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10/03/2014
Alban Berg: Lulu
Barbara Hannigan (Lulu), Natascha Petrinsky (Gräfin Geschwitz), Frances Bourne (Theatergarderobiere/Gymnasiast/Groom), Tom Randle (Maler/Neger), Dietrich Henschel (Dr. Schön/Jack The Ripper), Charles Workman (Alwa), Pavlo Hunka (Schigolch), Ivan Ludlow (Tierbändiger/Athlet), Albrecht Kludszuweit/Claude Bardouil (Prinz/Kammerdiener/Marquis), Rúni Brattaberg (Theaterdirektor/Bankier), Mireille Capelle (Mutter), Anna Maistriau (Eine Fünfzehnjährige), Beata Morawska (Kunstgewerblerin), Benoît De Leersnyder (Journalist), Gerard Lavalle (Polizeikommissar/Medizinalrat/Professor), Charles Dekeyser (Diener), Rosalba Torres Guerrero, Claude Bardouil (danseurs), Koninklijke Balletschool Antwerpen, Orchestre symphonique de la Monnaie. Paul Daniel (direction musicale), Krzysztof Warlikowski (mise en scène), Malgorzata Szczesniak (décors et costumes), Felice Ross (lumières), Christian Longchamp (dramaturgie), Claude Bardouil (chorégraphie), Denis Guéguin (vidéo), Rosalba Torres Guerrero (danse et écriture des solos), Myriam Hoyer (réalisation)
Enregistré à La Monnaie de Bruxelles (octobre 2012) – 194’
Album de deux DVD Bel Air classiques BAC 109 (distribué par Harmonia mundi) – Image: Couleur, 16/9, NTSC – Audio: PCM Stereo, Dolby Digital 5.1 – Zones: Toutes zones – Sous-titres en français, anglais, allemand et néerlandais





La réalisation théâtrale de la Lulu d’Alban Berg (dans sa version complétée par Friedrich Cerha) par Krzysztof Warlikowski et Malgorzata Szczesniak pour le Théâtre de La Monnaie/De Munt de Bruxelles en 2012 n’a pas manqué de déclencher des polémiques.


On ne joue pas impunément avec les chefs-d’œuvre! Le sulfureux metteur en scène polonais a joué de malchance: chef (Lothar Koenigs) changé en cours de répétitions, interprète blessé et remplacé au dernier moment. Il a trouvé dans cette pièce touffue, complexe et composée par Berg d’après deux pièces de Frank Wedekind, un terrain idéal pour y fourrer ses fantasmes et accessoires habituels. Lavabos omniprésents, alcool coulant à flots, animaux en cage et scènes de voyeurisme sexuel grâce à des pièces en verre, le tout agrémenté de vidéos (le film muet si important à la compréhension de l’action à l’acte II passe à la trappe)... et de personnages ajoutés (beaucoup d’enfants) et même changés (le lycéen devient une punkette)! Même en connaissant sa Lulu sur le bout des doigts, on finit par ne plus comprendre grand chose à ce fatras scénique.


L’option décorative qu’avaient choisi Patrice Chéreau et Richard Peduzzi pour la création à Paris de la version en trois actes en 1979 de faire évoluer l’action dans un dispositif scénique énorme a fait long feu – Lulu étant véritablement un mélo sordide qui doit se dérouler dans des espaces clos avec des portes, des trappes, des paravents – est celle retenue ici avec la variante du décor unique. Un grand escalier flanqué de deux rampes toboggan d’un côté, des cages en verre de l’autre et au milieu le divan fatal. On a l’impression d’être dans un grand magasin à l’heure de pointe! Autre option, louable, Lulu étant à une époque de sa vie danseuse, elle évolue sur pointes la moitié du temps. Cela en soit suffirait, mais les déclarations d’intention (transmises par le dramaturge dans le livret du DVD) nous apprennent qu’il y a chez Lulu du cygne blanc et du cygne noir bien sûr, ainsi qu’une réminiscence de Manon la fille d’Alma Mahler-Gropius (on pensait plus à Lulu comme petite sœur de la Manon de l’Abbé Prévost...), et d’Albine fille d’Alban Berg et même de Lilith la première femme qui se refusa à Adam... Cela vaut avant le prologue une insupportable scène rajoutée, tout comme chaque acte est précédé d’une inutile scène muette (faire compter à voix haute une à une les vingt-sept bougies du gâteau d’anniversaire de Lulu au début du III est parfaitement inutile et insupportable). On n’en finirait pas d’énumérer les sujets d’agacement, tous rendus encore plus vifs et inutiles par les gros plans que permet le DVD. Personnages ajoutés on l’a dit, Lulu enfant, enfants danseurs, témoins de l’action assis sur des chaises en rang d’oignon, etc., etc.


Musicalement, le choix est plus heureux. Les interprètes sont tous du niveau d’un grand théâtre lyrique, particulièrement Natascha Petrinsky (Geschwitz) et Tom Randle (Peintre et Nègre). D’autres sont plus pâles, comme Schigolch (Pavlo Hunka), presque absent de cette production. L’Athlète d’Ivan Ludow est très convaincant. La déception vient de Dietrich Henschel, tout à fait insignifiant scéniquement comme vocalement dans le rôle pivot du Docteur Schön et encore plus dans celui de Jack l’éventreur. Les maquillages clownesques qui lui sont infligés n’aident en rien sa caractérisation déjà falote. S’ils sont tout à fait étonnants dans leur jeu comme dans leur chant, les deux personnages principaux, Barbara Hannigan (Lulu), quelques mois après sa performance dans Written on Skin de George Benjamin à Aix-en-Provence, et Charles Workman (Alwa) montrent tout de même leurs limites vocales et musicales, elle dans le duo de la lettre avec Schön et dans son Lied qui précède l’assassinat, lui dans son Hymne à la fin du II. Mais le meilleur vient de la fosse avec un Orchestre de la Monnaie survolté, et la direction à la fois analytique sans être froide et très lyrique de Paul Daniel.


Ce DVD qui ne remet pas en cause l’actuelle vidéographie de l’œuvre (Berg est particulièrement bien servi), récemment enrichie par Patricia Petibon à Genève mise en scène d’Olivier Py (2010, DG) et au sommet de laquelle on place celles de ici Laura Aikin dans la version en deux actes de Zurich de Sven-Eric Bechtolf dirigée par Franz Welser-Möst (2002, TDK) et de Christine Schäfer à Glyndebourne mise en scène par Graham Vick et dirigée par Andrew Davis (1996, NVC Arts).


Olivier Brunel

 

 

 

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