About us / Contact

The Classical Music Network

DVD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

11/14/2006
Giuseppe Verdi : Rigoletto
Marcelo Álvarez (le Duc de Mantoue), Carlos Álvarez (Rigoletto), Inva Mula (Gilda), Julian Konstantinov (Sparafucile), Nino Surguladze (Maddalena). Orchestre et chœur du Liceu de Barcelone, direction Jesus Lopez-Cobos.
Enregistré à Barcelone (décembre 2004) - 130’.
TDK (2 DVD) DVWW-OPRIGL. Format : 16/9. Region Code : 0 (worldwide).


Même s’il a raté sa Flûte enchantée salzbourgeoise en 2005, Graham Vick reste un des metteurs en scène d’opéra les plus intéressants qui soient. Sa lecture de Rigoletto est amère, acide, cruelle : plus bossu et plus laid que jamais, clown triste et frustré, père cannibale et violent, le bouffon a des airs d’aliéné, parfois rivé à un fauteuil de cuir qu’on retrouve toujours. Bouc émissaire de courtisans cruels et sadiques, qui se repaissent, au deuxième acte, du spectacle de son abjection. Entre l’esclave et l’infirmière, Gilda a d’emblée quelque chose de tragique. On sent bien d’ailleurs, dès le premier acte, dans ce palais où l’on semble s’ennuyer comme dans une discothèque, que la femme est objet que la chair est triste. Le plateau tournant révèle à chaque tableau un univers clos d’où l’on ne s’évade pas : quand Gilda est enlevée, c’est pour passer d’une prison à une autre. Un arbre pourtant, dans la demeure de Rigoletto, symbolise une éphémère échappée dans le rêve : un pommier, qui porte les fruits de la tentation. Il faut dire également la précision, le raffinement de la direction d’acteurs, remarquablement soulignés par la caméra.
La distribution est bonne, sans pour autant laisser un souvenir impérissable. Carlos Álvarez a pour lui une voix solide de baryton Verdi, convenant parfaitement à Rigoletto. Le chant aussi est solide, mais on l’aimerait plus nuancé, plus subtil, à l’image de ce qu’il fait sur scène. Peu assurée au début, tant vocalement que stylistiquement, bien sage, sinon appliquée dans son air, Inva Mula s’affirme à partir du deuxième acte, beaucoup plus à l’aise quand l’écriture devient moins belcantiste et plus tendue, par l’intensité de son incarnation. Le duo entre le père et la fille, à terre, humiliés et offensés, est un grand moment d’émotion. Homonyme de son bouffon, Marcelo Álvarez, toujours un peu empoté dans ses gestes, s’inscrit avec aisance dans la tradition des bellâtres latins à la voix de soleil et aux aigus insolents. Sparafucile et Maddalena, en revanche, sont trop épais, lui pas très bien chantant de surcroît. Jesus Lopez-Cobos fait ressortir avec bonheur les couleurs de l’orchestre de Verdi, jouant plutôt la carte de l’intimisme douloureux que celle du romantisme noir. Somme toute, pas une révélation, mais une bonne, voire très bonne soirée d’opéra.


Didier van Moere

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com