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05/12/2004
John Adams : The Death of Klinghoffer
Livret d'Alice Goodman
Stanford Sylvan (Leon Klinghoffer), Yvonne Howard (Marilyn Klinghoffer), Tom Randle (Molqi), Kamel Boutros (Mamoud), Leigh Melrose (Rambo)
London Symphony Orchestra, John Adams (direction)
Decca 074 189-9 (bonus : un documentaire en anglais mais non sous-titré)




L’opéra de John Adams se base sur un fait divers tragique de 1985, la prise d’otage par un commando palestinien d’un bateau de croisière, L’Achille Lauro, et l’exécution de l’un de ses passagers, Leon Klinghoffer, paralytique et juif. Créé en 1991 sous la forme d’un oratorio avec une mise en scène très épurée et symbolique, cette nouvelle production prend le contre-pied de l’intention d’origine en donnant l’œuvre dans des décors naturels.


Un premier problème, purement esthétique, se pose, celui des opéras donnés «en conditions réelles» : la situation et les personnages deviennent tellement réalistes que l’on se demande pourquoi ils se mettent à chanter ! Sans l’artifice de la scène le chant apparaît totalement... artificiel, comme une greffe qui ne prend pas.


Second problème, de fond celui-la, le livret d’Alice Goodman : elle défend en effet une stricte égalité et une totale neutralité de jugement entre les malheurs des Juifs (l’Holocauste de la Deuxième guerre mondiale, rappelé par des images d’archives dans le film) et celui des Palestiniens (l’expulsion par les Israéliens de milliers d’entre eux en 1948). C’est scandaleux et révisionniste, comme si les deux tragédies pouvaient se comparer (et signalons que les Etats arabes eux-mêmes encouragèrent le départ des Palestiniens en prévision de la guerre qu’ils déclenchèrent contre le jeune Etat d’Israël en mai 1948) ! Voulant absolument trouver des justifications aux terroristes, elle établit dans cet exode la source de leur humiliation et de leur vengeance ; c’est un peu court, comme si le conflit israélo-palestinien ne s'inscrivait pas dans la lutte à mort de l'islamisme contre l'Occident. Mais depuis la création de cet opéra en 1991, il y a eu le 11 septembre 2001. Maintenant on sait. Faut-il trouver des excuses à ceux qui ont détruit les Twin Towers et tué 3000 personnes ? Faut-il trouver une excuse au fait d'exécuter froidement un paralytique parce que juif ? Nous pensons que non. La scène finale montrant la femme de Leon Klinghoffer apprenant du Commandant la mort de son mari et se mettant à proférer un discours haineux et raciste envers les palestiniens est particulièrement répugnante, veut-on suggérer au spectateur qu'elle mérite son sort ?


Les problèmes liés au conflit israélo-palestinien sont exacerbés et passionnés, le parti-pris réaliste était donc plutôt à éviter, mieux vaut en effet se concentrer sur la musique de John Adams, superbe, inventive et captivante de bout en bout. Pour une fois, on préférerait le CD au DVD !




Philippe Herlin

 

 

 

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