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Le mois du mélomane professionnel
02/01/2014





Deux événements importants en ce mois de janvier, Einstein on the Beach et la biennale de quatuors à cordes à la Cité de la musique.


Tout a commencé par une décision à prendre. Vais-je ou ne vais-je pas voir cet opéra de plus de quatre heures, dans lequel Philip Glass, le musicien, et Robert Wilson, le metteur en scène, coopèrent pour nous offrir quelque chose qui n’a jamais été fait auparavant? Je dois avouer que ma décision a été influencée par une expérience vécue à Cologne en 1990, où la radio WDR nous a offert un festival où fut créé le Concerto pour violon de Ligeti (trois mouvements au départ) et où fut présentée une œuvre de Morton Feldman, Violin and String Quartet, annoncée comme «très longue». J’ai décidé de m’y rendre avec l’intention de partir au cas où je trouverais cela trop long. Le miracle est arrivé assez rapidement, au bout d’un quart d’heure, et je suis resté, totalement plongé dans l’œuvre jusqu’au bout. Ce fut une bonne décision que d’y aller. Ce fut encore une bonne décision que de voir Einstein, car la même chose m’est arrivée. Je me suis trouvé immergé, sans ennui et sans impatience, dans cette musique et ces images bien que l’élément répétitif fût très présent. Il me restait encore à comprendre le mystère de cet engouement. Je n’y suis pas arrivé et je me demande si j’y arriverai un jour. Un des secrets de la musique. On n’a pas besoin de tout comprendre pour aimer. Le bonheur est de penser que des hommes de génie savent le faire.


Tout autre fut l’expérience de la biennale. Beaucoup, beaucoup de concerts avec beaucoup de quatuors. Il fallait faire un choix qui ne m’était pas trop difficile à faire. Surtout, deux quatuors. L’un, le Quatuor de Jérusalem dont les membres furent formés dans l’Académie où j’ai fait mes études musicales. Belle soirée avec Mozart (comme presque tous les quatuors), Janácek et Smetana. Mais aussi une réserve. Le violoncelle fut, pour sa sonorité, en retrait des autres musiciens, ce qui est un défaut quand il s’agit d’un quatuor à cordes. Le second, le Quatuor Arditti à qui nous devons tant. Ils ont joué, et continuent de jouer, un rôle capital dans la musique de notre temps par le nombre immense de créations qu’ils ont assurées et par la pédagogie de leur démarche. D’abord, une création française, celle du Troisième Quatuor «Melencolia» de Philippe Manoury. Une vraie réussite. Il y a longtemps que nous n’avions pas été impressionnés d’une façon aussi immédiate par une œuvre récente. Un moment de grâce. Plus compliqué fut le contact avec une autre création française, celle du Quatuor VI «Hinterland» (avec orchestre) de Pascal Dusapin. Les Arditti furent accompagnés par l’Orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Pascal Rophé avec comme violon solo, qui joue un rôle important dans l’œuvre, Hélène Collerette. Moins convaincant, plus difficile à suivre. La clarté à laquelle nous a habitués Dusapin n’y était pas. Vous savez certainement que dans les études bibliques, «hapax» désigne un mot qui n’apparaît qu’une seule fois dans la Bible, ce qui pose parfois des problèmes de compréhension et d’interprétation. Quand j’ai demandé à Dusapin pourquoi il avait sous-titré son œuvre Hapax, il m’a répondu que c’était pour indiquer que c’est une formule instrumentale qu’il n’utilisera qu’une fois dans sa vie. Il me semble que c’est une bonne décision.


Benjamin Duvshani

 

 

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