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08/10/2009
Johann Sebastian Bach : Variations Goldberg, BWV 988

Daniel Propper (piano), Serge Gauthier-Pavlov (réalisation)
Enregistré au château du maréchal de Saxe à Yerres dans l’Essonne (2005) – 85’
L’AUTRE Film LAF 501 (distribué par Disques DOM) – Notice de présentation en français, anglais, allemand, russe et suédois






La pochette annonce bien la couleur : la caméra cherche à poser sur les Variations Goldberg (1740) de Bach «un regard inédit sur l’intégrale de cette œuvre. A la mélodie se mêlent des images de fictions où un personnage – Daniel Propper lui-même [le pianiste] – déambule dans une réflexion muette qui n’est pas sans rappeler l’insomniaque qui, jadis, commanda l’œuvre à Bach…». Dans la notice, le réalisateur du film, Serge Gauthier-Pavlov, se fait plus explicite sur sa démarche : «les images se sont imposées d’elles-mêmes, au fil des notes et des rythmes, posant avec parcimonie, ça et là, les tableaux d’un carnet de déambulations intérieures. Déambulation champêtre puis nocturne où nos pas nous faisaient gravir maints escaliers au fil de nos méditations fusionnelles».


Inévitablement, une barre placée si haut invite à mettre en question la solidité de son ambition : ce film apporte-t-il véritablement le «regard inédit» dont parle son réalisateur, le «regard nouveau et moderne» qu’évoque son interprète-acteur ? Le résultat suscite une relative déception dans la mesure où l’artiste suédois, qui joue ces variations dans le salon du château du maréchal de Saxe, est filmé de manière en définitive assez classique. Si les techniques de prise de vue sont prévisibles (gros plans et zooms, ralentis et accélérations...), l’image la plus récurrente reste celle du pianiste filmé en plan fixe, le regard baissé sur le clavier. Le réalisateur – dont le respect de l’œuvre l’invite à la modestie – ne rajoute aux Variations Goldberg que des illustrations (la partition elle-même) ou des pistes pour interpréter cette musique (le ciel, les nuages, le mouvement de l’eau, le regard sur les êtres et les choses…). Sous des dehors de «clip musical» (Daniel Propper est filmé sortant du château, y rentrant, marchant le long des quais de Seine, montant un escalier, regardant des canards dans l’eau ou des voitures qui roulent…), certaines séquences ne paraissent pas apporter un regard neuf sur les Goldberg. D’autres ne vont pas sans un incontestable magnétisme, en particulier les gros plans sur les doigts du pianiste, que la caméra suit de très près, comme à fleur de peau. Le sentiment le plus marquant procuré par ce film se situe d’ailleurs dans l’intimité du cadre où le musicien travaille son instrument, sans partition, au centre d’un salon vide et faiblement éclairé depuis lequel on devine le jour tombant au dehors.


Sur le plan strictement pianistique, Daniel Propper – qui s’est fait une spécialité d’une œuvre étudiée notamment avec Tatiana Nikolaïeva – en offre une interprétation recherchée et ambitieuse, l’une des plus lentes d’une discographie qui ne manque déjà pas d’éclectisme. Cette lenteur, source de relâchements occasionnels, réussit globalement à créer une atmosphère fascinante voire hypnotisante dans les moments les plus calmes, à l’image de l’Aria ou des variations 13, 15, 25, toutes d’une grande sérénité et reposant sur un bel alliage entre pudeur et liberté dans la maîtrise du contrepoint. Si les qualités dominantes de cette exécution sont la clarté et la simplicité, on y déplore en revanche une frappe trop anguleuse et manquant de rondeur (par exemple dans la fughetta de la variation 10). On s’étonne surtout des approximations rythmiques et des erreurs de doigts, principalement dans les variations les plus rapides (8, 26). On regrettera enfin une prise de son parfois étouffée et une pochette qui comporte des erreurs dans la numérotation des plages. Bref, ce film est peut-être moins un objet visuel insolite qu’une demi-réussite sonore.


Le site de Daniel Propper
Le site de L’AUTRE Film


Gilles d’Heyres

 

 

 

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