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Un mois dans la vie d’un mélomane
02/01/2012


La cinquième biennale de quatuors à cordes à la Cité de la Musique. Dix-neuf concerts: il faut donc faire un choix. J’ai choisi Tokyo, Arcanto, Capuçon et Hagen. Le niveau est très élevé. Une réserve pour les Arcanto à qui l’on peut reprocher un déséquilibre entre les pupitres des violons et ceux de l’alto et du violoncelle. Serait-ce dû à la présence de Tabea Zimmermann à l’alto, avec sa forte personnalité et sa sonorité? Le secret du quatuor se trouve dans ce fameux équilibre qui fait que quatre instruments jouent comme un. A l’honneur, l’intégrale de l’œuvre pour quatuor de Wolfgang Rihm. La musique du XXe siècle comme je l’aime, inventive et surprenante. Souvenir de novembre 1985 à Metz où j’ai fait sa connaissance: il était encore très peu connu, mais je l’avais déjà apprécié.


J’ai décidé d’être violoniste après avoir écouté le Concerto de Beethoven à la radio, au temps des 78 tours. Je le suis depuis avec la même passion. Deux occasions. Sergey Khachatryan avec l’Orchestre de Paris et Shlomo Mintz avec le National. Deux déceptions. Khachatryan fait avec le concerto ce qu’il ne faut pas faire, avec affectation et jeu inconvenant sur les rythmes; Mintz ne fait pas avec le concerto ce qu’on peut faire, en le vidant de ses émotions et en devenant, lui et l’orchestre qu’il dirige, presque ennuyeux. Il faut s’attaquer à ce concerto avec beaucoup de sérénité et beaucoup d’émotion contrôlée. La manière de jouer le thème majeur-mineur du premier mouvement, fortement contrasté entre sérénité pour le majeur et émotion pour le mineur, est le secret de la beauté de l’œuvre. Et ne pas oublier que Beethoven n’était pas un violoniste et que la marque du piano doit imprégner la partie du violon.


Que dire de la beauté de la voix et du sens musical d’Anna Caterina Antonacci, la Cassandre des Troyens du Châtelet et la Carmen de l’Opéra Comique, qui n’ait pas été dit? Elle a offert, avec l’Orchestre philharmonique de Rotterdam sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, un moment de grâce ravélien avec sa Shéhérazade. A tomber amoureux d’elle sur le champ.


A Gand pour la première du Voyage à Reims à l’Opéra de Flandre. Très bonne soirée avec une mise en scène intelligente, moderne et classique, de Mariame Clément. Tout se passe dans un avion qui tarde à partir. Qui de nous n’a pas vécu cette angoisse du départ différé? (Il m’est arrivé de rester quatre heures dans cet état). Je ne peux pas m’empêcher de penser à En attendant Godot, tout étonné de retrouver de l’angoisse dans un opéra-bouffe. Et si, à chaque fois qu’on veut nous faire rire, on fait faire surface justement à nos angoisses? Elena Gorshunova, dans le rôle de Corinna, est remarquable, surtout dans son air avec la harpe et félicitations au flûtiste Francis Poskin pour ce célèbre solo si bien joué. Ajouter à cela une visite à Saint Bavon pour y admirer L’Agneau mystique de van Eyck et vous saurez que l’Opéra de Flandre «mérite le détour».


Bayreuth sur Brava HD. Désespérant. Jusqu’à quand ces mises en scène de déviation? C’est à finir par aimer la ringardise!


Deux concerts «privés». A la synagogue de la rue Copernic, Isabelle Durin au violon et Michael Ertzscheid au piano nous offrent des œuvres romantiques d’inspiration juive. C’est avec une sonorité somptueuse qu’elle donne le Kol Nidrey de Bruch et le Nigoun de Bloch parmi d’autres œuvres connues et moins connues. Et à l’Institut national des jeunes aveugles,Ina-Esther Joost Ben-Sasson, premier violoncelle solo de l’Orchestre de Jérusalem, accompagnée par Antoni Gryzik, pianiste et compositeur, nous gratifie d’une belle soirée où nous découvrons un arrangement fait par Gryzik pour Ina de la «Bénédiction de Dieu dans la solitude» de Liszt.


Alexis Weissenberg est parti. Souvenir de la classe de musique de chambre de Telma Yelin au conservatoire de Jérusalem où je jouais un trio de Schubert avec elle au violoncelle et lui au piano. On l’appelait Sigi et nous étions jeunes.


Last but not least, le concert le plus important de ce mois de janvier du point de vue égocentrique. Je n’étais pas dans le public mais sur scène. Un concert liturgique dans une église de Roubaix. Les trois liturgies monothéistes, juive, chrétienne et musulmane. Etant spécialiste de la liturgie juive ashkénaze d’Europe orientale depuis ma plus tendre enfance, je représente la partie juive du concert. Je profite de la présence du public mélangé de toute origine, pour dédier trois versets de bénédictions de la Bible à tout le monde. Un moment de grande émotion pour le public et pour nous, les chantres. Mon Dieu, si ça pouvait être vrai! Et pour toujours!


Benjamin Duvshani

 

 

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