About us / Contact

The Classical Music Network

DVD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

01/05/2010
Leonard Bernstein : Reflections (*)
Darius Milhaud: Le Bœuf sur le toit, opus 58

Orchestre national de France, Leonard Bernstein (direction), Peter Rosen (*), Humphrey Burton et Yves-André Hubert (réalisation)
Enregistré en public au Théâtre des Champs-Elysées, Paris (8 et 9 novembre 1976) – 50’ (*) + 20’
Unitel (Milhaud) – Medici Arts 3078728 – Son PCM Stereo – Format NTSC 4:3 – Region Code 0






Voici un DVD sur lequel tout admirateur de Leonard Bernstein (1918-1990) ne manquera pas de se précipiter et ce pour plusieurs raisons. Son caractère relativement inédit tout d’abord puisque, ainsi que nous l’apprend le commentaire de J. Bradford Robinson figurant sur la jaquette, ce documentaire n’a été diffusé pour la première fois aux Etats-Unis qu’en septembre 2008 (pour autant, on ignore les raisons de cette si longue éclipse)! Son caractère multiforme ensuite, puisque le portrait de Bernstein qui nous est livré ici concerne aussi bien son activité de chef d’orchestre que celle de compositeur et de mentor pour toute une génération de musiciens voire, au-delà, d’une jeunesse qui voyait en lui une véritable référence morale. Sa trame originale enfin puisque, contrairement à de nombreux portraits de grands artistes, le déroulement chronologique cède rapidement le pas à une vision thématique d’un des plus remarquables artistes du XXe siècle.


On peut diviser ce DVD (laissons pour l’instant de côté le concert offert en bonus) en trois parties. La première, qui mêle documentaire classique et propos personnels de Bernstein, qui se raconte face à la caméra de Peter Rosen, retrace les jeunes années d’un chef d’orchestre qui n’imaginait pas un instant le devenir. Ce n’est qu’en remplaçant au pied levé Bruno Walter, le 14 novembre 1943, à la tête de l’Orchestre philharmonique de New York (dont il n’est que chef assistant depuis près de deux ans), qu’il conquiert immédiatement le public de Carnegie Hall (qui lui fit une ovation incroyable) et qu’il embrasse définitivement la carrière de chef d’orchestre. Avec humour, Bernstein raconte comment son père était dubitatif (alors qu’il était pourtant avec son épouse dans le public de ce premier concert mémorable), lui pour qui un musicien ne pouvait être qu’un pauvre violoniste jouant au fin fond d’un ghetto juif… Suivent ensuite quelques digressions sur l’aura dont bénéficia Bernstein grâce aux médias, qu’il s’agisse de la radio ou de la télévision, le documentaire effleurant l’incroyable expérience des Young People’s Concerts qu’il dirigea pendant plus de dix ans, donnant ainsi lieu à plus de cinquante émissions qui initièrent toute une partie de la jeunesse américaine à la musique classique.


La deuxième partie du film évoque plus spécifiquement les trois grands mentors de Leonard Bernstein que furent le tendre Dimitri Mitropoulos (qu’il rencontre à l’âge de vingt-et-un ans et qui fut le premier à conseiller à Bernstein de devenir chef d’orchestre), le redoutable Fritz Reiner (qui fut son professeur de direction d’orchestre au Curtis Institute de Philadelphie) et le généreux Serge Koussevitzky (qui l’accueillit à Tanglewood près de Boston et dont il devint rapidement l’assistant).


La troisième partie du film, la plus longue, suit Bernstein en Israël, en 1977, à l’occasion d’une immense rétrospective de son œuvre que lui consacre l’Orchestre philharmonique d’Israël qu’il avait dirigé pour la première fois trente ans plus tôt. A cette occasion, Bernstein dirige sa troisième symphonie, Kaddish, créée en 1964 et composée en hommage à J. F. Kennedy, avec la soprano Florence Quivar et Michael Wager en récitant. La légende rejoint alors la réalité: la générosité de Bernstein (qui embrasse chaque musicien du Philharmonique d’Israël, rit avec de jeunes danseurs et chanteurs interprétant Wonderful Town et plaisante avec le chœur d’enfant pour Kaddish…) éclate à chaque instant, contrastant ainsi avec les propos qu’il peut tenir par ailleurs lorsqu’il est seul face à la caméra et qui trahissent un orgueil (voire, par instant, une morgue) non feint… La caméra le suit de façon discrète et laisse ainsi apparaître un homme dont la personnalité s’avère aussi insaisissable qu’elle est complexe: professeur (titulaire d’une chaire à Harvard, il y explique notamment en quoi la musique occidentale a subi une crise profonde suite à l’abandon du système tonal), chef d’orchestre, imprésario, compositeur, plus largement homme de culture (sa fréquentation des œuvres et des genres les plus divers justifie en grande partie son propos selon lequel «ma musique a ses racines partout»). En filigrane, Peter Rosen dresse ainsi de façon extrêmement attachante le portrait d’une personnalité qui ne l’est pas moins.


Bref bonus mais ô combien appréciable: l’extrait (malheureusement) d’un concert donné à la tête de l’Orchestre national de France, au Théâtre des Champs-Elysées, les 8 et 9 novembre 1976. Au programme, le célèbre ballet Le Bœuf sur le toit de Darius Milhaud (1892-1974). La barbe blanche, c’est un Bernstein des grands jours qui s’agite sur le podium, dirigeant davantage par ses sourires que par les moulinets de ses bras dont on sent qu’ils le gênent plus qu’autre chose, et qui galvanise véritablement son orchestre. Triomphe mérité pour l’ensemble des interprètes, au premier rang desquels un chef d’orchestre enthousiaste comme au premier jour. Signalons que ce concert est disponible en DVD, chez le même éditeur, couplé avec l’extrait d’un autre concert donné le 20 novembre 1981, toujours avec l’orchestre national de France, au Théâtre des Champs-Élysées: le complément n’est autre que la Symphonie en ré mineur de César Franck.


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com