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02/06/2008
Johannes Brahms : Symphonies
Orchestre Philharmonique de Berlin, Herbert von Karajan (direction)
Enregistré à Berlin (janvier, février & mai 1973) – 161’
2 DVD Deutsche Grammophon 00440 073 4386 – Region code : 0 (worldwide). Format : 4/3



On pouvait, du moins à la fin de sa carrière, contester les Mozart ou les Haydn de Herbert von Karajan, peu goûter ses Schumann ou ses Mendelssohn, mais ses Beethoven, ses Brahms, ses Bruckner, ses Tchaïkovski, ses Sibelius, ses Strauss s’imposaient et fascinaient toujours. On marquera d’une pierre blanche cette intégrale berlinoise des Symphonies de Brahms réalisée en 1973. Certes les yeux clos, les mains modelant le vide, captés en gros plan par une caméra complaisante flattant le narcissisme du maître, peuvent agacer. On ne s’y arrêtera pas : Karajan vivait et faisait vivre ainsi la musique, jamais blasé finalement, ni par le succès ni par la routine. Ces Symphonies de Brahms, il les dirigeait pourtant depuis des décennies, les avait enregistrées plusieurs fois. Mais le miracle continuait d’opérer et l’orchestre le suivait avec autant d’enthousiaste qu’au premier jour, fusionnant totalement avec son chef.


Une fabuleuse machine, ces Berlinois qu’il avait patiemment modelés, pliés à son inflexible volonté, pour en obtenir une pâte à la fois dense et légère, sans le moindre grumeau, d’une onctuosité capiteuse, où se fondaient les sonorités de tous les pupitres dans une grande transparence des lignes : jamais les cuivres n’écrasent les cordes, même au plus fort des tutti – une raison, pour certains, de le préférer à un Solti. Et Dieu sait si son Brahms peut être puissant, grandiose, épique, même celui de la Deuxième, dont il ne fait jamais une Pastorale, dont il a une vision très tendue et qu’il couronne par une sorte de transe dionysiaque. Hédonisme sonore ? Si l’expression vaut parfois, elle est ici hors de propos : Karajan met dans sa direction une intensité brûlante, notamment dans les mouvements lents, où il ne cède jamais à la tentation du son pour le son… autre raison, pour les mêmes, de le préférer à un Solti.


Alors qu’on pouvait lui reprocher, à la même époque, de confondre l’opéra avec la symphonie avec voix, il dirige ces Symphonies de Brahms avec une urgence qui en fait de véritables drames, jusqu’à cette Quatrième dont on loue sans cesse la perfection formelle : la Passacaille, avec lui, n’est pas seulement une forme, elle nous dit quelque chose, avançant toujours, portée et non pas freinée par la basse obstinée. Dans la Première, lorsque le cor joue son fameux thème en do majeur, on croirait voir un lever du jour. Karajan était aussi un visionnaire – ce qui le rapprochait de son ennemi Furtwängler, dont tant de choses pourtant le séparaient, à commencer par ce refus de tout faire reposer sur les basses.


Sa direction est dramatique parce qu’elle s’appuie aussi sur un sens formidable du rythme, de la pulsation. Là, Karajan était implacable, tenant tout d’une main de fer, ne se laissant jamais aller, à la différence encore de Furtwängler : le difficile finale de la Troisième, où l’on peut facilement morceler le discours, est sans cesse sous contrôle, avec des contrastes parfaitement intégrés. Quand tout s’emballe dans les codas, il ne lâche pas les rênes. Karajan était tout, malgré les apparences, sauf le chef de l’instant. Il avait aussi son côté Toscanini.


Impossible, dans Brahms, d’oublier Karajan.


Didier van Moere

 

 

 

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