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Le mois du mélomane professionnel
11/01/2013






Un mois d’octobre pauvre en quantité mais riche en qualité. Le concert de l’Orchestre de Paris dirigé par David Zinman nous a réservé une surprise. En plus de la Sinfonia da Requiem de Britten et de ses Quatre Interludes marins tirés de Peter Grimes dirigés de main de maître par Zinman, nous avons fait la découverte d’un grand, d’un très grand violoniste, Nikolaj Znaider, que nous connaissions déjà par son intervention au concours reine Elisabeth de Belgique mais jamais entendu en live. Nous bouleverser à ce point par une exécution exceptionnelle du Concerto de Beethoven n’est pas donné à tout le monde. Sonorité (aidée par un violon exceptionnel lui aussi), musicalité, technique absolument parfaite. Une réflexion m’a traversé l’esprit. Il est vrai qu’il n’y a rien de plus anti-mélomane que d’applaudir entre les mouvements d’une œuvre. Faut-il appliquer cette règle à un concerto avec un premier mouvement tout à fait capital et, qui plus est, se termine, avant le coda, par une cadence enlevée? Je pense que non et j’avais une grande envie d’applaudir à tout rompre. Je ne l’ai pas fait mais, je vous avertis, je le ferai la prochaine fois même si je dois attirer l’ire de mes voisins.


L’autre grand événement du mois fut un weekend à la Cité de la Musique qui, sous la dénomination «Turbulences», nous a offert un hommage à Pascal Dusapin, à l’Ensemble inter contemporain et à la musique contemporaine en général. N’ayant pas pu assister au concert de vendredi soir, qui fut très bon selon les dires de mes collègues, je l’ai pris en route samedi après-midi avec Lumen pour six instruments de Donatoni, précédé d’une conférence sur «La musique du cerveau», que j’ai trouvée intéressante mais trop difficile pour le public non spécialiste qui remplissait la salle. Ceci n’était qu’un apéritif. A suivi une soirée longue en trois parties avec comme hors d’œuvre des pages de Schwitters, Janácek, Kagel et Dusapin. Grande plongée dans une musique qui se dit encore contemporaine bien qu’appartenant au siècle passé. Le plat de résistance comportait, en plus d’un extrait de la Troisième Sonate de Boulez et d’une œuvre pour piano et des voix enregistrées de toute beauté, un des grands chefs-d’œuvre de notre temps, Different Trains de Steve Reich pour quatuor à cordes et bande enregistrée. D’un intérêt soutenu, et par la musique et par le sujet traité, nous étions absolument subjugués. Le dessert, si on peut l’appeler ainsi, fut servi par des œuvres de Berio, Harvey, Eötvös et Claude Vivier. Pendant les entr’actes, pas de repos: Messiaen, Berio, Scelsi et Copland dans l’entrée et la rue musicale. La nuit qui a suivi ne fut pas calme car baignée dans toutes ces sonorités que nous étions fiers d’avoir aidé à faire connaître. Le dimanche, encore une séance avec Quad, concerto pour violon et petit orchestre de Dusapin, joué par l’irremplaçable Hae-Sun Kang et précédé d’une conférence introductive d’une qualité rare donnée par Clément Lebrun, aidé par tous les musiciens de l’EIC. Le public, tout à fait réceptif, fut totalement conquis. Point final à ce festival (oui, il n’y a pas d’autre mot pour le décrire) de musique de notre temps, une œuvre de Morton Feldman, hommage à Samuel Beckett, qui a duré moins d’une heure et où j’ai crû apercevoir quelques mf.


Bravo à la Cité de la Musique, à l’Ensemble intercontemporain, à Pascal Dusapin et à tous les autres qui nous ont permis de vivre cet événement musical majeur. Nous avons appris qu’il y aura d’autres «Turbulences». Nous attendons impatiemment.


Benjamin Duvshani

 

 

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