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11/10/2009
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9, opus 125

June Anderson (soprano), Sarah Walker (mezzo-soprano), Klaus König (ténor), Jan-Hendrik Rootering (basse), Chor des Bayerischen Rundfunks, membres du Rundfunkchor Berlin, Kinderchor der Philharmonie Dresden, Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, membres de la Sächsische Staatskapelle Dresden, de l’Orchestre du Kirov de Leningrad, du London Symphony Orchestra, du New York Philharmonic et de l’Orchestre de Paris, Leonard Bernstein (direction)
Enregistré en public au Konzerthaus de Berlin (25 décembre 1989) – 94’
DVD Medici Arts 2072038 – Format 4:3 – Region code: 0 – Son PCM/DTS 5.1 – Notice de présentation en français, anglais et allemand






Le Mur de Berlin, dont on célèbre le vingtième anniversaire de la chute, était «tombé» depuis peu, lorsque ce concert de Noël fut capté par Unitel pour être retransmis dans de nombreux pays. Medici Arts fait opportunément renaître le symbole et le mythe : Bernstein, Beethoven, Berlin. En ce 25 décembre 1989, c’est une Neuvième pour l’Histoire que veut livrer au monde le chef américain.


Vingt ans après, on se souvient du geste de Rostropovitch, qui joua Bach devant le Mur fissuré, le 11 novembre. Mais l’Histoire se souviendra également de Bernstein, ce Juif Américain aux racines russes qui identifie, dans le texte de Schiller et la partition de Beethoven, «Freiheit» (liberté) et «Freude» (joie) : ode à la Liberté tout autant qu’à la Joie. Ce concert du 25 décembre 1989 représentera donc, pour reprendre le mot de Humphrey Burton, «le point culminant de son parcours de citoyen du monde». Bernstein réunira pour l’occasion, autour de l’Orchestre symphonique et des Chœurs de la radio bavaroise, des musiciens emblématiques de son parcours musical comme des pays-acteurs de la Guerre Froide : membres du Philharmonique de New York et du Kirov de Leningrad (aujourd’hui Mariinsky de Saint-Pétersbourg), instrumentistes de la Staatskapelle de Dresde, du Symphonique de Londres, de l’Orchestre de Paris. Dans la salle du Konzerthaus de Berlin (l’ancienne Schauspielhaus du Gendarmenmarkt), non loin de la statue de Schiller, Bernstein renvoie au monde le message du poète allemand («L’homme est pour tout homme un frère») en lui livrant les clefs de celui de Beethoven : «Tous les hommes deviennent frères» («Alle Menschen werden Brüder»).


L’aspect purement musical passerait presque au second plan. Dix ans après sa version viennoise (récemment rééditée en DVD chez DG), il est en effet difficile de ne pas entendre, dans l’Allegro ma non troppo, un poco maestoso initial, ces nombreux décalages qu’un homme fatigué par la vie peine à corriger. Bernstein décèdera dix mois plus tard à New York, le 14 octobre 1990. Peut-être est-ce aussi pour cela que ce DVD est un témoignage si précieux : là où le CD (… avec ou sans morceau du Mur de Berlin) livrait une version imparfaite de l’Opus 125, le DVD offre l’image : et cela change tout ! Si le chef américain n’apporte de toute évidence pas le soin nécessaire au contrôle du détail, le DVD donne à voir la grande solennité de ce premier mouvement, la volonté d’insister sur la grandeur du message beethovénien tout autant que sur l’événement de la réunification berlinoise. Comme le relève Klaus Geitel dans la notice, «l’image livre de manière aussi fugace qu’inoubliable ce qui rendait Bernstein si fascinant et attachant : la passion, l’engagement et le défi musical incarnés».


Davantage qu’unMolto vivace articulé avec emphase (et avec davantage de cohésion qu’au mouvement précédent), l’Adagio molto e cantabile émeut sincèrement, tant Bernstein habite de tout son poids chaque phrase et chaque respiration. Ce dernier attend d’ailleurs de très longues secondes, les yeux fermés – comme en prière –, avant de faire débuter ce mouvement qu’il étire vingt minutes durant, réussissant l’exploit de maintenir intactes l’émotion du message, la concentration du propos et la progression du discours, lequel semble s’avancer implacablement vers la lumière. La lumière, c’est-à-dire le Presto. Allegro assai, attaqué avec une énergie napoléonienne, pour mieux livrer le thème tant attendu, d’abord murmuré, puis amené à un crescendo digne des trompettes de Jéricho : la joie avant la liberté ; la joie de la liberté. «O Freunde, nicht diese Töne!», annonce Jan-Hendrik Rootering, avant de lancer le «Freiheit, schöner Götterfunken!» qui fait de ce concert un moment d’Histoire… jusqu’à ce ralenti irréel avant «Ihr stürzt nieder, Millionen» («Tous les êtres se prosternent»). On se prosternera donc devant cette réédition. Car s’il est certainement des Neuvième plus égales et plus abouties (avec un quatuor vocal plus homogène, un orchestre mieux préparé ou des chœurs plus irréprochables), il n’en est probablement pas de plus fervente.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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