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09/30/2007
Giacomo Puccini : Tosca
Catherine Malfitano (Tosca), Richard Margison (Cavaradossi), Bryn Terfel (Scarpia), Mario Luperi (Angelotti), Enrico Fissore (Le sacristain), John Graham-Hall (Spoletta), Jef Van Wersch (Sciarrone), Chœur de l’Opéra néerlandais, Royal Concertgebouw Orchestra, Riccardo Chailly (direction)
Nikolaus Lehnhoff (mise en scène), Raimund Bauer (décors), Falk Bauer (costumes), Wolfgang Göbbel (lumières)
Enregistré au Het Muziektheater d’Amsterdam (1998) - 137’
Decca 074 3201


L’Opéra d’Amsterdam commence à exhumer quelques-uns de ses spectacles et après une trilogie Monteverdi de très grande qualité, des Verdi, voici une Tosca qui permet de profiter des débuts de Bryn Terfel dans le rôle de Scarpia. Malgré une mise en scène surprenante et bien loin des dorures du Palazzo Farnese, les chanteurs arrivent à exprimer le drame qui se joue et à se montrer convaincants.



La mise en scène de Nikolaus Lehnhoff a de quoi dérouter, même en 1998! Passons tout de suite sur l’hélice de turbine omniprésente qui n’apporte rien à l’opéra… Dans le livret qui accompagne le DVD, le metteur en scène s’explique sur son projet et donne quelques clés pour comprendre son travail: “Les trois décors censément différents de cet opéra - église, palais, château - ont en commun un point crucial: ce sont tous trois des pièges mortels.” La vision de Nikolaus Lehnhoff est très noire, très sombre: sombre déjà par l’absence de lumière, si ce n’est un halo bleu, et sombre par le malaise qui se dégage de la direction d’acteurs et de l’ambiance un peu étrange. Il voit l’église du premier acte comme “un endroit maudit et sans issue”. La scène ne comprend que très peu d’accessoires: des cierges, quelques fleurs, des piliers… et une peinture qui représente “Le Jugement dernier” de Luca Signorelli. Le deuxième acte est censé représenter l’univers de Scarpia. Le metteur en scène a voulu en faire “un cachot souterrain, un axe de puissance technocratique, ultramoderne, où tout semble perméable, où les murs ont des yeux et les portes des oreilles.” Effectivement, un grand escalier est mis en relief sur le fond de scène, les domestiques sont habillés de costumes argentés et leurs cheveux sont de la même couleur… ils ressemblent davantage à des fantômes de science-fiction qu’à des domestiques du XVIIIe siècle. La fin de l’acte est assez bien réussie, car Tosca essaie de sortir de la pièce mais n’y parvient pas: elle se heurte à tous les murs jusqu’à ce qu’elle trouve enfin une porte pour se dégager de cette prison. Pour évoquer le château Saint-Ange, le metteur en scène a imaginé un “bunker de béton hermétique, un centre de détention qui domine la ville, une rampe de lancement entre ciel et terre”. On appréciera… Le ventilateur est toujours là et son ombre apparaît sur le sol de la scène. L’émotion suscitée par le magnifique duo “O dolci mani” se perd un peu…


On se souvient de l’interprétation électrique de Catherine Malfitano dans la fameuse Tosca de Rome en 1993. Il en est de même dans cette représentation. La chanteuse est une Tosca remplie d’amour, de courage… et si la voix n’est pas toujours parfaite, sa composition scénique est extraordinaire. Elle passe avec dextérité de l’état d’amoureuse pour sortir les griffes pour sauver son amour et son bonheur et elle sait tenir tête à Scarpia. La soprano souligne souvent sa douleur par des cris (lorsqu’elle découvre Mario mort) ou bien par des notes poitrinées à l’extrême (“quanto” qu’elle lance à Scarpia au deuxième acte). Elle sait se montrer légère, fraîche et enthousiaste dans “Non la sospiri” au premier acte mais également très émouvante dans “Vissi d’arte”: ses “perchè” sont très expressifs et elle maintient la tension sur toute la longueur de l’air.
Richard Margison est plus connu aux Etats-Unis, où il fait une brillante carrière au Met, qu’en Europe et surtout en France. Il est l’un des rares ténors à chanter avec autant de facilité: le “victoria” du deuxième acte semble n’être qu’un jeu d’enfant pour lui. Il possède une solide technique qui lui permet d’accéder aux notes aiguës avec assurance et puissance. Son interprétation en pâtit un petit peu car son timbre trop clair et son autorité vocale laissent plutôt entendre des personnages comme Calaf ou Radamès que le sensible Cavaradossi.
Bryn Terfel est un Scarpia passionnant. Son personnage se développe au fur et à mesure de la représentation avec quelques moments de tendresse notamment dans l’air “Mi di venal” dans lequel il explique sa perception de la vie et de l’amour. Le baryton trouve des accents vrais et des nuances dans sa voix qui rendrait presque sympathique le chef de la police. Son arrivée à la fin de l‘acte I est tout à fait remarquable: il apparaît dans une lumière bleue et d’une voix autoritaire, il tente de mettre un peu d’ordre dans l’église. Il apporte ensuite un certain charme à sa voix dans le duo avec Tosca pour la séduire mais aussi pour l’effrayer. Le deuxième acte repose entièrement sur ses épaules et il piège Cavaradossi avec une voix sans appel et une détermination froide et constante dans les “Dov’è Angelotti?”.
Riccardo Chailly est un chef musical, sensible et un solide soutien pour ses chanteurs. Le prélude de l’acte III est magnifique: il adopte un tempo assez lent mais sait rebondir pour faire avancer l’action. Sa direction est élégante et elle raconte parfaitement une histoire.



Cette énième production de Tosca n’est pas la production du siècle mais elle comporte certains points intéressants comme l’engagement scénique de Catherine Malfitano et l’incarnation tout en finesse et en cruauté de Scarpia par Bryn Terfel.


A noter:
- Il faudra attendre la rentrée 2009 pour retrouver Bryn Terfel dans Scarpia: ce sera au Met où il sera entouré de Marcelo Alvarez et de Karita Mattila…


Manon Ardouin

 

 

 

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