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09/07/2007
Richard Wagner: Tristan et Isolde
Johanna Meier (Isolde), Hannah Schwarz (Brangäne), René Kollo (Tristan), Matti Salminen (Roi Marke), Hermann Becht (Kurwenal), Helmut Pampuch (Un pâtre), Martin Egel (Un timonier), Robert Schunk (Melot et un matelot), Chœur et Orchestre du Festival de Bayreuth, Daniel Barenboim (Direction), Jean-Pierre Ponnelle (Mise en scène, décors, costumes et réalisation)
Enregistré à Bayreuth (1er-9 octobre 1983)
2 DVD Deutsche Grammophon 00440 073 4321 – 244’


Ceci est à ma connaissance le seul document de la collaboration étroite entre Jean-Pierre Ponnelle et Daniel Barenboim à une époque où le chef Israélien commençait à aborder le répertoire lyrique. Les Berlinois ont pu voir les deux complices pour une Aida et un Fidelio mémorables tandis que Paris bénéficiait du Festival Mozart où avaient été donnés Don Giovanni, Les Noces de Figaro, La Flûte enchantée et surtout un Cosi fan tutte tout simplement exceptionnel.


Cette production de Tristan et Isolde est historique à plus d’un titre. Barenboim y démarrait à Bayreuth une relation privilégiée qui s’est prolongée sur plus de dix ans, Ponnelle y faisait des débuts très attendus. Fait rare pour Bayreuth, cette production avait fait l’unanimité de tous les publics dès la première année. Les conservateurs y appréciaient la grandeur de la conception et le souffle musical, les avant-gardistes la modernité de la mise en scène et le respect de l’esprit, à défaut d’une lettre stricte au troisième acte, de l’œuvre. Ces DVD permettent de comprendre et de partager cet enthousiasme.


Ponnelle installe ses chanteurs dans un décor où un arbre, élément de décor, va servir de fil conducteur sur les trois actes, représentant la proue de ce bateau qui n’avance vraiment pas au premier acte, puis déployé pour la plénitude du deuxième et enfin brisé en deux lors du dernier. Que ce soit sur la lumière, les costumes, la direction d’acteur, ses idées de mise en scène sont simples, efficaces et toujours en relation directe avec texte et musique. Voici le prototype même d’une mise en scène qui non seulement illustre le texte mais qui permet, ce que ne savent faire que très peu de metteurs en scène issus du monde du théâtre, d’en approfondir son écoute. Ponnelle prend une certaine distance au dernier acte avec le texte (je ne veux pas dévoiler son « idée »), mais comme un Harry Kupfer pour le Vaisseau Fantôme, un Patrice Chéreau pour le Ring ou un Götz Friedrich pour Parsifal, c’est pour mieux retrouver et servir la vraie nature dramatique de cet acte.


Daniel Barenboim démontre une maitrise que personne n’attendait à cette époque. Tristan est l’opéra où, plus encore que pour les autres œuvres de Wagner, il a su trouver une vision d’ensemble, une continuité et un souffle dramatique unique qui ne sont pas sans rappeler ce que faisait un Furtwängler. René Kollo (qui à ma connaissance avait été appelé pour ces DVD alors que c’était Spas Wenkoff qui avait chanté le rôle sur scène) est le dernier grand Tristan de sa génération. Qui avait à cette époque une telle technique de chant, un vrai timbre de ténor wagnérien ainsi que son intelligence du texte ? Johanna Meier trouve le ton impérieux du premier acte ainsi que la radiance du duo du deuxième. Seul un Liebestod trop décousu déçoit. Matti Salminen est un Roi Marke inégalé.


Il faut mentionner un petit bémol. La réalisation faite par Jean-Pierre Ponnelle lui-même n’est pas à la hauteur de sa mise en scène. Les mouvements de caméra sont un peu gauches et n’accompagnent pas très bien les chanteurs. Filmer est un métier et ce que fait Ponnelle manque de sophistication. Mais seul Beckmesser se plaindrait de qui est sans aucun doute possible un DVD d’exception à mettre de toute urgence dans toute bibliothèque de mélomane.


Antoine Leboyer

 

 

 

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