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12/29/2006
Richard Strauss : Le Chevalier à la rose
Adrianne Pieczonka (la Maréchale), Angelika Kirchschlager (Octavian), Miah Persson (Sophie), Franz Hawlata (le Baron Ochs), Franz Grundheber (Faninal), Ingrid Kaiserfeld (Marianne), Jeffrey Francis (Valzacchi), Elena Bakoutova (Annina), Piotr Beczala (le Chanteur italien). Chœur de l’Opéra de Vienne, Orchestre Philharmonique de Vienne, Seymon Bychkov (direction)
Enregistré à Salzbourg (août 2004) – 201’
TDK DVWW-OPROKA (2 DVD). Format : 16:9. Region code : 0 (worldwide). (distribué par Intégral)


Le Chevalier à la rose, en 2004, devait être dirigé par le regretté Giuseppe Sinopoli. On parla ensuite de Christian Thielemann, d’un retour de Carlos Kleiber. Il n’en fut rien et il fallut se contenter de Seymon Bychkov, là où l’on avait eu, entre autres, Karajan, Böhm ou Dohnanyi. Direction sommaire, bruyante, rien moins que sensuelle ; même la Philharmonie de Vienne ne parvient pas à restituer cet esprit viennois consubstantiel à la partition de Strauss. La distribution, de surcroît, ne dépasse pas une honnête moyenne. Bonne chanteuse, Adrianne Pieczonka, très présente au festival ces années-là, n’a ni la classe ni l’aura de la Maréchale, ni l’art de la « conversation en musique » straussienne. Si Angelika Kirchschlager, un des meilleurs Chevaliers du moment, ardent et rebelle, colle toujours aussi bien à Octavian, elle paraît en petite forme, un peu noyée sous l’orchestre, pâlichonne dans la présentation de la rose. Il est vrai que la Sophie charmante mais jamais fleur bleue de Miah Persson a tout pour lui plaire, avec ses aigus éthérés et un médium qui s’entend. Comme l’a confirmé la reprise parisienne de la production – salzbourgeoise aussi – de Herbert Wernicke, Franz Hawlata a toujours du mal à nous faire croire qu’on tient avec lui la basse profonde qu’exige le Baron Ochs ; cela dit, il nuance, ne sombre jamais dans la caricature. Mais le meilleur vient finalement du Faninal de Franz Grundheber, solide et stylé, ainsi que des seconds rôles – excellent chanteur italien de Piotr Beczala, impayable couple Annina-Valzacchi d’Elena Bakoutova et Jeffrey Francis. Cela ne suffit pas. Ce n’est pas indigne pour autant, loin de là ; on reste seulement très en deçà de ce que l’on peut exiger de Salzbourg.
La mise en scène de Robert Carsen sauve-t-elle la mise ? En un certain sens, oui. Disons d’abord que l’impression que l’on ressent dans son salon diffère de celle qu’on éprouvait dans la salle : on apprécie davantage, grâce à la caméra de Brian Large, la direction d’acteurs, très subtile, tandis qu’on perd l’effet produit par l’enfilade des pièces sur la vaste scène du Festspielhaus, qui donnait l’illusion d’une grandeur aussi artificielle que celle de l’empire habsbourgeois sur le déclin. Un empire entièrement dominé par les militaires – Ochs devient un officier - et les marchands d’armes – Faninal en est un – qui le conduiront en réalité à sa perte : au moment où Octavian et Sophie s’enlacent sur le lit où l’on a vu le jeune homme étreindre la Maréchale, des soldats tombent sur le champ de bataille, chair à canon dévouée à un empereur indifférent. Le chevalier fougueux, le baron macho pourront bien alors partager un même destin. Pour le metteur en scène, Le Chevalier à la rose, c’est la fin d’un monde. Cette Vienne n’a plus guère à voir avec celle de Marie-Thérèse, mais plutôt avec Schnitzler ou Roth – au deuxième acte, le docteur écoutant le Baron gémissant sur la table ressemble tellement au docteur Freud écoutant ses patients... Robert Carsen trouve au fond un juste équilibre entre la grandeur pompeuse – Octavian, pour présenter la rose, arrive à cheval – et l’intimisme raffiné. Sauf qu’il ne peut s’empêcher, au dernier acte, de sombrer dans une vulgarité tout à fait superflue, avec ce bordel tenu par un travesti où les uns copulent à la hussarde tandis que les autres font leur toilette intime. Cela passe d’autant moins que, depuis un certain temps, on en a vu d’autres.
Si vous voulez un DVD du Chevalier à la rose, précipitez-vous sur la version munichoise de 1979, avec Jones, Fassbaender, Popp, dirigée par Carlos Kleiber. La mise en scène d’Otto Schenk ? Traditionnelle, mais efficace. Et quand on a une telle affiche…




Didier van Moere

 

 

 

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