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Le mois du mélomane professionnel
01/01/2013






Le mois commence par une création à l’Opéra Comique d’un opéra bouffe, Limbus-Limbo, écrit par Stefano Gervasoni pour la célébration du cinquantenaire des Percussions de Strasbourg et posant un problème intéressant. Il y avait un lieu, chanté par Dante, les Limbes, qui se trouve entre le Paradis et l’Enfer, lieu de toutes les contradictions de l’homme. L’église catholique décide, en 2007, la suppression de ce lieu de sa cartographie. Par quoi le remplacer? Linné, le scientifique, accompagné par le cymbalum et parlant le suédois et le latin, et Giordano Bruno accompagné, par le cor et parlant le latin et l’italien, accueillent une milliardaire, Tina, qu’accompagne la flûte à bec et parlant l’italien, l’anglais et l’allemand comme langue «infernale», pour une fête. La musique, un patchwork de Gluck, de Purcell, d’Offenbach et du free jazz, est déroutante. On passe la soirée dans une interrogation permanente, qui se poursuit d’ailleurs après le spectacle, sur ce «babélisme» et le mélange du bouffe et du sérieux. Un spectacle bien de notre temps. Pas étonnant qu’il fût offert à un ensemble de percussions.


A Anvers pour une Flûte enchantée par l’Opéra des Flandres, mis en scène par l’allemand David Hermann. Voilà une modernité réussie avec plein de bonnes idées innovantes. Sarastro est un trappeur, assez cruel et assez dominateur avec un zeste d’inceste (Pamina sur ses genoux et une main baladeuse), la Reine, une emmerdeuse, Papageno, un vrai sauvage, Papagena, handicapée et laide jusqu’au bout (le sauvage en manque mérite-t-il mieux?). L’opéra se termine par l’assassinat de Sarastro par Tamino. Bonne idée pour le jeune couple de se débarrasser de l’image maternelle, éliminée par Sarastro lui-même, et de l’image paternelle, pour être enfin vraiment libre. Pour la partie musicale, il faut surtout retenir le nom d’Ante Jerkunica dans le rôle de Sarastro. Une voix de basse exceptionnelle comme on en entend rarement.


L’ensemble Opera fuoco sous la direction de David Stern nous convie à une soirée consacrée à une présentation des grands moments de Così fan tutte par un ensemble de jeunes chanteurs en fin de formation. Cela se passe dans la salle des fêtes de la mairie du VIe. Le choix d’un accompagnement par un clavier et d’un quatuor à cordes ne me convient pas. On a l’habitude du clavier comme remplacement de l’orchestre mais le quatuor n’est qu’une promesse non tenue de sonorité supplémentaire qui fait «pauvre».


On célèbre le huit cent cinquantième anniversaire de Notre-Dame par une grande série de concerts. La Maîtrise de Notre-Dame avec un orchestre et les Sacqueboutiers de Toulouse sous la direction de Lionel Sow nous offrent un Vespro della beata vergine de Monteverdi d’une haute tenue et avec des moments sublimes («Nigra sum», «Duo Seraphim»). On attend impatiemment la suite de ce festival. Toujours le même étonnement devant la richesse musicale du XVIIe. Nous ne sommes pas encore au temps du clavier tempéré et des modulations.


Je n’aurai pas de place pour ajouter tout ce qu’il y a eu à la télévision et sur l’écran de mon ordinateur comme opéras et concerts pendant ce mois. Peut-on être un mélomane aujourd’hui sans Mezzo, Mezzo HD, Brava HD, ArteLiveWeb, Medici, Cité de la musique live et YouTube?


Non, je ne vous laisserai pas sans vous souhaiter une merveilleuse année 2013. On nous dit qu’elle sera difficile. Heureusement que pour nous, mélomanes, elle pourra être adoucie.


Benjamin Duvshani

 

 

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