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02/18/2007
Claudio Monteverdi : L’Orfeo
Philippe Huttenlocher (Orphée), Dietlinde Turban (Euridice), Trudeliese Schmidt (la Musa, Speranza), Roland Hermann (Apollo), Glenys Linos (Messagère, Proserpina), Hans Franzen (Charon), Werner Gröschel (Plutone), Suzanne Calabro (Ninfa), Peter Keller, Francisco Araiza, Rudolf Hartmann, Christian Boesch, Jozsef Dene (Pasteurs, Esprits)
Pet Halmen (costumes), Jean-Pierre Ponnelle (mise en scène)
Chœur de l’Opernhaus de Zürich, Das Monteverdi-Ensemble, Nikolaus Harnoncourt (direction)
Enregistré à Vienne et à Zurich (1977-1978) - 101’
DVD Deutsche Grammophon (zone 0) - 00440 073 4163


En 1975, le chef d’orchestre Nikolaus Harnoncourt et le metteur en scène Jean-Pierre Ponnelle créent l’événement en remontant L’Orfeo de Claudio Monteverdi sur la scène de l’Opernhaus de Zurich. Dire que cette production est une merveille est un euphémisme! En effet, tout y est remarquable: la direction de Nikolaus Harnoncourt apporte vie et rythme à la partition, les chanteurs sont impeccables de style, la mise en scène fourmille d’idées.



Jean-Pierre Ponnelle place l’action dans une scène bien sûr intemporelle. Le décor est unique et quelques accessoires simples viennent le changer, du moins le transformer. Ainsi l’opéra s’ouvre sur un large escalier avec des balcons de chaque côté. Pendant les premiers actes, des colonnes sont entourées de lierre et la scène respire le bonheur. En revanche, l’atmosphère change aux troisième et quatrième actes, qui sont les actes des Enfers: les toiles d’araignée ont remplacé le lierre, des têtes de morts gisent au pied de l’escalier et une fumée s’échappe du fond de la scène. Jean-Pierre Ponnelle n’est jamais en manque d’idées: un écriteau surmonté d’une tête de mort descend avec la phrase de Dante “Lasciate ogni speranza”, un serpent se faufile sur scène au moment de la mort d’Euridice… Les costumes de Pet Halmen sont somptueux, notamment ceux des dieux et des allégories. Le metteur en scène joue aussi beaucoup sur la dimension scène-fosse, puisque des musiciens vont sur scène et se mêlent avec les bergers, alors qu’Orphée revient des Enfers depuis la fosse.


Les chanteurs sont bien sûr excellents, à commencer par Philippe Huttenlocher, qui tient le rôle d’Orfeo à la perfection. Il est très gai et il allège fortement sa voix pour chanter l’air de joie “Vi, ricorda, o boschi ombrosi”. Mais dès qu’Euridice est morte, il prend une voix plus lourde, plus sombre, sans jamais quitter sa profonde humanité. Son air “Possente spirto” est chanté avec sincérité et il ne peut qu’émouvoir les habitants des Enfers.
Euridice chante assez peu et il est donc assez difficile de juger la prestation de Dietlinde Turban. La chanteuse a une voix assez petite et un peu aigre, mais son visage est très expressif pour rendre compte des sentiments du personnage.
Trudeliese Schmidt, que l’on retrouvera dans les autres opus, est magnifique scéniquement et vocalement. Elle campe une belle Musica, pleine de dignité et d’élégance vocale. Elle est secondée par Roland Hermann, Apollon à la belle voix longue et sonore.
Le personnage de la Messagère est particulièrement effrayant. La chanteuse porte une grande robe noire, ses cheveux sont cachés, son visage est maquillé en blanc ses lèvres sont en rouge vif. Elle est porteuse de la mauvaise parole et Nikolaus Harnoncourt souligne bien cet aspect avec une direction un peu hachée et des accents forts dans le passage instrumental qui suit la fin de son chant. Glenys Linos se coule très bien dans ce moule grâce à sa voix franche, douloureuse.
Charon est un gardien des Enfers très convaincant. Il porte un costume bleu-vert et dispose d'une rame en forme d’os pour conduire son bateau: un vieillard et un jeune garçon, entre autres, arriveront aux Enfers, avec des costumes dans les mêmes couleurs, et seront conduits dans les Enfers par Charon. Vocalement, Hans Franzen est parfait avec une voix un peu nasillarde. Les rôles des Pasteurs et des Esprits sont également très bien tenus et l’on remarquera avec intérêt la prestation d’un jeune ténor qui s’est plutôt fait connaître pour ses Edgardo et ses Hoffmann: Francisco Araiza.


Nikolaus Harnoncourt n’a pas son pareil pour jouer la musique de Monteverdi. Il sait en dégager l’infinie douleur dans les plaintes d’Orphée, l’allégresse à l’aide des cuivres et des trompettes, etc… Les couleurs d’un orchestre dirigé par Harnoncourt dans Monteverdi sont reconnaissables dès les premières notes et c’est bien là le propre du talent!



Cette production est absolument magique! Tout est étudié pour expliquer l’histoire, la raconter: le metteur en scène est complice du compositeur, ce qui devient assez rare de nos jours. Ce DVD est une excellente introduction à la musique de Monteverdi, même si musicalement les récentes recherches ont permis de la jouer un peu différemment, et Nikolaus Harnoncourt n’est pas le dernier à avoir évolué. A acquérir de toute urgence!


Manon Ardouin

 

 

 

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