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08/06/2013
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 3, en ut mineur, opus 37
Richard Strauss : Ein Heldenleben, opus 40

Mitsuko Uchida (piano), Anton Barachovsky (violon solo), Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Mariss Jansons (direction), Brian Large (réalisation)
Enregistré en public à la Philharmonie am Gasteig, Munich (2011) – 95’
DVD Arthaus Musik-BR Klassik-Clasart Classic 101 683 (ou Blu-ray 108 079) – Son PCM Stereo – Format NTSC 4:3 – Region Code 0 – Notice trilingue (anglais, français et allemand) de Peter Uehling





Gustav Mahler : Rückert-Lieder: «Ich bin der Welt abhanden gekommen» (arrangement Clytus Gottwald) (*) – Symphonie n° 2 en ut mineur, «Résurrection»
Anja Harteros (soprano), Bernarda Fink (alto), Chor des Bayerischen Rundfunks, Clytus Gottwald (*), Michael Gläser (chef de chœur), Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Mariss Jansons (direction), Brian Large (réalisation)
Enregistré en public à la Philharmonie am Gasteig, Munich (13 et 15 mai 2011) – 96’
DVD Arthaus Musik-BR Klassik-Clasart Classic 101 685 (ou Blu-ray 108 081) – Son PCM Stereo – Format NTSC 4:3 – Région Code 0 – Notice trilingue (anglais, français et allemand) de Peter Uehling


Sélectionné par la rédaction





Loin d’être le plus médiatique des chefs d’orchestre qui soient, Mariss Jansons n’en est pas moins un des plus grands actuellement en activité. Ayant déjà dirigé le Neujahrskonzert à deux reprises, invité par les plus grandes phalanges de par le monde, le voici dans ses œuvres, au travers de deux DVD, à la tête de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, dont il est Chefdirigent depuis la saison 2003-2004.


Le premier nous permet d’entendre et de voir un concert à la Philharmonie im Gasteig (le grand centre culturel de la capitale bavaroise) de Munich, réunissant Beethoven et Strauss, représentation vraisemblablement donnée quelques jours en avance d’une tournée que l’orchestre allait effectuer à travers l’Europe au cours du mois d’avril 2011 et qui comportait le même programme (voir ici). Le Troisième Concerto (1802) de Ludwig van Beethoven (1770-1827) bénéficie là du jeu d’une de ses meilleures interprètes actuelles, Mitsuko Uchida, comme elle a d’ailleurs eu l’occasion de le montrer en février dernier salle Pleyel lors d’un concert du Philharmonique de Berlin. Le jeu ne se veut pas révolutionnaire et ne souffre pas davantage d’une quelconque affectation: tout est naturel et évident, la pianiste s’impliquant dans la moindre note non seulement du piano mais, les caméras nous le montrent, dans le jeu de l’orchestre, vivant chaque instant, chaque silence avec une conviction pleine et entière. Vêtue comme à son habitude d’un pantalon bouffant et d’un chemisier la faisant ressembler à un immense papillon (bleu en l’occurrence...), Mitsuko Uchida livre une très belle interprétation de cette partition on ne peut plus classique, échangeant des regards complices avec les musiciens (notamment avec les bois à 9’50). Avec raison, Brian Large, rompu à ce type de réalisations, prend plaisir à s’attarder sur les mains de la pianiste dans la cadence du premier mouvement, nous faisant ensuite vivre une superbe entrée dans le Largo, auquel succède sans pause le dernier mouvement. L’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise est splendide; ce n’est certes pas une nouveauté mais le spectateur ne pourra que succomber à ces cordes voluptueuses et à ces bois d’une remarquable finesse. Mariss Jansons adopte sa battue habituelle, la baguette passant fréquemment d’une main à l’autre, sa gestique s’arrêtant lorsque cela est nécessaire et relançant au contraire magnifiquement l’ensemble (à compter de 25’36) pour obtenir des sonorités flatteuses. Alors que les bis sont fréquemment omis dans les films de concerts, les caméras de Brian Large nous permettent ici d’entendre Mitsuko Uchida jouer la très belle «Sarabande» de la Cinquième Suite française de Johann Sebastian Bach (1685-1750). Signalons à cette occasion que chef, orchestre et soliste se retrouvent dès le mois d’août 2013 au Festival de Salzburg, puis à Lucerne, pour le Quatrième Concerto du même Beethoven: on ne change pas une équipe qui gagne!


Après l’intime, la puissance (non dénuée, il est vrai, de finesse et là aussi d’intimité, à travers le personnage de la «Femme du Héros») avec ce magnifique poème symphonique de Richard Strauss qu’est Une vie de héros (1898). Dès l’entrée en matière, les cordes de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise vrombissent, les caméras nous offrant à cette occasion de magnifiques plans sur le pupitre des huit contrebasses. Au sein de l’orchestre, mention spéciale, bien évidemment, au Konzertmeister, Anton Barachovsky, qui se tire de toutes les chausse-trappes avec une incroyable facilité et une justesse tout aussi impressionnante. La variété des interventions sert idéalement les prises de vue qui passent des huit cors aux bois, des percussions au cor anglais, nous permettant même de distinguer certaines interventions que l’on entend habituellement assez difficilement, comme ce contrechant du cor derrière la clarinette à 64’52. La direction de Jansons n’est guère spectaculaire mais diablement efficace, le chef étant attentif aux moindres entrées, et jetant en plus d’une occasion un œil sur la partition ouverte sur son pupitre.


Place ensuite à Gustav Mahler (1860-1911) pour le second DVD qui, toujours à la Philharmonie im Gasteig, nous permet d’entendre principalement la célèbre Deuxième symphonie, dite Résurrection. Principalement, car ce concert débutait par une œuvre brève du même compositeur, arrangée (en 1983) et dirigée en l’occurrence par Clytus Gottwald, «Ich bin der Welt abhanden gekommen» («Je me suis retiré du monde»), dernier des cinq Rückert-Lieder (1901). Cette pièce de sept minutes à peine est ici donnée par seulement seize chanteurs, a capella: très belle entrée en matière qui annonce les futurs pianissimi du chœur dans la dernière partie de la Résurrection.


Grande interprétation que cette Deuxième Symphonie de Mahler, dirigée avec maestria (qui lui vaudra d’ailleurs une éclatante et personnelle ovation à la fin du concert tant de la part du public que des musiciens) par Mariss Jansons qui, à chaque fois qu’il dirige cette œuvre, se surpasse (voir ici). Guidant l’orchestre aussi bien par le geste que par le regard (voyez le passage à 16’50), le chef letton bénéficie d’une phalange exceptionnelle où les individualités – qu’il s’agisse notamment du hautboïste Stefan Schilli, du violon solo Radoslaw Szulc ou du trompettiste Hannes Läubin – se fondent avec bonheur dans une masse impressionnante où l’on compte pas moins de dix contrebasses, près de quatre-vingts cordes, cinq clarinettes, six trompettes... Dansant presque sur son estrade quand l’orchestre distille une enivrante légèreté dans le deuxième mouvement (Andante moderato. Sehr gemächlich. Nie eilen), Mariss Jansons arbore un visage extrêmement expressif (merci aux caméras de Brian Large, toujours à la régie...), sa main droite enveloppant le son avec douceur, sa baguette rejoignant en plus d’une occasion la main gauche, comme durant le concert que l’on peut voir dans le premier DVD. L’intervention de Bernarda Fink, toute de rose vêtue, est magnifique dans le fameux «Urlicht» et son duo avec Anja Harteros, tout en gris perlé, sera tout aussi convaincant dans la partie conclusive de la symphonie. Succès également mérité pour les chœurs qui parviennent à atteindre des pianissimi de toute beauté.


Deux très beaux concerts donc, avec une mention spéciale pour Mahler, pourtant déjà bien servi au DVD dans cette œuvre par Abbado (avec Lucerne) et Haitink (avec Berlin) notamment.


Le site de Mitsuko Uchida
Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise


Sébastien Gauthier

 

 

 

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