076017). Face à nouvelle intégrale, un demi-siècle plus tard, la perplexité est de mise – «A quoi bon?», se dit-on une fois de plus – sans doute aussi alimentée par une illustration de couverture ne laissant présager rien de bien folichon et par une dédicace à la mémoire d’Annie Fischer dont on craint qu’elle ne soit aussi présomptueuse que respectueuse. Il faut pourtant se laisser convaincre par cette surprise venue de Budapest: Dénes Várjon (né en 1968), qui rejoint ainsi András Schiff, seul pianiste hongrois à avoir jusqu’alors enregistré une intégrale de ces concertos, réussit un coup de maître, certes aux antipodes de Barenboim, mais tout aussi convaincant à sa manière: un piano vivant, inventif et naturel à la fois, dont la spontanéité apparente s’explique sans doute par le fait que le disque a été réalisé dans la foulée d’une intégrale donnée en deux concerts publics durant la saison 2014-2015. Il faut un sacré talent pour donner l’impression que cette musique est neuve, comme si elle s’écrivait devant l’interprète et l’auditeur: Várjon y parvient, renouvelant l’intérêt de chacune de ces partitions qu’on croit pourtant bien connaître. L’entente est parfaite avec le Concerto Budapest, formation issue du centenaire Orchestre symphonique de Budapest, dont András Keller (né en 1960), premier violon et fondateur du quatuor auquel il a donné son nom, est le directeur artistique et chef principal depuis 2007: très présents, les musiciens hongrois sont certes parfois pris en défaut de qualité instrumentale, mais cela importe à vrai dire assez peu, tant l’envie de faire de la musique est évidente et contagieuse (Hungaroton HCD32757-59). SC




L’Aiglon, aimable conversation en musique





On doit à Jean-Yves Ossonce l’exhumation de L’Aiglon d’Honegger et Ibert en 2013 à Lausanne et Tours, avant la reprise à Marseille en ce début d’année. Cet intérêt sur la scène se prolonge aujourd’hui avec une gravure discographique due à Kent Nagano, un autre spécialiste du répertoire français, bien connu du public lyonnais. On le retrouve cette fois à la tête de l’Orchestre symphonique de Montréal et d’une distribution presque entièrement francophone, un des grands atouts de cette production avec la présence de l’incandescente Anne-Catherine Gillet dans le rôle-titre. La soprano belge est parfaitement épaulée par ses partenaires, dont Philippe Sly au timbre si séducteur, tandis que Nagano se distingue par son sens des équilibres raffinés, un rien trop sage cependant dans la durée. Mais il est surtout dommage que l’œuvre ne passionne qu’à intervalles irréguliers. De cette aimable conversation en musique, on ne retient pas grand-chose tant les deux compositeurs, ailleurs si inventifs et modernes, assurent ici le service minimum en évitant soigneusement toute dissonance. Les deux hommes se sont partagés à parts égales le travail de ce court opéra (une heure et demie environ): à Ibert les actes introductif et conclusif, tandis qu’Honegger se concentre sur les trois actes centraux, plus courts. On a ici la version définitive donnée à l’Opéra de Paris, qui ajoute par rapport à la création de 1937 un inévitable ballet dû à la plume d’Ibert (coffret de deux disques Decca 478 9502). FC




Le beau Faust de Turin





En juin 2015, le Teatro Regio de Turin a représenté un Faust fort applaudi. Cette publication immortalise ce beau spectacle mis en scène par Stefano Poda, qui a également imaginé les décors, les costumes, la chorégraphie et les lumières. L’esthétique et l’unité visuelle de la scénographie, dominée par un anneau gigantesque pivotant dans tous les sens, contribuent sans nul doute au succès de cette production appelée à faire date. Poda recourt à une symbolique pertinente sans trop charger sa mise en scène d’intentions difficiles à décrypter. Lors des saluts, le metteur en scène parait ému et surpris de l’accueil que le public lui réserve. Gianandrea Noseda, impeccable, dirige un orchestre plein de qualités, à la fois souple, précis, nuancé et éloquent. La distribution renforce l’intérêt de ce DVD, bien que les chanteurs ne prononcent pas très bien le français, ce qui, dans cet ouvrage, reste une lacune majeure: Faust élégant de phrasé et séduisant de timbre de Charles Castronovo; Méphisto très justement caractérisé d’ Ildar Abdrazakov, en dépit d’un manque de noirceur et de grinçant; Marguerite touchante d’Irina Lungu, voix homogène et legato onctueux; Valentin proprement chanté de Vasilij Ladjuk, fâché avec la langue. Parmi les rôles secondaires émergent le Siebel de Ketevan Kemoklidze – très belle voix, légère et colorée – ainsi que la Marthe attractive de Samantha Korbey. Mentionnons enfin les chœurs, bien préparés dans les pages, nombreuses et célèbres, que Gounod leur a destinées (C Major DVD 735108 ou Blu-ray 735204). SF




Attention! Un Romberg peut en cacher un autre





Dans la famille Romberg, on demandera l’un ou l’autre cousin, Bernhard (1767-1841) ou Andreas (1767-1821), tous deux indissociables pendant les quelque trente ans que dura leur association musicale. Jeunes musiciens prodiges, ils se produisirent pendant toute leur jeunesse ensemble, autour de leur instrument de prédilection respectif – le violon d’Andreas associé au violoncelle de Bernhard. C’est précisément deux de ses dix Concertos pour violoncelle (tous composés entre 1790 et 1825) que l’on découvre dans ce nouveau disque CPO, et ce après un tout premier disque consacré à son cousin Andreas (Le Messie) en 2008. Même s’il consacra l’essentiel de sa muse au violoncelle, Bernhard s’illustra aussi en d’autres domaines, de la musique de chambre aux symphonies, en passant par l’opéra et plusieurs ballets. Jouissant d’une estime certaine au début des années 1800, comme le démontrent ses rencontres avec Weber ou Beethoven, il parvint brièvement à obtenir un poste au Conservatoire de Paris, sans parvenir à s’établir durablement quelque part, y compris en terres germaniques. Les Premier et Cinquième Concertos ici réunis apportent un plaisir constant par leur fraîcheur et leur musicalité, penchant vers le dernier Haydn tout en renforçant l’écriture pour les vents, très en verve. La direction enlevée de Michael Alexander Willens, à la tête de l’Académie de Cologne n’est pas en reste, même si elle a parfois du mal à dynamiser son soliste, l’Arménien Davit Melkonyan (né en 1986), en difficulté dans les accélérations et dans les aigus. Un beau disque néanmoins, qui donne envie d’aller plus loin encore dans l’exploration de ce petit maître germanique (777 969-2). FC




Les Planètes par Ken Russell: un tourbillon d’images





Resté célèbre pour ses films plus ou moins délirants et scandaleux sur Liszt, Tchaïkovski et Mahler, Ken Russell (1927-2011) n’a eu de cesse de s’intéresser à la musique dite «classique». Conçue en 1983 pour la télévision (privée!) britannique, son adaptation de la suite Les Planètes de Holst, précédée ici d’une très brève introduction (non traduite) par le producteur d’émissions culturelles Melvyn Bragg, l’un de ses anciens scénaristes, demeure quant à elle dans les limites de la décence et du raisonnable. Russell associe à l’interprétation très vivante des sept mouvements par Eugene Ormandy à la tête de l’Orchestre de Philadelphie (un enregistrement public réalisé quelques années plus tôt et publié par ailleurs chez EuroArts) un tourbillon d’images essentiellement extraites de documentaires et d’actualités. Même s’il n’est pas évident de comprendre par exemple pourquoi «Saturne» est associé à l’automobile et à l’industrie, le résultat se révèle généralement assez prévisible, parfois même de l’ordre du cliché sans être pourtant fidèle à l’ambition du compositeur, plus astrologique et psychologique que descriptive: pour «Mars», soleil, matières en fusion et incendies, cérémonies nazies et défilés militaires de tous les pays, champignon nucléaire; pour «Vénus», nature apaisée, femmes s’adonnant à différents exercices gymniques le plus souvent dans le plus simple appareil, défilés de mode, poupées Barbie, séance de maquillage, nourrisson au sein; pour «Mercure», voiles, surf, parachutes, avions, deltaplanes, saut à ski... Le générique annonce «a personal view» mais le propos apparaît donc surtout naïf, voire lourdement pédagogique, et, comme toujours chez Russell, volontiers kitsch: même si les images, grâce au montage de Xavier Russell, le fils du réalisateur, collent impeccablement au déroulement de la partition, la «trilogie des Qatsi» de Reggio et Glass a, dans le genre, une tout autre portée (DVD 109168 ou Blu-ray 109169). SC




Le basson dresdois





On ne le dira jamais assez: Dresde, la «Florence de l’Elbe», fut au XVIIIe siècle un des principaux centres culturels d’Europe, offrant notamment à la musique un orchestre dont la virtuosité avait depuis longtemps dépassé les frontières de la Saxe. Usant de tous les instruments existant à l’époque, il suscita maintes compositions dont le présent disque nous offre un petit échantillon au travers, pour l’essentiel, de quatre concertos pour basson. Même si l’on a bien oublié Graun (1704-1759), auteur de pourtant très beaux concertos pour violoncelle, et plus encore Reichenauer (1694-1730) et Horneck (1690?-1724), ces concertos, interprétés avec vélocité et adresse par Erik Reike (né en 1963), s’écoutent avec un certain plaisir même si tout n’est pas de la même qualité. Le premier Allegro du concerto de Graun ne manque pas d’élégance et l’Allegro conclusif du bref (moins de neuf minutes pour trois mouvements) Concerto en fa majeur de Reichenauer est à l’évidence une réussite. Mais, à côté de cela et sans remettre en cause les mérites des Dresdner Kapellsolisten dirigés avec entrain par Helmut Branny (né en 1957), le concerto de Horneck s’oublie aussi vite qu’il est écouté et les deux premiers mouvements du concerto précité de Reichenauer ne suscitent qu’un faible intérêt. En outre, on ne peut que regretter de voir figurer dans un disque consacré au basson concertant un concerto pour deux cors de Telemann: le vivier n’était-il pas suffisant pour que l’unité stylistique et instrumentale de ce disque fût pleinement préservée? Même si l’entreprise pouvait être intéressante, on ne ressort guère ébloui de l’écoute de ce disque (on est loin du charme et de l’inventivité d’un Vivaldi!) par ailleurs bien réalisé (SACD Ars Produktion ARS 38 198). SGa




Arthaus millésime 1999: Noces berlinoises et Freischütz zurichois


        

Arthaus Musik célèbre son anniversaire en rééditant, en une parution à prix défiant toute concurrence à laquelle il joint son épais catalogue, sa toute première publication, Les Noces de Figaro captées à l’Opéra d’Etat de Berlin en 1999 et diffusées l’année suivante. La qualité de cette production augurait certes bien du développement d’un éditeur qui s’est imposé depuis comme une référence dans son domaine, même si ce n’est sans doute pas cet enregistrement qu’on choisirait s’il ne fallait n’en retenir qu’un seul de ces quinze ans d’activité d’Arthaus. Car face à l’abondance et la qualité de la vidéographie mozartienne, il peine à sortir du rang, sa plus remarquable caractéristique résidant sans doute dans l’absence de point faible... aussi bien que d’atout décisif. Rien de marquant dans la mise en scène de Thomas Langhoff, lisible, fidèle à l’esprit comme à la lettre, avec ses décors aussi élégants que dépouillés et ses costumes plus intemporels que chronologiquement décalés, le tout fort bien mis en valeur par les caméras d’Alexandre Tarta. Dans une distribution formée essentiellement de trentenaires, les hommes s’imposent d’une courte tête, par le chant comme par le jeu théâtral: Comte glaçant et inquiétant de Roman Trekel, Figaro débonnaire et chaleureux de René Pape; même les seconds rôles ont été choyés, avec le Bartolo de Kwangchul Youn et le Basilio du vétéran Peter Schreier, qui a même le privilège de s’illustrer dans son air du dernier acte, pourtant généralement omis. Mais les femmes le cèdent de peu, qu’il s’agisse de la Comtesse d’Emily Magee, de la Suzanne de Dorothea Röschmann ou du Chérubin claironnant de Patricia Risley. Dans cette soirée, c’est peut-être Daniel Barenboim, arrivé sept ans plus tôt au Staatsoper (Unter den Linden), qui se révèle le plus décevant, sinon le plus agaçant, avec une tendance à alourdir le propos et à s’abandonner à des lenteurs qui cassent le rythme de la «folle journée» (album de deux DVD 111110 ou un Blu-ray 111111).
La même année, l’Opéra de Zurich reprenait la production du Freischütz de Weber confiée six ans plus tôt à Ruth Berghaus (1927-1996). Quelques sifflets à la fin du deuxième acte expriment l’incompréhension du public face à l’étrange ballet qui accompagne la scène de la Gorge aux loups et, sans doute plus généralement, au refus de tout réalisme forestier et cynégétique, au profit de décors aussi imposants qu’abstraits, de jeux d’ombres et de lumières et de costumes fuyant tout repère chronologique. Ce faisant, le spectacle ne verse pas pour autant dans les outrances du Regietheater et, en soulignant la dimension allégorique et symbolique du propos tout en marquant sa distance avec la tradition, renoue en profondeur avec l’authenticité et le fantastique du romantisme germanique bien plus que si l’on en était resté à ses traditionnels emblèmes, chapeaux à plumet et autres culottes de peau. Un travail qui trouve un écho et un accord parfaits dans la direction de Nikolaus Harnoncourt, certes à la tête d’un orchestre «moderne», mais au sein duquel il a cependant opté pour des cors naturels. Le côté vocal n’est pas le plus satisfaisant de cette soirée zurichoise: davantage encore que Peter Seiffert, irrégulier en Max, c’est Inga Nielsen qui déçoit en Agathe, tant par le timbre que par la justesse. En revanche, Matti Salminen est impérial en Caspar et Malin Hartelius pleine de caractère en Annette. Une réédition bienvenue dans la collection économique «Legendary performances» (album de deux DVD 109194 ou un Blu-ray 109195). SC




Speer et les malheurs de la guerre





De nombreux compositeurs sont bien évidemment tombés dans l’oubli au fil du temps: à écouter ce disque, on peut comprendre pourquoi... Un certain Georg Daniel Speer (1636-1707), à la vie fort agitée – issu d’une bonne famille de la région d’Ulm, il devient un temps mercenaire, puis sert comme tambour à l’armée avant de s’installer à Constantinople – écrivit un petit ouvrage picaresque Ungarischer oder Dacianischer Simplicissimus dont il choisit de mettre certains extraits en musique, sous le titre Histoires de guerre. Tel est l’objet du présent disque. Celui-ci alterne passages chantés – en vérité, le ténor Markus Miesenberger est davantage un conteur ou un récitant qu’un véritable chanteur, le texte requérant force onomatopées et autres grincements vocaux en tous genres – et extraits strictement instrumentaux. Ce qui frappe à son écoute, outre l’accompagnement assez fruste voulu par Speer (un clavecin, un violon, un luth pour l’essentiel), c’est le caractère assez besogneux de celui-ci. Certains passages instrumentaux (les Sonates 26 et 28) sont pour partie dévolus à un ensemble de cuivres (vraisemblablement des saqueboutes) où tout repose sur une harmonie assez simple, assez peu intéressante, chaque extrait semblant dater d’une époque bien plus ancienne que 1688, année de composition. Quant aux extraits chantés (successivement un «Ballet moscovite», un «Ballet hongrois» et un «Ballet de cosaques»), ils permettent au chanteur-récitant Markus Miesenberger d’alterner les effets (comiques, effrayés, incantatoires...), notamment dans un truculent «Ballet des cosaques», accompagné par un Ars Antiqua Austria dirigé avec conviction par Gunar Letzbor, toujours avide de curiosités (écoutez ses disques sur Kohaut, Werner ou Fux). Une vraie surprise pour les amateurs du genre (Pan Classics PC 10317). SGa




La revue beethovénienne fait peau neuve





Créée en 2003, Beethoven, sa vie, son œuvre, la revue de l’Association Beethoven France (voir par ailleurs ici et ici), change de look: sans aller jusqu’à dire que c’était mieux avant, on finira sans doute par s’habituer à l’évolution de la couverture, à une présentation se revendiquant plus aérée et à une nouvelle police de caractères. Mais l’essentiel demeure derrière les apparences et une structuration plus systématique – l’homme, l’œuvre, les documents et enregistrements – des 130 pages de cette livraison: une passion aussi (mono)maniaque et rigoureuse que réjouissante et diversifiée, comme en témoigne un sommaire où l’on trouve aussi bien un article sur Beethoven et l’archiduc Rodolphe, une discographie commentée de la Missa solemnis et un entretien avec Jean-Bernard Pommier que la suite de plusieurs publications au long cours – la monumentale analyse de Bernard Fournier sur la Missa solemnis, les études sur les domiciles de Beethoven, sur la musique de Beethoven au cinéma et sur le personnage de Beethoven mis en scène. SC



La rédaction de ConcertoNet

 

 

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