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03/30/2013
Ludwig van Beethoven : Les neuf Symphonies

Renate Behle (soprano), Yvonne Naef (contralto), Glenn Winslade (ténor), Hanno Müller-Brachmann (basse), Rundfunkchor Berlin, Sigurd Brauns (chef de chœur), SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, Michael Gielen (direction), Barrie Gavin (réalisation)
Enregistré en public à Fribourg-en-Brisgau (décembre 1997 [Cinquième Symphonie, Sixième], juin 1998 [Deuxième, Septième], juillet 1999 [Neuvième] et janvier 2000 [Quatrième, Huitième]) et à Baden-Baden (février 2000 [Première, Troisième]) – 359’10
Coffret de trois DVD EuroArts 2050558 – Format 4:3/NTSC – Region code: 0 – PCM Stereo DolbyDigital 5.1, DTS 5.1





Précédemment parue en vidéo (déjà chez EuroArts) puis au disque (Hänssler), l’intégrale des Symphonies de Beethoven sous la direction de Michael Gielen ressort sous un nouvel habillage illustré par un portrait de Rolf Walter, qui donne une vision peu flatteuse du chef autrichien, cadet de cet étonnant mois de juillet 1927 – il est né neuf jours après Herbert Blomstedt, quatre jours après Serge Baudo et deux jours après Kurt Masur.


Cette couverture sinistre dissimule toutefois de nombreux agréments, qu’on ne trouvera certes ni dans la prise de son, globalement lointaine, qui avantage en revanche excessivement les bois, ni dans la réalisation assez ordinaire de Barrie Gavin, procédant par alternance de plans fixes, peu variés, même s’il a le mérite, le plus souvent, de se caler de façon pédagogique sur les échanges entre pupitres. Il faut cependant reconnaître que les lieux ne sont pas non plus très stimulants: au Konzerthaus de Fribourg, pour l’essentiel, devant une assistance quelque peu atone et clairsemée, et au Festspielhaus de Baden-Baden, pour les seules Première et Troisième, les enregistrements ayant été réalisés en concert entre décembre 1997 et février 2000.


C’est l’époque où, avant d’en devenir le chef honoraire, Gielen, alors septuagénaire, chef réputé pour sa défense de la musique de notre temps et lui-même compositeur, achève un mandat de treize ans (1986-1999) à la tête du Symphonique de la Radio de Baden-Baden et Fribourg, qui, depuis Rosbaud, s’est également toujours beaucoup investi dans la création contemporaine. Voilà qui contribue sans doute à expliquer les deux intentions affichées par Gielen dans la notice (en anglais, allemand et français): constituer un legs vidéographique mais aussi, et surtout, rechercher un son «récalcitrant» et, plus généralement, «aller à l’encontre des traditions, à partir de l’œuvre elle-même».


Cela étant, le résultat est moins iconoclaste, à rebours des usages, extravagant ou même révolutionnaire que les conceptions développées, avec des réussites diverses, par Gardiner et Norrington sur instruments «anciens» ou, sur instruments «modernes», par Harnoncourt, P. Järvi, Vänskä et Zinman. Toujours partition sous les yeux, Gielen demeure en effet assez classique: respectant toutes les reprises (de ce fait, le Scherzo de la Neuvième dure inhabituellement plus longtemps que chacun des deux mouvements qui l’entourent), il ne réduit pas outre mesure l’effectif – quarante (Première, Deuxième, Quatrième et Huitième), cinquante (Sixième) ou soixante cordes (Troisième, Cinquième, Septième et, bien sûr, Neuvième) – même si, pour autant, il ne double pas les bois ou cuivres (sauf les trompettes dans le Finale de la Neuvième). L’effectif est disposé à la «viennoise» (opposant premiers et seconds violons de part et d’autre du podium), allant même quelquefois jusqu’à aligner les contrebasses en fond de scène (Deuxième, Cinquième à Septième).


Pour se distinguer, Gielen recourt moins aux tempi – bien loin d’être aussi aussi rapides et déroutants que ne le laissent entendre ses propos, et parfois même très mesurés, comme dans l’Allegretto final de la Sixième «Pastorale» – qu’à la dramatisation: voilà un Beethoven dont le tempérament carré, sourcilleux et vindicatif, pas forcément aimable, est volontiers mis en avant. Mais il ne s’en tient nullement à cette seule dimension: sans arrière-pensées, l’interprétation est fouillée, soigneusement construite – la maîtrise des progressions est particulièrement frappante – et attentive aux voix secondaires, tandis que le constant souci d’articulation et de clarté ne nuit jamais à la souplesse. Si le charme, voire l’humour, ont aussi leur place, si l’intérêt du discours est sans cesse relancé, l’exactitude stylistique et l’homogénéité d’approche de l’ensemble du cycle se conjuguent avec une direction trop sérieuse et bridée, qui prive l’auditeur de tout grain de folie.


La principale qualité de l’orchestre – pas exceptionnel si on le détaille pupitre par pupitre, tout en conservant à l’esprit que cette publication ne triche pas, les prises de concert n’ayant pas été retouchées – réside dans sa malléabilité face aux intentions du chef. Si l’on considère individuellement chacune des symphonies, la Deuxième ressort nettement, la Première et la Huitième ne se situant que légèrement en retrait de cette réussite. Il faut également compter avec une Neuvième minérale, d’une farouche grandeur, servie par l’excellent Chœur de la Radio de Berlin: il chante par cœur mais, ce qui ne manque jamais d’agacer, il ne fait son apparition sur le plateau, comme le quatuor soliste (de bon niveau) et les musiciens ne jouant que dans le Finale, qu’à la faveur de la pause entre les deuxième et troisième mouvements.


Michael Gielen a raison: son travail méritait d’être «documenté», même s’il est desservi par la réalisation et la prise de son, voire par l’orchestre.


Simon Corley

 

 

 

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