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Menuhin et Barenboim
07/11/2001

On a parfois tendance à oublier que Yehudi Menuhin en son temps, avait bravé les préjugés de ses contemporains en jouant avec Furtwangler au lendemain de la seconde guerre mondiale, en commandant des œuvres à Bartok, en se rendant en Russie pour jouer avec des artistes comme Oistrach et Rostropovitch, en supportant le même Rostropovitch lorsque celui-ci était exilé de Russie, en faisant découvrir la musique Indienne au monde occidental, … On oublie également que Menuhin a également été un professeur infatigable, découvrant et développant de nombreux talents.


En prenant des positions engagées, Menuhin a transcendé non seulement son image d’enfant prodige mais a atteint cette position rare où un artiste, ou un savant, un homme de lettre, un homme politique…, au sommet de leur profession dépassent l’aura de leur domaine même pour avoir un rayonnement moral universel tel un Einstein ou un Gandhi.


Comme Menuhin, Daniel Barenboim a démarré comme un enfant prodige, se produisant très tôt en scène pour jouer Beethoven et Mozart. Comme Menuhin, il a travailler avec des musiciens prestigieux, que ce soient des chefs aussi divers qu’ Otto Klemperer, Sergiu Celibidache ou Pierre Boulez, des chanteurs comme Dietrich Fischer-Diskau ou Julia Varady, des metteurs en scène comme Jean-Pierre Ponnelle (qu’il a fait revenir à Paris lors dans des Mozarts inoubliables) ou Patrice Chéreau (dans Wozzeck, autre production inoubliable).


Comme Menuhin, il a été un découvreur de talents. Il suffit de regarder la liste de ses assistants pour le comprendre : Simone Young, Philippe Jordan, Antonio Pappano, … ont tous été identifiés et ont travaillés avec lui.


Comme Menuhin, il joue activement de la musique de notre temps, ayant crée et commandé des œuvres à des compositeurs aussi divers que Pierre Boulez, Luciano Berio, Elliot Carter, John Corigliano et bien d’autres encore.


Mais surtout, comme Menuhin, Barenboim n’a pas hésité à prendre des positions et des initiatives personnelles courageuses. Il faut se rappeler en effet que c’est à l’époque où il était en poste à Paris qu’il avait aidé aux rétablissements des relations entre la Russie et Israël, relations qui ont permis à de nombreux juifs de Russie de pouvoir émigrer en Israël. C’est également Barenboim qui a dirigé un orchestre formé de jeunes musiciens venant d’Israël et de plusieurs pays Arabes (comme vous pouvez le voir au site http://www.divan-weimar.de/english/index.html).


C’est également ce qui s’est passé hier en Israël. Après avoir programmé le premier acte de la Walkyrie en Israël, Daniel Barenboim face aux pressions diverses, avait accepté de remplacer cette œuvre par un programme Schumann-Stravinsky. Cependant, après ces deux œuvres, le chef s’est tourné vers la salle et leur a proposé à ceux qui le demandait de rester pour entendre du Wagner. Selon les nouvelles, il s’en est suivi une discussion agitée d’une bonne demie-heure entre le chef et le public, suite à quoi, les auditeurs restants ont pu entendre l’ouverture de Tristan et Isolde.


Il y a des artistes du passé ou du présent qui ont atteint le niveau musical de Barenboim. Il y en a peu qui comme lui qui ont su doubler ce talent d’un courage et d’une humanité aussi exemplaire.


Antoine Leboyer

 

 

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