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05/18/2015
«Berliner Philharmoniker. Abbado in Japan»
Modest Moussorgski : Une nuit sur le Mont chauve (version originale)
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu (Suite, 1919)
Piotr Ilyitch Tchaïkovsky : Symphonie n° 5 en mi mineur, opus 64

Berliner Philharmoniker, Claudio Abbado (direction), Yasuaki Ito (réalisation)
Enregistré en public au Suntory Hall, Tokyo (14 octobre 1994) – 97’
Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code 0 – Notice (en anglais, allemand et français) de Maria Dolg
EuroArts 2012478


Must de ConcertoNet





«The Berliner Philharmoniker in Tokyo»
Carl Maria von Weber : Oberon: Ouverture
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violon et orchestre n° 1 en la mineur, opus 99
Antonín Dvorák : Symphonie n° 8 en sol majeur, opus 88

Hilary Hahn (violon), Berliner Philharmoniker, Mariss Jansons (direction), Shoichi Nishikawa (réalisation)
Enregistré en public au Suntory Hall, Tokyo (26 novembre 2000) – 99’
Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code 0 – Notice (en anglais, allemand et français) de Keith Anderson
EuroArts 2020248





Un même orchestre (les Berliner Philharmoniker), un même contexte (un concert dans le cadre d’une tournée à l’étranger), une même salle (celle du Suntory Hall de Tokyo) mais deux chefs différents (Claudio Abbado et Mariss Jansons): évidemment deux très beaux concerts mais qu’on se gardera pourtant de mettre sur un même pied d’égalité. Car, si celui dirigé par le chef russe est très bon, celui de 1994 constitue peut-être le plus beau témoignage filmé de la fructueuse collaboration entre Claudio Abbado (1933-2014) et la célèbre phalange.


En 1994 donc, Abbado dirigeait un concert dont la première œuvre au programme constitue peut-être le sommet de ce concert magistral. Car il faut voir la manière très personnelle mais à la passion tellement communicative avec laquelle le chef italien lance l’orchestre dans les vagues rugissantes de cette Nuit sur le Mont chauve (à 3’50). Adoptant une gestique qui passe en un instant de l’apparente nonchalance à une expressivité charmeuse (à 15’), Abbado conduit un orchestre chauffé à blanc (où se côtoient quelques «grands anciens» comme le contrebassiste solo Rainer Zepperitz et quelques «petits jeunes» comme notre Emmanuel Pahud national) aux cordes envoûtantes (quelles sonorités à 11’!) et aux vents dont la dextérité est admirable. Dans la Suite de L’Oiseau de feu, le public (et donc le téléspectateur) a pu bénéficier d’un aréopage de solistes dont le niveau est exceptionnel: écoutons-les et regardons-les se succéder dans «Khorovode des princesses» avant que Hansjörg Schellenberger (au hautbois) et Daniele Damiano (au basson) ne s’illustrent dans la «Berceuse», le corniste Stefan Dohr ouvrant ensuite un «Finale» de toute beauté. Quant au chef, la variété des plans nous permet de bénéficier de cette gestique si personnelle, sa baguette lançant imperceptiblement les basses à 19’05 avant que la physionomie de Claudio Abbado, pourtant si douce d’habitude, n’adopte soudainement une vraie violence lors des accents de «La Danse infernale du Roi Kastcheï». Dans la Cinquième Symphonie de Tchaïkovski, chaque image vaut à elle seul le détour. Qu’il s’agisse de la direction d’Abbado (autoritaire parfois à 47’, sculptant la fin du premier mouvement à 58’44, d’une beauté presque surnaturelle dans le deuxième mouvement à partir de 67’05, nous emmenant dans une sorte de cataclysme sonore à 87’31...) ou des différents pupitres, les caméras et la réalisation alerte de Yasuaki Ito nous permettent de vivre un très grand moment, agrémenté tant des larges vues de l’orchestre que des plans rapprochés sur les musiciens (nous laissant même entrevoir furtivement, à la seconde clarinette, le grand Karl Leister à 45’10). Triomphe amplement mérité sitôt les derniers accords tombés. Encore une fois, ne tergiversons pas: on a là ce qui constitue à nos yeux un des plus beaux, si ce n’est le plus beau concert filmé associant Claudio Abbado aux Berliner Philharmoniker!


Sans être vraiment moins bon, avouons qu’après cela, le concert donné six ans plus tard par le même orchestre sous la baguette de Mariss Jansons s’avère beaucoup plus fade. «Sous la baguette», c’est beaucoup dire d’ailleurs puisque le chef russe dirige à mains nues, avec une redoutable efficacité, le concert commençant par une splendide Ouverture d’Obéron de Weber. Les Berliner font montre d’un bel élan et les solistes (Karl-Heinz Steffens à la clarinette, Radek Baborák au cor) sont irréprochables. Deuxième œuvre au programme, le Premier Concerto de Shostakovich bénéficie pour sa part d’une belle interprétation de la part d’Hilary Hahn dont le jeu (tout en pénombres dans le premier mouvement, en glissades et sons abrupts dans le deuxième, en technique pure dans le dernier) est digne de tous les éloges mais c’est aussi cette froideur qui ne nous convainc qu’à moitié. Car, au sens propre comme au sens figuré, la jeune violoniste offre un visage assez lisse – il est d’ailleurs piquant de voir le contraste entre l’impassibilité de la soliste et, au contraire, l’engagement physique de Jansons dans le premier mouvement! – qui instaure une distanciation nous empêchant d’adhérer pleinement au spectacle. La magie berlinoise reprend néanmoins ses droits dans la Huitième Symphonie de Dvorák, où brille un pupitre de contrebasses à se damner (à 59’12), les bois puis les cuivres déployant également tous leurs moyens dans l’étourdissant quatrième mouvement (à partir de 84’33 notamment). Concluant le concert par une Septième des Danse slaves de l’Opus 72 valant à elle seule le détour, Jansons remporte un beau succès qui rend ce DVD des plus recommandables.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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