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Le mois du mélomane professionnel
04/01/2016




Je vais commencer par la fin, hier soir, à la Cité de la musique. Matthias Goerne dans une forme vocale exceptionnelle, nous a offert un remarquable Voyage d’hiver. Merveilleusement accompagné par Markus Hinterhäuser, il nous a comblés. Si vous regardez le programme, vous constaterez que d’autres personnes ont participé à la soirée, un metteur en scène, un scénographe, un costumier, un chargé de la lumière et un monteur vidéo. On a voulu accompagner les lieder par quelque chose, je ne sais pas exactement quoi. En tout cas, ce fut totalement inutile parce que cela n’a rien apporté de plus que ce que la musique apportait. Ce n’est pas la première fois que pareille tentative est présentée. Il y en a eu à l’Athénée, très moyen (voir ici), et à l’Opéra de Flandre, carrément ratée (voir ici). Peut-être faudra-t-il s’attaquer à autre chose et laisser ce chef-d’œuvre à lui-même. Il a de quoi tenir tout seul, sans aide.


Une autre tentative qui ne répond pas à nos attentes est «Prades aux Champs-Elysées». C’est la deuxième année où la déception est au rendez-vous. Pourtant, le programme – Douzième Quatuor et Quintette à deux violoncelles de Schubert, Quintette avec clarinette de Brahms – était somptueux. Manque de répétitions peut-être. Des musiciens qui ne se connaissent pas assez bien? Dommage.


Insula Orchestra avec Laurence Equilbey et Nicholas Angelich nous ont transportés vers un concert typique des années quarante et cinquante. Beethoven, le grand Beethoven du Quatrième Concerto et de la Troisième Symphonie «Héroïque» m’a rappelé mon adolescence et l’enthousiasme de la découverte de toutes ces merveilles beethovéniennes. Comme je n’étais pas à ma place, on est venu me chercher après le concert pour m’emmener à un cocktail somptueux avec champagne et foie gras de première qualité où était sans doute invitée la personne qui devait avoir la place que j’occupais. Je me suis laissé faire sans bien comprendre de quoi il s’agissait. Quand on a découvert que je n’étais pas cette personne, on n’a eu que sourires et sympathie pour moi qui me suis fait un plaisir de faire à tout le monde un petit cours sur les Concertos pour piano de Beethoven. S’égarer là où on ne doit pas être peut être plein de surprises. En tout cas, des souvenirs d’adolescent mélangés au champagne m’ont offert une magnifique soirée.


Deux concerts de l’Orchestre de Paris. Pas de doute. Le passage à la nouvelle Philharmonie lui réussit. Aussi bien le concert dirigé par Jaap van Zweden – avec la création européenne, par les sœurs Labèque, du Double Concerto pour deux pianos de Philip Glass et une interprétation très réussie de la Cinquième Symphonie de Chostakovitch – que le concert dirigé par Yutaka Sado – avec la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov interprétée par Andrei Korobeinikov et L’Oiseau de feu de Stravinski – furent des soirées très prenantes. J’attends impatiemment une nouvelle occasion d’écouter le concerto de Glass, car il me semblait qu’il y avait un miracle de beauté dans le troisième mouvement, lent. A vérifier.


Et j’arrive aux deux sommets du mois. La Troisième Symphonie de Mahler par le Philharmonique de Los Angeles, Gustavo Dudamel, le Chœur (de femmes) et la Maîtrise de Radio France (voir ici). Magnifique, oui, magnifique. Je ne trouve vraiment pas un autre mot. Pour l’amoureux de Mahler que je suis depuis toujours, un moment de bonheur rare, tel que la musique seule sait nous offrir.


L’autre grand moment fut l’Otello de Verdi à Gand par l’Opéra de Flandre (voir ici) avec une Desdemona pour qui c’était une prise de rôle, Corinne Winters, qui a des pianissimos d’une douceur infinie, surtout durant son dialogue avec un Otello fou de jalousie au troisième acte. On pourra peut-être, grâce à elle, enfin, entendre le dernier «Requiem» en pppp tel que Verdi le voulait.


Il y a six ans, j’ai fait une chute dans le métro, cassé mon épaule gauche et fus obligé de renoncer au violon qui remplissait ma vie même si je suis toujours resté un violoniste amateur. Ce qui explique que je n’ai pas pu renoncer à voir le film Le Violon du diable sur la vie de Paganini diffusé sur Arte, sachant qu’il n’était certainement pas bon. J’ai eu raison. Malgré la médiocrité cinématographique, j’ai été emporté par un tsunami d’émotions. Tout l’amour pour Paganini du tout jeune violoniste débutant que je fus et la douleur de ne plus pouvoir jouer. J’ai même trouvé une photo de 1961 avec moi, jeune, devant la maison natale de Paganini à Gênes, pendant un pèlerinage émouvant. Qui a osé dire que Paganini ne fut pas un grand?


On se retrouve au muguet.


Benjamin Duvshani

 

 

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