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06/19/2010
Joseph Haydn : Die Schöpfung
Lucia Popp (Gabriel, Eve), Francisco Araiza (Uriel), Samuel Ramey (Raphael), Olaf Bär (Adam), Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor (Helmuth Froschauer), Wiener Philharmoniker, Riccardo Muti (direction)
Enregistré en public au Grosses Festspielhaus de Salzbourg (août 1990) – 120’
Arthaus Musik 101 479 (distribué par Intégral)





1990 : année charnière pour le Festival de Salzbourg, alors orphelin d’Herbert von Karajan depuis quelques mois. L’institution se prépare à la commémoration du bicentenaire Mozart, nombre de grands chefs disponibles se trouvant appelés à prendre le relais du maestro autrichien disparu, avec une nette prééminence accordée à Riccardo Muti, que l’on retrouve ici à la tête de cette Création de Joseph Haydn, exécution sensiblement différente de ce qu’elle aurait pu être si Karajan avait dirigé cette même œuvre une fois de plus, dans le cadre surdimensionné du Grosses Festspielhaus.


La focale donne en effet l’impression de s’être rapprochée, pour une exécution aussi sensible à la finesse du détail qu’à l’impact d’ensemble. Une optique minutieuse pour laquelle la Philharmonie de Vienne apparaît l’outil idéal, à un niveau toujours époustouflant. On peut certes déplorer qu’une certaine «grande manière» cultivée longtemps dans cette même salle par Karajan n’y soit plus vraiment, mais ce n’était là que le commencement d’une évolution historique aboutissant à nombre d’exécutions sous-dimensionnées voire rachitiques sous prétexte d’authenticité méticuleuse. Ici la situation demeure équilibrée, le plaisir du raffinement instrumental compensant aisément çà et là de petits manques de souffle épique.


Ce qui dans ce concert filmé n’a pas du tout changé par rapport à l’époque Karajan, c’est le rôle particulier attribué à l’image. Franz Kabelka, réalisateur familier du maestro disparu, ressasse toutes les absurdités d’une esthétique visuelle qui tourné à vide, avec ces instruments que la caméra vient fixer successivement en plans très rapprochés, actionnés par des mains, des bras ou des doigts dont on ne voit jamais le propriétaire. Et ce qu'on aperçoit des solistes n’est pas toujours heureux non plus : l'épouvantable robe de Lucia Popp qui semble la faire doubler de volume, la présence physique impressionnante mais toujours un peu exotique de Samuel Ramey, surtout dans le contexte guindé d’un concert avec partition en mains, et le look d’intellectuel trop sage pour Olaf Bär, d’aspect éteint derrière ses petites lunettes rondes…


Il faut parfois fermer les yeux pour goûter vraiment ce concert, où l’ambiance musicale se révèle souvent proche de l'état de grâce. Y brillent particulièrement Lucia Popp, technique imparable, musicalité touchante et timbre éthéré, et Francisco Araiza, alors à l’apogée de ses moyens, voix parée de très belles couleurs et d’une enviable flexibilité malgré l’intensité de la projection. Olaf Bär, même dépourvu de charisme, est bien à sa place dans le bref rôle essentiellement contemplatif d’Adam, et le timbre un peu anguleux de Samuel Ramey ne manque pas d’allure. Et puis surtout Riccardo Muti sait relancer constamment l’intérêt, combinant idéalement l'obsession du détail juste et le sens de l’avancée. Certainement un grand moment du Festival de Salzbourg, mais dont la restitution en images paraît aujourd’hui datée, alors que le son, lui, reste très compétitif. En DVD la version Bernstein (DG), filmée dans le cadre étonnant de l’Eglise Abbatiale d’Ottobeuren, et où l’on peut retrouver aussi Lucia Popp, demeure un choix prioritaire.


Laurent Barthel

 

 

 

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