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11/17/2006
Umberto Giordano : Fedora
Mirella Freni (Fedora), Adelina Scarabelli (Olga), Plácido Domingo (Loris), Alessandro Corbelli (De Siriex). Chœur et Orchestre de la Scala de Milan, Gianandrea Gavazzeni (direction). Mise en scène : Lamberto Puggelli.
Enregistré à Milan (mai 1993). 113’.
TDK DVWW-OPFED (présentation trilingue).


On connaissait la soirée new-yorkaise de 1997, où le Met fêtait encore avec enthousiasme la Fedora d’une Mirella Freni sexagénaire et déclinante, gênée par les grands élans du troisième acte de l’opéra de Giordano, où elle faisait ce qu’elle pouvait pour cacher ses faiblesses. Quatre ans avant, à la Scala, elle ajoute ce rôle à un répertoire pourtant déjà très riche ; la voix tient beaucoup mieux, jusque dans ce troisième acte fiévreux, où l’on perçoit seulement une légère tendance à prendre les aigus trop bas. Pour le reste, sa technique permet à la chanteuse de dominer vocalement le rôle de la princesse russe. La beauté de la ligne, la maîtrise du souffle, le legato qu’admirait Elisabeth Schwarzkopf – une experte en la matière -, défient les années. Cela dit, Fedora est plus proche de Tosca – deux héroïnes du même Victorien Sardou - que de Mimi ou de Cio-Cio-San et Freni a toujours été plus Mimi ou Cio-Cio-San que Tosca, où elle n’a jamais convaincu. Bref, elle ne fait pas passer ce grand frisson que provoquent les authentiques tragédiennes. Mais c’est si bien fait, si sincère, si exemplaire qu’on finit par se laisser émouvoir, surtout dans le troisième acte – au premier, la princesse fait vraiment bourgeoise.
Plácido Domingo se tire aussi parfaitement d’affaire et l’on admire, là aussi, un artiste qui porte encore si beau. Le rôle de Loris semble d’ailleurs fait sur mesure pour lui, sans trop d’aigus, sans trop d’éclats. Et, comme toujours chez lui, cet engagement, ce rayonnement balaient aussitôt les réserves que pourrait inspirer un certain durcissement du haut médium. Il y a enfin ces longues années de carrière où ils se sont si souvent retrouvés qu’ils nous donnent l’impression de voir un vrai couple, uni par une vraie connivence artistique. A leurs côtés, chacun tient sa place, en particulier Adelina Scarabelli – très préférable à l’Olga acide du Met -. La présence du vétéran Gianandrea Gavazzeni – 84 ans ! - représente un autre atout par rapport à l’oubliable soirée new-yorkaise : cette direction fluide mais lyrique, élégante mais théâtrale, qui ne verse jamais dans les facilités d’un vérisme mal compris pour inscrire Giordano dans l’héritage post-belcantiste, fait vite oublier la routine laborieuse de Roberto Abbado. On n’attendra rien de révolutionnaire du décor de Luisa Spinatelli et de la mise en scène de Lamberto Puggelli. C’est du premier degré, avec des toiles peintes représentant Saint-Pétersbourg, Paris ou les lacs suisses. L’interrogatoire des domestiques de Fedora, au premier acte, par la redoutable police tsariste, les mondanités parisiennes du deuxième, tout est là comme si on y était. Mais, les chanteurs étant bons acteurs, cela fonctionne très bien et ne frise pas le kitsch. Si l’on veut un DVD de Fedora, malgré les réserves que peut susciter Mirella Freni sur ses affinités réelles avec l’héroïne, celui-ci s’impose avec évidence.

Didier van Moere

 

 

 

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