About us / Contact

The Classical Music Network

DVD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

10/12/2014
«450 years Sächsische Staatskapelle Dresden»
Antonio Vivaldi :Concerto «per l’Orchestra di Dresda» en sol mineur, RV 577
Carl Maria von Weber : Jubel-Ouvertüre, opus 59, J. 245
Richard Wagner : Rienzi: Ouverture
Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, opus 64

Sächsische Staatskapelle Dresden, Giuseppe Sinopoli (direction), Elisabeth Birke-Malzer (réalisation)
Enregistré en public au Semperoper de Dresde (22 septembre) 1998 – 91’
Arthaus Musik 102 321 – Son PCM Stereo – Format NTSC 4:3 – Region Code 0 – Notice en anglais, français et allemand





L’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde est le plus ancien orchestre du monde encore en activité. Créé par un décret du prince-électeur Moritz de Saxe pris le 22 septembre 1548, l’ensemble est originellement choral et destiné à assurer les services de la Chapelle de la Cour (Hofkapelle). Par la suite, notamment sous l’influence de Heinrich Schütz (1585-1672), l’orchestre développa son activité vers le monde de l’opéra et de la musique instrumentale au point de devenir au XVIIIe siècle le plus renommé de toute l’Europe. Grâce au concours de compositeurs et virtuoses aussi importants que Pisendel, Quantz, Heinichen ou Hasse (qui domine Dresde de 1733 à 1763), la phalange suscite également nombre de compositions à son attention. Plus tard, au XIXe siècle, Weber, Wagner (qui crée à Dresde Rienzi en 1842, Le Vaisseau fantôme l’année suivante et Tannhäuser en 1845), Ernst von Schuh (directeur de l’opéra de la Cour en 1872, Generalmusikdirektor de 1889 à sa mort en 1914) apparurent comme autant de personnalités fondamentales pour la modernisation et la réputation d’un orchestre qui n’a cessé de figurer depuis parmi les meilleurs du monde.


En 1992, c’est le chef italien Giuseppe Sinopoli (né en 1946) qui prend les rênes de l’orchestre avant que sa disparition prématurée (il décède en octobre 2001 en pleine représentation d’Aïda à Berlin) ne conduise à son remplacement par Bernard Haitink jusqu’en 2007, Fabio Luisi puis Christian Thielemann prenant la suite. Bien que Sinopoli ait assez mauvaise presse – il suffit de lire ce qu’en dit Norman Lebrecht dans son ouvrage Maestro, mythes et réalités des grands chefs d’orchestre (Lattès, 1996, pp. 264 sq.) et de remarquer que Christian Merlin, dans son ouvrage sur Les Grands Chefs du XXe siècle, ne cite même jamais son nom –, il fut, notamment lorsqu’il était en poste à Dresde, un excellent chef, tout spécialement dans le grand répertoire germanique. Sans être exceptionnel, le présent concert, filmé dans le somptueux cadre du Semperoper à l’occasion du quatre cent cinquantième anniversaire de l’orchestre et réédité par Arthaus, le prouve aisément.


Le fil conducteur du programme – rendre hommage à des compositeurs qui ont marqué l’histoire musicale de Dresde – conduit assez curieusement à débuter par un concerto d’Antonio Vivaldi (1678-1741), le fameux Concerto «per l’Orchestra di Dresda», l’arrivée de Pisendel à Dresde ayant en outre fortement contribué à diffuser la musique de Vivaldi à travers toute l’Europe. Dirigeant une formation réduite de seulement vingt-trois musiciens placés sous la houlette du Konzertmeister Roland Straumer (les caméras ne ratant pas ses nombreuses interventions solistes), Giuseppe Sinopoli aborde ce concerto avec une esthétique évidemment bien différente de celle des ensembles baroques mais distille néanmoins une belle dynamique qui s’accommode sans mal d’un vibrato légèrement excessif de la part des cordes. Changement de climat ensuite avec cette rare Ouverture de jublié composée par Carl Maria von Weber (1786-1826) dont le nom est indissolublement lié à Dresde puisqu’il y fut nommé maître de chapelle à l’Opéra en 1816, que sa statue orne l’actuelle place du Théâtre (Theaterplatz) et qu’il repose à l’ancien cimetière catholique de la ville. L’Orchestre de la Staatskapelle apparaît là presqu’au grand complet et l’interprétation de cette œuvre, composée en 1818 à l’occasion du cinquantième anniversaire de Frédéric-Auguste, roi de Saxe, permet aux bois et aux cordes de faire montre de toute leur dextérité. L’auditeur-spectateur sourira en entendant le thème du God save the King à partir de 18’40, petit clin d’œil au dédicataire. Lorsque l’orchestre était venu à Paris en mai 2013 au cours d’une tournée européenne dédiée à Wagner sous la direction de Christian Thielemann, on avait pu entendre cette Ouverture de Rienzi (1842) tout en explosion sonore. C’était déjà le cas sous la baguette de Sinopoli, qui prend l’œuvre à bras-le-corps, les musiciens étant visiblement enchantés de jouer cette pièce (les plans visuels nous permettant de voir des mines plutôt réjouies au sein de l’orchestre) qui recueille les suffrages d’un public tout aussi conquis.


Dresde et Richard Strauss (1864-1949): une longue et fructueuse histoire... Feuersnot (1901), Salomé (1905), Elektra (1909), Le Chevalier à la rose (1911), Intermezzo (1924), Hélène d’Egypte (1928), Arabella (1933), La Femme silencieuse (1935) et Daphné (1938): autant d’œuvres majeures qui furent toutes créées à Dresde et qui témoignent de la longue amitié entre le compositeur et l’orchestre, ainsi qu’entre le compositeur et les chefs qui l’ont dirigé (Ernst von Schuh, Fritz Busch, Karl Böhm notamment). Il était donc naturel que ce concert commémoratif affiche une œuvre du compositeur allemand, et non des moindres en l’occurrence, puisque la seconde partie du concert était tout entière dédiée à la Symphonie alpestre. Les caméras nous montrent d’emblée une scène du Semperoper remplie de musiciens dans ses moindres recoins (les percussions occupant notamment une place considérable) pour cette vaste fresque symphonique. Ce n’est pas le seul témoignage visuel de Giuseppe Sinopoli dirigeant cette pièce puisque, en allant sur YouTube, on peut le voir la diriger à Milan à la tête de l’Orchestre de La Scala lors d’un concert donné en 1999. Quant à la Staatskapelle de Dresde, on peut également la voir jouer cette œuvre lors d’un concert donné à Londres à la fin du mois d’août 2009, dans le cadre des Proms, sous la direction de son chef titulaire d’alors, Fabio Luisi.


Avouons-le tout de suite: le résultat tant musical que visuel s’avère quelque peu décevant. Musicalement parlant donc, Sinopoli a trop souvent la tête dans la partition et semble se contenter de battre la mesure (le passage à compter de 43’35) sans insuffler de véritable vision ou de sentiments dans une symphonie pourtant propre aux effusions en tous genres. Le passage de l’orage est par exemple trop maîtrisé (à partir de 72’45, avec force gros plans sur la machine à vent et celle à faire des éclairs!): on n’y trouve aucune folie, non plus qu’aucune véritable peur. L’orchestre n’en demeure pas moins très beau (les tutti de cordes et de cuivres dans le passage «Auf dem Gipfel» en dépit de trompettes pas toujours très justes). Les transitions entre les différents épisodes s’avèrent en outre parfois quelque peu artificielles comme celle vers l’épisode «Sonnenaufgang», assez lourde et emphatique. Le résultat est donc certes de bonne facture – ne faisons pas trop la fine bouche – mais les amateurs se retourneront évidemment en priorité vers les versions filmées de Karajan (avec Berlin, Sony), Haitink (aux Proms en 2012) ou de Thielemann (au festival de Salzbourg), tous deux avec Vienne.


Le site de l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com